LES BOURBONS
LOUIS XV, LE PEUPLE
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L'ECHEC DU MEILLEUR LOUVETIER DU ROYAUME Nul ne semble capable d'abattre la mystérieuse "bête" qui terrorise le Gévaudan. A Versailles, le roi Louis XV s'émeut. En mars 1765, c'est avec son aval que Martin Donneval, gentilhomme normand réputé pour être le meilleur louvetier du royaume, va tenter de mettre un terme aux exactions du monstre, toujours en vain. Depuis juin 1764, une mystérieuse"bête" féroce
terrorise les habitants du Gévaudan, égorgeant femmes et enfants. Toutes les
chasses et battues sont demeurées vaines. Le vent de panique est tel qu'il souffle
jusqu'à la Cour, et au-delà de la Manche. Le ministre Choiseul écrit à son cousin
l'évêque de Mende, Monseigneur Gabriel Florent de Choiseul Beaupré, que les
gazettes anglaises raillent le roi de France, affirmant qu'il a envoyé, pour
abattre la fameuse bête, vingt mille soldats qui ont pris leurs jambes à leur cou
en l'apercevant! Mais la "malebête" poursuit sa cavale meurtrière.
Dans la seule journée du 31 janvier 1765, elle tue une jeune fille à Lorcières,
blesse mortellement une adolescente de quatorze ans à Charmensac, paroisse de
Saint Just, et dévore une fille du Villaret, dans les bois de Saint Chély d'Aubrac.
Pas un jour sans qu'elle n'apparaisse, tuant, mutilant, rôdant jusque dans les
villages avec une audace incroyable et s'en allant tranquillement lorsque la
résistance est trop forte. Extrêmemnt mobile et agile, elle parcourt de grandes
distances, déjouant toujours la vigilance des chasseurs. A Servillanges, dans la paroisse de Venteuges, la bête égorge et dévore à moitié une femme qui gardait son bétail dans les bois. Le même jour, elle tue un garçon de douze ans à Pépinet. Quelques heures plus tard, une femme est attaquée à Sauzet. Ailleurs, des enfants sont victimes du monstre, qui semble avoir le don d'ubiquité... Les chasses épuisantes, les faux espoirs, les hécatombes et les morceaux de bravoure se succèdent, tandis que la bête déjoue toutes les manoeuvres avec une habileté déconcertante. Beaucoup sont persuadés qu'il s'agit du diable en personne, voire d'un fléau envoyé par Dieu pour les punir de leurs péchés, comme l'a affirmé Monseigneur de Choiseul Beaupré dans un sermon. Un an après le début des méfaits de la bête, on comptabilise cent vingt deux attaques, soixante dix morts et quarante blessés. Le 30 mai, Louis XV réunit ses ministres, les autorités locales et le marquis François Antoine de Beauterne, porte-arquebuse et lieutenant des Chasses Royales. Cette fois, c'est ce dernier, ami fidèle en qui il a toute confiance, qu'il va envoyer dans le Gévaudan. Dès le 8 juin, le marquis se met en route avec son fils cadet, huit capitaines de la Garde royale, six gardes-chasses mis à sa disposition par le prince de Condé, les ducs d'Orléans et de Penthièvre, un domestique et deux valets de limiers accompagnant quatre chiens de la louveterie royale. Page MAJ ou créée le 2002 |