LA FIN DU CAUCHEMAR (19 juin 1767)
En juin 1765, le marquis François
Antoine de Beauterne, porte-arquebuse et lieutenant des Chasses Royales, est
envoyé dans le Gévaudan par Louis XV. Il va abattre un énorme loup, qu'on prendra
un temps pour la "bête". Mais les massacres continueront, et ce n'est
que deux ans plus tard, le 19 juin 1767, que le chasseur Jean Chastel tuera
enfin le monstre, qui ne sera jamais formellement identifié...
Depuis juin 1764, ni les chasseurs, ni le dragons du roi,
ni même le meilleur louvetier du royaume n'ont ou venir à bout de la "bête"
mystérieuse et sanguinaire qui sème la terreur dans le Gévaudan. L'affaire suscite
une intense émotion et, jusqu'à l'étranger, soulève de vives critiques à l'égard
du pouvoir, dont on raille l'impuissance face à ce que beaucoup considèrent
comme un simple loup. Après avoir délibéré avec ses ministres et les autorités
locales, Louis XV décide d'envoyer sur place le marquis François Antoine de
Beauterne, porte-arquebuse et lieutenant des Chasses Royales. Le 25 juin 1765,
le marquis s'installe à Sauzet, près de Ventreuges, là où la bête a dernièrement
sévi.
La soixante passée, calme, courtois et méthodique, Beauterne
jouit d'un grand prestige et gagne la confiance des paysans, las des fanfaronnades
et de l'arrogance méprisante de ceux qui l'ont précédé. Il fait creuser des
affûts dans les bois, organise des battues piste la bête sans relâche. "Je
n'ai jamais vu de pays pareil à celui-ci et aussi difficile", écrit-il,
fin juillet, au Gouvernement en demandant des moyens supplémentaires. A la
Cour, on est persuadé que la bête du Gévaudan n'est qu'un loup de taille exceptionnelle,
comme le marquis, qui ne l'a pas vue, a semblé l'indiquer. Presque chaque jour,
l'animal fait de nouvelles victimes. Le 9 août, il tue une petite fille à deux
pas du château de Besset. C'est justement là qu'est alors installé Beauterne,
qui, face à ce qui ressemble curieusement à un défi, ne sait plus que penser.
Le dimanche 16 août est marqué par un autre incident : sur de fausses indications
données par un chasseur de la région, Jean Chastel, et ses fils, Pierre et Antoine,
des gardes du marquis frôlent la mort en manquant de s'enliser dans une fondrière.
Les Chastel, qui ont été les témoins volontairements passifs de la scène, sont
jetés en prison à Saugues. A Versailles, le roi s'ompatiente, offensé d'être
la risée de la presse anglaise, allemande, espagnole. Beauterne, lui, est découragé.
"Il n'y a plus rien à espérer", confie-t-il
à son épouse. Le 21 septembre, cependant, il annonce avoir tué la bête, qui
se révèle être un énorme loup, aux Chazes, dans le Velay, bien loin des lieux
où le monstre a exercé ses méfaits. La population doute. Pour Louis XV, qui
accorde à son porte-arquebuse les plus hautes distinctions, l'affaire est close.
Pour les paysans du Gévaudan, le cauchemar continue :
après un mois de répit, les massacres reprennent et se multiplient durant l'interminable
hiver 1765-1766. Quelque jours avant Noël, une petite fille, Agnès Mourgue,
est égorgée à Marcillac. Le curé de la paroisse, l'abbé Ollier, écrit à un notable
de la région : "l'animal féroce n'est pas mort; ce
n'est pas un loup"! Mais les autorités ne veulent plus rien savoir.
Et les affreuses et incessantes tueries continuent, jusqu'au printemps 1767. Pendant
ce temps, les Chastel ont été libérés. Bien que taciturne, le père a pris en
affection une fillette de la Besseyre Sainte Mary, Marie Denty. Le 15 mai 1767,
celle-ci est dévorée par la bête, et c'est bouleversé que Jean Chastel assiste
aux obsèques. Début juin, des pélerinages rassemblent des foules immenses. Lors
d'une de ces cérémonies, à Notre Dame de Beaulieu, Chastel fait bénir trois
balles, qu'il a fait fondre dans une médaille de la Vierge. Le jeudi 18 juin,
la bête tue un enfant à Servilanges. Ce sera sa dernière victime... Jean
Chastel convainc le marquis d'Apcher, impliqué depuis le début dans la lutte
contre la bête, d'organiser une nouvelle chasse. Le 19 juin, à l'aube, il se
met en route avec le marquis et son équipage pour l'ultime traque. Il est embusqué
dans les fourrés, lorsqu'il aperçoit l'animal, rabattu vers lui par les chasseurs
: il tire et fait mouche. Vingt cinq survivants au moins certifient reconnaître
la bête devant maître Marin, le notaire de Langeac. Chastel est chargé d'escorter
à Versailles la dépouille du monstre, dont le bilan s'élève à deux
cent cinquante attaques,
plus de cent trente morts, et soixante dix blessés. Mais elle arrivera dans un tel état de putréfaction,
qu'elle sera enfouie avant d'être examinée par les zoologistes de la Cour.
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