LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER ET LES PERSONNALITES
Godefroy de Bouillon

 

AVOUE DU SAINT SEPULCRE

En juillet 1099, le dimanche suivant la prise de la Ville Sainte, les croisés s'apprêtent à désigner celui d'entre les preux qui sera leur chef. Elu par ses pairs, Godefroy de Bouillon va refuser le titre de "roi" de Jérusalem, préférant celui, plus humble et plus conforme à sa grande piété, "d'avoué" du Saint Sépulcre.

Godefroy de Bouillon élu avoué des Lieux Saints. Peinture de Frédérico de Madrazo Y Kuntz, commandée par Louis Philippe pour le musée de Versailles en 1837Le 15 juillet 1099, "Jérusalem était conquise, la grande tour livrée. Ah Dieu! Quelle allégresse en ce jour", relatent Richard le Pélerin et Graindor de Douai dans la chanson de geste La Conquête de Jérusalem.
 En Occident, l'événement a un retentissement considérable. La première croisade, prêchée par le pape Urbain II au printemps 1095, a atteint son objectif. Maintenant, il s'agit de garder et d'organiser la conquête. Désormais dans le giron de la Chrétienté occidentale, la Ville Sainte et le tombeau du Christ doivent être protégés. Mais, le sort et l'avenir de Jérusalem divisent les Francs. Pour les pauvres, il est impossible que la cité où le Seigneur a été crucifié soit gouvernée par un prince terrestre. Pour les ecclésiastiques, le royaume de Terre Sainte, forcément chrétien, doit avoir le statut d'Etat ponifical. Le pape ne pouvant y exercer personnellement le pouvoir, celui-ci ne peut échoir qu'à son légat, l'évêque Daimbert de Pise. Mais les grands seigneurs, eux, n'entendent ni voir le gouvernement de la Palestine leur échapper, ni renoncer aux terres et aux richesses pour lesquelles ils se sont battus.

Le dimanche suivant la prise de Jérusalem, les barons et les chevaliers francs se réunissent pour se choisir un chef. Raymond de Saint Gilles, le riche et respecté comte de Toulouse, est le premier sollicité. Craint-il de se heurter à une trop forte opposition? Est-il impatient de regagner le Languedoc? Toujours est-il qu'il refuse la proposition. Le plus ambitieux de tous, Bohémond de Tarente ne se soucie guère de Jérusalem et brûle de rejoindre la principauté d'Antioche, qu'il a fondée. Robert le Frison, comte de Flandre, a promis à son épouse qu'il prendrait "la route du retour sans délai, aussitôt après s'être rendu au temple de Salomon, avoir embrassé le Sépulcre et fait oraison". Robert Courteheuse, le duc de Normandie, qui a "déjà un très grand fief", le comte Hugues du Maine et plusieurs autres candidats possibles sont partis pour la croisade depuis près de quatre ans et n'aspirent plus qu'à rentrer en Occident. Barons et chevaliers se tournent donc vers un seigneur moins influent, et peut-être aussi dont la personnalité ne pourra leur faire ombrage... C'est Godefroy de Bouillon, le duc de Lorraine, connu de tous pour sa vaillance, son grand courage et sa foi inébranlable. Mais, spontanément, il se juge indigne d'être "roi" de Jérusalem et de Terre Sainte, qu'il considère comme propriétés du Christ, et donc du Saint Siège.

Le destin en a décidé autrement, et Godefroy de Bouillon est finalement élu. "Comprenez-le bien seigneurs; je n'aurai jamais de couronne d'or sur la tête, car celle de Jésus, lorsqu'il souffrit sa Passion, était d'épines. Jamais donc la mienne ne sera d'or, ni d'argent, ni même de laiton", répond-il noblement. S'il accepte le choix de ses pairs, il refuse fermement le titre de roi et prend simplement celui "d'avoué" (protecteur) du Saint Sépulcre. Dans l'Empire germanique, dont dépendent ses domaines lorrains, les seigneurs chargés de "l'avouerie" doivent, sous l'autorité ecclésiastique, assurer la garde et la protection des Eglises. C'est ainsi, humblement et non en souverain tout puissant, que Godefroy de Bouillon a l'intention de servir Rome et la Chrétienté. Pour faire bonne mesure, et pour ne pas provoquer l'hostilité des clercs et de la papauté, l'évêque Daimbert est élu patriarche de Jérusalem.
A trente huit ans, Godefroy de Bouillon se sent prêt à assumer la lourde charge qui lui a été confiée. Il a la responsabilité de veiller à ce que les Francs gardent leurs conquêtes. Il doit protéger Jérusalem et le tombeau du Christ. Mais il est aussi de son ressort de distribuer des terres aux chevaliers, de lancer des troupes à l'assaut des villes alentour, d'entreprendre la pacification et de soumettre les Infidèles musulmans. Enfin, il lui incombe de s'assurer que la justice est rendue en toute équité et de favoriser le développement de l'économie...

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