LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER ET LES PERSONNALITES
PIERRE L'ERMITE ET LA CROISADE POPULAIRE
Parcourant la France, le moine Pierre l'Ermite, grâce à son éloquence, entraîne des milliers d'hommes et de femmes issus du peuple dans une entreprise folle et suicidaire : libérer les Lieux Saints. Aventure effroyable qui se solde par la mort de la plupart d'entre eux avant même d'arriver à Jérusalem.
Jusqu'au XIème siècle, en payant une
simple taxe, les chrétiens peuvent, en toute sécurité, se rendre à Jérusalem pour s'y
recueillir dans lesLieux Saints. Les Arabes se montrent plutôt tolérants à l'égard
des pèlerins. En 1078, les Turcs s'emparent de la ville. Animés de fanatisme religieux,
ils commencent de nombreuses exactions sur les chrétiens : vols, assassinats, sacrilèges
deviennent monnaie courante. En 1095, le pape Urbain II lance un appel pour que les rois
chrétiens lèvent une armée afin de délivrer les Lieux Saints du joug des Turcs
musulmans.
La légende rapporte que Pierre l'Ermite, né vers 1050 à Amiens, ancien soldat devenu
moine, se serait rendu à Jérusalem et que le Christ lui serait apparu dans l'église du
Saint Sépulcre pour lui dicter sa mission : aller voir le pape et le convaincre de
prêcher la croisade. Plus vraisemblablement , Urbain II a décidé seul de lancer une
croisade et c'est de sa propre initiative que Pierre l'Ermite décide de lever une armée
populaire afin qu'elle se joigne à celles des souverains. Quoi qu'il en soit, pendant que
les chevaliers se préparent, Pierre l'Ermite voyage sur les routes de France. Du Berry il
se rend dans l'Orléanais, en Champagne puis en Lorraine et de là, en Rhénanie. Partout
où il passe, il prêche et narre les horreurs commises par les Infidèles. Son talent
d'orateur galvanise les villageois. Chacun voit briller devant ses yeux Jérusalem, la
Ville Sainte baignée de l'aura de Dieu mais souillée par les Turcs. Pierre l'Ermite
arrive à Cologne le 12 avril 1096 suivi des milliers d'hommes et de femmes qui ont tout
vendu pour le suivre. Il y a aussi beaucoup d'enfants, de vieillards et d'impotents. Le
pape et les seigneurs qui n'ont pas encouragé cette armée de gueux devinent l'effroyable
hécatombe que risque de devenir la croisade mais, dépassés par cette armée populaire,
ils se résignent. A Cologne, alors qu'il serait plus prudent d'attendre l'arrivée des
chevaliers, le peuple s'impatiente et poursuit sa route malgré les conseils de Pierre
l'Ermite lui-même. Pendant la traversée de l'Allemagne et de la Hongrie, les "croisés" de Pierre l'Ermite, auxquels se sont joints un grand nombre de brigands et
de voleurs sans fois ni loi, pillent, tuent, occasionnant la mort de milliers d'hommes.
Les survivants se hâtent alors d'entrer en territoire byzantin, mais leur réputation est
si inquiétante que l'empereur de Constantinople, Alexis Commène, donne des ordres pour
les écarter. Ils arrivent néanmoins dans les environs de Constantinople en août 1096.
Bien que gêné, Alexis Commène les accueille mais hors des murs. Les exactions ne
cessant pas, l'empereur les force à s'installer en Nicomédie, dernier territoire
byzantin en Asie Mineure afin qu'ils y attendent l'arrivée des croisés et du
ravitaillement. Mais la proximité des Infidèles excite leur haine : ils s'emparent par
surprise du fort de Xérigordon avant de se diriger vers Nicée où les Turcs les
attendent et les massacrent comme du bétail. A peine 3 000 survivants parviennent à se
réfugier dans Civitot. L'arrivée de la flotte byzantine les sauve et ils décident enfin
d'attendre l'arrivée des barons.
Finalement réunies, les armées chrétiennes battent une armée du sultan Kilidj et prennent la forteresse de Nicée en 1097 avant d'atteindre Antioche au bout de trois mois de marche sous une chaleur accablante et le harcèlement des Turcs. Malgré la fatigue, ils procèdent immédiatement au siège de la ville dont ils s'emparent en juin 1098. Trois jours plus tard, d'importantes troupes turques arrivent sur place et assiègent à leur tour les croisés. C'est alors que se produit ce que tous appellent un miracle : le prêtre Barthélemy trouve la lance qui a percé le Christ au côté, ce qui bien sûr décuple le courage des croisés. Ils attaquent, avec toute la hargne qui leur reste, les Turcs, surpris de ce regain de vitalité. Un an plus tard, ils parviennent aux portes de Jérusalem, épuisés, découragés par la mort d'un grand nombre de leurs compagnons et découvrent une ville extrêmement bien fortifiée. L'arrivée d'une flotte génoise avec vivres et matériels leur donne le courage d'attaquer. Après un premier assaut manqué en juillet, ils réussissent à pénétrer dans la ville. Jérusalem est libérée au terme d'un affreux massacre où se mêle le sang des soldats turcs, des femmes et des enfants. Considérant sa mission menée à bien, Pierre l'Ermite quitte Jérusalem et rejoint la Belgique où il fonde le monastère de Neufmoustier. Il y meurt en 1115.
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