LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER ET LES PERSONNALITES
Godefroy
de Bouillon
SON COURT REGNE
Premier roi de Jérusalem, sans en avoir jamais porté le titre, Godefroy de Bouillon va présider aux destinées des nouveaux Etats latins pendant seulement une année. Il s'éteindra le 18 juillet 1100, à l'âge de quarante ans.
En juillet 1099, après que les croisés se
sont emparés de la Ville Sainte, Godefroy de Bouillon a été élu avoué du Saint
Sépulcre. Profondément pieux, il a préféré ce titre à celui de "roi de
Jérusalem", jugeant indigne de porter la couronne d'or là où le Christ
a porté la couronne d'épines. Désormais, il a pour lourde tâche de veiller à
ce que les Francs gardent leurs conquêtes, de protéger leurs établissements
en Terre Sainte, d'organiser et d'assurer le développement économique des nouveaux
Etats latins.
Godefroy de Bouillon, duc de Basse Lorraine et de Lothier,
fils du comte Eustache II de Boulogne et de l'héritière des ducs de Brabant
a été l'un des premiers à répondre à l'appel à la croisade du pape Urbain II
en 1095. Pour trouver l'argent nécessaire à l'expédition, il a vendu ou engagé
une grande partie de ses domaines et de ses biens personnels. Parti pour la
Palestine à la mi-août 1095 avec ses frères, Eustache et Baudoin, et une dizaine
de milliers de croisés des régions du Rhin et de la Meuse, son ascendant moral
s'est affirmé au cours du long voyage vers l'Orient, et il est devenu l'un des
principaux chefs de la croisade.
L'avoué du Saint Sépulcre présente "une
belle figure", des traits fins, a "la barbe et les cheveux légèrement
roux". Grand, élancé, "la poitrine
large et forte (...), il excellait parmi les hommes de son temps dans le maniement
des armes et dans tous les exercices de chevalerie",
relate Guillaume de Tyr. Aux dires de ses contemporains, Godefroy de Bouillon
est doué d'une force herculéenne. En Cilicie, il se serait battu au corps à
corps avec un ours, qu'il aurait étouffé de ses bras. En Syrie, il aurait relevé
le défi lancé par des cheiks arabes et décapité un chameau d'un seul coup d'épée.
Lors du siège d'Antioche, il aurait pourfendu en deux un guerrier ennemi...
S'il est moins bon stratège que son frère Baudoin, il est reconnu pour sa loyauté
proverbiale, sa patience et son humilité. Son tempérament conciliant et sa sagesse
lui valent d'être désigné maintes fois comme arbitre des conflits qui opposent
barons et chevaliers.
Sitôt élu avoué du Saint Sépulcre, Godefroy de Bouillon
se montre aussi désireux de protéger les intérêts de l'Eglise que ceux des barons
francs. La plupart des participants à la première croisade sont rentrés en Occident
peu après la prise de Jérusalem. Ne pouvant plus compter que sur quelques 120
000 chevaliers et hommes d'armes, il a prié le duc de Normandie Robert Courteheuse
et le comte de Flandre Robert le Frison de ne pas l'oublier en rentrant et de
lui faire envoyer rapidement les renforts nécessaires. En attendant, il jette
les bases administratives du nouveau royaume, s'active à organiser les Etats
latins et à développer leur économie, instaure le régime féodal en distribuant
des terres en fief aux fidèles vassaux de son expédition.
Mais Godefroy de Bouillon doit compter avec
l'ambition de Daimbert, l'énergique archevêque de Pise. Celui-ci, à peine nommé
patriarche de Jérusalem, l'invite à lui abandonner la Ville Sainte et à s'installer
dans une autre cité de son choix, à conquérir sur les Musulmans. La piété est-elle
plus forte que l'indignation? Godefroy de Bouillon finit-il par céder? Epuisé
par les difficultés et les querelles incessantes, il va mourir sans avoir le
temps de s'exécuter.
"Pendant qu'il
assiégeait la ville d'Acre, Godefroy, maître de Jérusalem, fut atteint d'une
flèche qui le tua", rapporte le chroniqueur arabe
Ibn al-Qualanissi. Ce récit a la faveur des musulmans, à qui le succès des défenseurs
d'Acre, un an après la prise de la Ville Sainte, redonne espoir. Selon certains,
Godefroy de Bouillon aurait été empoisonné par des fruits offerts par l'émir
de Césarée. D'autres affirment qu'il aurait été emporté par la peste. Sans doute,
a-t-il plus vraisemblablement succombé à la typhoïde. Au mois de juillet 1100,
il "fut pris d'une grave maladie,
incurable, qui l'amena jusqu'à la mort : son mal empira et les remèdes furent
inutiles, il reçut le viatique du salut, et, dévot pénitent (...), il entra
dans la voie de toute chair pour aller recevoir une rétribution centuple, et
jouir de la vie éternelle au milieu des esprits bienheureux",
raconte Guillaume de Tyr.
Sur le point de mourir, à quarante ans, Godefroy de Bouillon
propose que son frère Baudoin lui succède à la tête du royaume de Jérusalem.
Puis, "il fut enseveli dans l'église
du Sépulcre du Seigneur, au-dessous du calvaire où le Seigneur a souffert la
passion".
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