LES CAPETIENS
LOUIS IX ET LE PEUPLE

 

LOUIS IX NOURRIT LUI-MEME LES PAUVRES

Tout au long de son règne, le roi Louis IX surprend ses contemporains par son immense dévotion à la souffrance qui atteint les plus pauvres, les malades, les lépreux.

Saint Louis nourrissant les pauvresAujourd'hui, Louis IX a décidé de se rendre à l'abbaye de Royaumont (abbaye qu'il a fondé dans le Val d'Oise en 1228) pour rendre visite à ses "frères" souffrants et pauvres, particulièrement à l'un d'entre eux, le moine Léger atteint par la lèpre et vivant dans une maison à l'écart des autres. Aucun des chevaliers qui l'accompagnent habituellement ne désire le suivre. Il faut dire que le moine est des plus rebutants : "il était si misérable et si abominable. ses yeux étaient si gâtés qu'il ne voyait rien, avait perdu le nez, ses lèvres étaient fendues et enflées".
Le grand roi ne ressent aucune gêne et n'hésite pas à s'agenouiller devant lui, à le faire manger sa viande en lui mettant les morceaux dans la bouche.
Ses gestes si souvent répétés par le saint roi ont profondément marqué ses contemporains. Le pape Boniface VIII dans la bulle de canonisation du roi, en 1297, s'en est fait l'écho et fait référence aux lépreux que le roi allait si souvent voir : "Le roi pieux médecin le visita souvent et le servit humblement, en essuyant soigneusement le pus de ses ulcères et en lui procurant de ses propres mains le manger et le boire".

L'image d'un roi de France accueillant à sa propre table des pauvres et leur servant lui-même à manger peut étonner. Elle a d'ailleurs surpris un bon nombre de contemporains de l'épisode. Ils jugeaient cela peu en rapport avec le prestige du roi de la principale puissance européenne. Cela s'explique pourtant, à la fois par la place des pauvres dans la société médiévale et par le caractère personnel du roi Saint Louis.
Le milieu du XIIIème siècle est une période de prospérité économique. Les famines reculent et la pauvreté diminue dans les campagnes tandis que les villes s'enrichissent et se développent. Il reste malgré tout de nombreux pauvres. En ville, on les voit partout, dans les ruelles étroites ou regroupés au sortir des églises. Leur présence inquiète parfois, quand ils forment des bandes, comme dans les fameuses cours des miracles (ainsi appelées car la nuit, les aveugles se remettaient à voir, les paralytiques à marcher; des ruses visant à à apitoyer les passants).

Nombreux sont pourtant ceux qui s'intéressent à eux et essaient de soulager, au moins temporairement, leur sort. Il y a certes là le désir de maintenir l'ordre social. Mais cela s'explique surtout par le poids du christianisme dans la société médiévale. Les pauvres ne sont pas méprisés. Ils sont considérés comme l'image du Christ. La ferveur populaire pense même que le Christ peut se cacher dans les hardes d'un pauvre, d'où la considération qui les entoure. Les riches doivent donc les protéger et les assister. Par des aumônes en argent ou des distributions de vivres, ils espèrent ainsi s'assurer leur salut et l'accès au Paradis.
Mais plus qu'un autre, Saint Louis est un roi particulièrement pieux. Il fait construire la Sainte Chapelle et des hospices; il s'entoure de religieux pour le conseiller. Surtout il s'engage dans la croisade et reste six ans éloigné de son royaume, en Terre Sainte. Il en revient transformé et encore plus soucieux du sort des pauvres de son royaume. Il veut les protéger à l'image du Christ dont il est allé tenter de reconquérir le tombeau en Terre Sainte. Mort au cours d'une seconde expédition en croisade, Louis IX est très vite considéré comme un saint homme et canonisé en 1297. Plus que jamais, Saint Louis mérite bien le qualificatif de roi Christ.

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