LES CAPETIENS
LOUIS IX ET LE PEUPLE

 

LE COLLEGE DE LA SORBONNE ACCUEILLE LES ETUDIANTS PAUVRES

Le XIIIème siècle voit naître les premières universités, véritable révolution dans le domaine de la culture et de l'instruction en France et, plus généralement en Occident. Dès sa fondation, au début du siècle, celle de Paris connaît un vif succès. Elle attire des étudiants de plus en plus nombreux, venant de tout le royaume et même de l'étranger, dont la plupart vivent dans une grande pauvreté. C'est pour venir en aide aux plus nécessiteux que sont créés les collèges. En 1257, la Sorbonne, le plus célèbre dentre eux, ouvre officiellement ses portes.

Chanoine de la bonne ville de Cambrai, Robert de Sorbon s'est fait remarquer pour son intelligence et la rigueur de son esprit. La renommée du théologien est parvenue jusqu'à la Cour, où Louis IX l'a fait mander et en a fait son chapelain, puis son confesseur. Robert de Sorbon se préoccupe fort de l'éducation des jeunes gens de condition modeste. Pour leur permettre de suivre des études, il a l'idée de créer le Collegium Pauperum Magistrorum. Ce collège, qui prendra plus tard le nom de son fondateur et deviendra la Sorbonne, a pour vocation d'offrir une bourse, le vivre et le couvert aux étudiants les plus pauvres fréquentant l'université naissante de Paris. En 1257, quatre ans après sa fondation, le collège de la Sorbonne ouvre officiellement ses portes et accueille les premiers jeunes gens désireux de devenir clercs.

Louis IX tient son chanoine en grande estime et amitié. Dès l'origine du projet de fondation de la Sorbonne, il lui apporte son soutien moral et matériel. Il accorde une aide financière importante, fait don de terrains et de plusieurs bâtiments destinés à accueillir le collège, situé près d'une ruelle dont le nom de Coupe-Gueule (de nombreux meurtres y sont perpétrés) est vite remplacé  par celui de la rue des Deux Portes, l'actuelle rue de la Sorbonne. Grâce au roi, son premier et princippal bienfaiteur, l'établissement reçoit de nombreuses donations, qui lui permettent de s'agrandir rapidement.
A l'origine, le collège accueille seize étudiants. Tous sont bacheliers, fréquentent l'université de théologie et aspirent au doctorat. S'ils doivent respecter une discipline parfois sévère, ils bénéficient cependant de conditions d'études et de travail privilégiées. Levés dès la pique du jour, ils commencent par assister à la messe, célébrée dans la chapelle. Puis ils passent la matinée à étudier soit à l'université de théologie dont ils suivent des cours, soit à la bibliothèque du collège. La salle de lecture, dans laquelle ils ne peuvent pénétrer que vêtus d'une robe et coiffés d'un bonnet, est fort bien pourvue. Un système de prêt permet de disposer à loisir des nombreux ouvrages touchant à toutes les matières étudiées. Certains livres, les plus rares, doivent cependant être consultés sur place et, pour éviter les vols, sont enchaînés ax pupitres.

Le déjeuner, servi à midi, est suivi d'une seconde séance d'étude, qui se prolonge jusqu'au dîner précédant la longue prière commune du soir. Ces journées rigoureusement organisées sont orchestrées par un règlement très strict. Dans les statuts du collège, qu'il rédigera après en avoir assuré la direction pendant dix huit ans, Robert de Sorbon se montrera très clair : "Personne ne mangera dans sa chambre sans raison valable (...). Aucun boursier ne dormira en ville en dehors du collège et, s'il le fait sans raison valable, il devra s'excuser auprès du gouverneur". Cette discipline sévère n'a rien d'extraordinaire au Moyen Age et, en dehors des repas et des exercices intellectuels et spirituels, les étudiants sont libres de leur temps et de leurs activités. Ce qui leur vaut, si l'on en croie le Livre des prieurs de Sorbonne, qui rapporte les débats de l'assemblée du collège, de commettre bien des excès. Il est ainsi fréquent que les protégés de "maître Sorbon" se répandent en propos injurieux, s'énivrent, se bagarrent ou commettent des larcins. Ils sont alors sévèrement punis par l'assemblée des pensionnaires, responsable de la discipline. Ou sont sommés, pour se faire pardonner leurs écarts, d'offrir à boire à toute l'aimable compagnie. Au fil des ans, la Sorbonne connaît un succès grandissant, acquiert une réputation d'excellence dans le monde chrétien et, en 1268, reçoit l'approbation du pape Clément IV. Bientôt, le rôle du collège ne se limite plus au seul hébergement des étudiants. On y dispense des cours publics et un enseignement de théologie très réputé. La "communauté des pauvres maîtres" devient dès lors un haut lieu de la pensée, de la morale et de la connaissance, dont le prestige se confond avec celui de l'Université de Paris.

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