LES CAPETIENS
LOUIS IX,
LES ARTS ET LES SCIENCES
LE TRESOR DE L'ABBAYE DE SAINT DENIS
Le geste de Louis VI, qui en 1120 a fait de Saint Denis la gardienne des objets du sacre, prend toute sa valeur en 1261, lorsque Louis IX dépose dans le trésor de l'abbaye deux couronnes, celles du roi et de la reine, datant du règne de son grand-père, Philippe Auguste, ainsi que la couronne de son propre sacre. C'est désormais chose acquise : alors que sa rivale de Reims garde le rôle jalousé de lieu du sacre, l'abbaye de Saint Denis a la haute main sur les regalia, qui vont en grand nombre venir enrichir sn trésor.
Les successeurs de l'abbé Suger, mort en janvier 1151, ont continué à se consacrer à la gloire de l'abbaye de Saint Denis et à y amasser quantité d'objets précieux. C'est au XIIIème et au XIVème siècles que le trésor de l'abbaye connaît son apogée, en particulier grâce au culte des reliques de Saint Louis, dès avant la canonisation du pieux roi en 1297. L'afflux de pélerins suscité par les nombreux miracles qui ont lieu sur le tombeau du souverain a pour corrolaire l'augmentation des dons et un nouvel apport de richesses.
Parmi les pièces consacrées au culte de
Saint Louis figure un magnifique fermail losangé en argent doré
(conservé aujourd'hui au musée du Louvre) recouvert d'émail
fleurdelisé, semé de pierres précieuses et serti de cabochons,
qui aurait orné le vêtement du sacre du souverain. Ce bijou, qui,
vers 1365-1367, fut confié pour restauration à l'orfèvre
Jehan de Picquigny, ne peut cependant être attribué en toute certitude
à Louis IX : ce type d'ornement, très à la mode au XIIIème
et XIVème siècles, était indifféremment porté
par les rois, les reines et les grands personnages de la Cour.
De la même
période date une oeuvre parmi les plus belles et les plus remarquables
du trésor : la Vierge à l'Enfant offerte en 1339 par la
reine Jeanne d'Evreux, veuve de Charles IV le Bel et conservée aujourd'hui
au musée du Louvre. La donation de cette statuette a été
confirmée par un acte de 1343, par lequel la souveraine faisait également
don de sa couronne, d'une châsse contenant des reliques de la Sainte Chapelle
et d'une statuette reliquaire en or de Saint Jean l'Evangéliste. De toutes
ces merveilles, seule la Vierge à l'Enfant a été épargnée
par la tourmente révolutionnaire : en vermeil, elle se révèle
pleine de grâce et d'une exceptionnelle beauté, portant sur un
bras l'Enfant et tenant dans l'autre main un reliquaire en forme de fleurs de
lys renfermant des morceaux de vêtements et des cheveux de la Vierge Marie.
Son socle recouvert d'émaux translucides sur basse taille (plaque de
métal finement gravé) est la première manifestation connue
de cette technique tout à fait caractéristique du style des ateliers
d'orfèvres parisiens de cette période.
Dans la seconde moitié du XIVème siècle,
Charles V, collectionneur passionné d'oeuvres d'art, est l'un des grands
donateurs du trésor. Peu avant sa mort, en septembre 1380, il remet à
l'abbaye de nouveaux objets du sacre, préparés pour son successeur,
le futur Charles VI, parmi lesquels figure un sceptre d'or faisant référence
à Charlemagne et au prénom porté par le roi et son fils.
Toutefois, le trésor de Saint Denis ne renferme pas que des objets du
sacre, mais aussi maintes curiosités, tels une corne de licorne (en fait
une défense de Nerval), censée protéger du poison et conservée
au musée de Cluny, un ongle de griffon, une corne montée en vase
à boire ou une baignoire antique taillée dans un seul bloc de
porphyre, aujourd'hui au Louvre. D'autres oeuvres rappellent l'orgine grecque
du saint patron de l'abbaye. Ainsi d'une icône byzantine en argent doré
enchâssée d'or et sertie de pierres précieuses, et du manuscrit
à reliure d'ivoire et d'orfèvrerie des oeuvres de Denis l'Aréopagite,
évêque d'Athènes au 1er siècle de notre ère
et assimilé au martyr qui a donné son nom à l'abbaye. Le
trésor possède aussi des intailles et camées antiques,
pièces précieuses très prisées au Moyen Age.
Au
XVIème siècle, avec les guerres de Religion, les richesses cessent
de s'accumuler à Saint Denis. Seuls quelques regalia y sont encore
déposés, telle, en 1729, la couronne de Louis XV, qui est aujourd'hui
la dernière couronne subsistant d'un roi de l'Ancien Régime.
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