LES CAPETIENS
LOUIS IX, LES ARTS ET LES SCIENCES

 

LA LUMIERE ENTRE DANS NOTRE DAME DE PARIS

Dans le premier tiers du XIIIème siècle, alors que le chantier lancé par l'évêque de Paris, Maurice de Sully, n'est pas encore achevé, on assiste à une remise en cause fondamentale du projet initial. Depuis l'élaboration des premiers plans, en 1160, l'art architectural gothique a fait de tels progrès que la cathédrale Notre Dame de Paris est déjà jugée archaïque et dépassée! Si bien que, à partir de 1231, le monument va faire l'objet de multiples modifications et embellisements.

Dans tout le royaume, de nombreux chantiers ont permis aux architectes et aux sculpteurs d'affiner leur technique et de mettre au point un style gothique "rayonnant", rendu plus léger et plus lumineux grâce à l'utilisation d'arcs-boutants qui permettent de percer les murs pour y insérer des vitraux aux couleurs de plus en plus claires et transparentes. En 1231, le nouveau choeur de l'abbaye de Saint Denis,, admiré de tous pour sa luminosité exceptionnelle, est l'exemple même de cette évolution.

Jugé défectueux dès le début du projet, l'éclairage de la cathédrale Notre Dame de Paris est au coeur des débats qu'a suscité la reprise des travaux. Son amélioration demande de lourds moyens financiers. Mais aussi du temps, ce qui risque de mécontenter les Parisiens, lassés de ces chantiers qui n'en finissent pas. On décide néanmoins de revoir les plans de l'édifice, tout en tenant compte des réalisations déjà achevées.
Un architecte, resté inconnu, met aussitôt en oeuvre une rare ingéniosité pour faire entrer la lumière dans le bâtiment existant. Les fenêtres hautes sont agrandies par la suppression des roses situées au-dessous de ces ouvertures, ce qui oblige à modifier les arcs-boutants et à reprendre entièrement la toiture. Le remplacement des toits en pente d'origine par des terrasses pose l'épineux problème de l'évacuation des eaux de pluie. Un canal percé dans la partie centrale des dalles se révèlant insuffisant, l'architecte met au point une technique entièrement nouvelle, premier exemple d'évacuation parfaitement conçu et réalisé : recueillies sous la toiture, les eaux de pluie sont rejetées par des conduits en des endroits précis, avant de rejoindre de grands arcs, munis d'une rigole, lancés au-dessus des tribunes.
Cette campagne de travaux est à peine achevée et la façade n'est pas encore terminée que la décision est prise de renoncer aux flèches destinées à surmonter les tours et de réaménager le transept, qui sera rallongé de chaque côté et débordera de part et d'autre de la nef.

De leur côté, les chanoines et l'évêque, qui entrent dans la cathédrale par les côtés nord et sud, désirent disposer d'un accès plus grandiose. Les bras du transept sont donc pourvus de portails sculptés et d'une immense rose composée de vitraux. Ces modifications sont effectuées par l'architecte Jean de Chelles.
Quand celui-ci meurt, en 1258, son plus proche collaborateur, Pierre de Montreuil, à qui l'on attribue la construction de la Sainte Chapelle, reprend l'ouvrage et termine le bras sud du transept en y ouvrant également une immense rose, un peu plus dynamique et plus audacieuse dans son dessin. Ces roses de treize mètres de diamètre sont la marque de Notre Dame de Paris; elles ont contribué à faire la réputation de la cathédrale en dispensant dans le monument un éclairage qui faisait toujours défaut malgré l'agrandissement des fenêtres hautes. Leur conception, pour leur permettre de résister à d'énormes pressions, est le fruit de savants calculs.
Les deux portails du transept sont consacrés l'un à la glorification de la Vierge, l'autre au premier titulaiire de la cathédrale, le diacre Etienne. Simultanément, l'aménagement du choeur des chanoines et du sanctuaire est entièrement revu. On lui rajoute un jubé sculpté (sorte de tribune élevée entre le choeur et la nef) qui sera détruit au XVIIème siècle. La cathédrale est pratiquement terminée quand de nouveaux architectes, Pierre de Chelles et Jean Ravy, sont chargés d'édifier vingt neuf chapelles. Construites entre 1296 et 1320, celles-ci sont disposées autour de la nef et logées dans les contreforts, et exigent le remplacement des arcs-boutants par d'immenses volées enjambant les tribunes et le déambulatoire.

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