LES CAPETIENS
LOUIS IX,
LES ARTS ET LES SCIENCES
La Sainte Chapelle
UN EXTRAORDINAIRE VAISSEAU DE PIERRE
En 1243, Louis IX ordonne la construction de la Sainte Chapelle pour abriter les reliques chèrement acquises de la Passion du Christ. Ce joyau de l'architecture gothique du XIIIème siècle s'élève aujourd'hui encore, intact, au coeur de l'ancien Palais Royal de l'île de la Cité.
Tour à tour juste et équitable autant que zélé dans la persécution des ennemis de la foi, Saint Louis vouait aux reliques une sincère vénération. On se souvient de l'émoi qu'il ressentit en 1232 lorsque fut volé le Saint Clou conservé à Saint Denis. En 1237, le monarque reçoit la visite de l'empereur de Constantinople. L'Empire d'Orient est menacé par les Grecs et les Bulgares, et Baudouin II vient demander assistance au roi de France. Louis IX lui offre une solide aide financière en rachetant la Couronne d'épines du Christ que l'Empereur a gagée à Venise. Pourtant, cette relique n'est pas authentifiée, et le trésor de Saint Denis possède une couronne semblable. Mais pour Louis IX, le doute n'est pas permis. Après avoir transité par Troyes, la Couronne prend le chemin de la capitale. Escorté par sa suite, le roi se porte au-devant d'elle et en prend possession, à Villeneuve l'Archevêque, le 10 août 1239. Puis, le reliquaire est exposé à Paris, porte Saint Antoine, où le peuple vient l'admirer. Conduit par Louis IX, pieds nus et vêtu d'une simple chemise, un cortège mène la précieuse relique sous l'ombre protectrice des voûtes de Notre Dame.
Dans les années suivantes, Louis IX vient de nouveau en aide à
Baudoin II. Il acquiert un morceau de la Vraie Croix, puis, en 1242, le fer
de la lance qui perça le flanc du Christ et l'Eponge de la Crucifixion.
C'est pour protéger ces inestimables trésors que, en 1243, il
ordonne la construction de la Sainte Chapelle dans l'enceinte du palais de la
Cité.
Les travaux, qui ont coûté quarant mille livres
au Trésor, se dérulent avec une rapidité incroyable. L'architecte
Pierre de Montreuil réalise l'exploit de terminer la Sainte Chapelle
en cinq ans. Il en résulte une unité parfaite dans le style et
dans les techniques utilisées. Le 26 avril 1248, le sanctuaire est consacré
par le légat du pape Innocent IV. Extérieurement, l'édifice,
de conception très originale, ressemble à un gigantesque reliquaire.
Sa silhouette élancée, soutenue par des contreforts qui s'affinent
de la base vers le sommet, donne une impression de légèreté
soulignée encore par le finesse des sculptures. On croit voir, posée
sur une base massive qui corresponsd à la chapelle basse, une cage aux
barreaux de pierre éclairée par de formidables verrières.
Couronné par une flèche, le toit, dont la pente est très
inclinée, semble percer le ciel.
Intérieurement, l'édifice
se compose de deux chapelles superposées, suivant la tradition des chapelles
palatines. La chapelle basse, dédiée à la Vierge, est réservée
aux familiers du palais. On y accède par une porte s'ouvrant au niveau
du sol et précédée d'un porche. Eclairée par de
petites fenêtres, elle est relativement sombre. La hauteur de la salle
a été dictée par la volonté de mettre le sol de
la chapelle haute au niveau du premier étage des appartements royaux.
Le plafond est donc bas et supporté par des voûtes en croisée
d'ogives qui soutiennent en plus le plancher de la chapelle haute. Les contreforts
sont complétés par une rangée de colonnes basses qui soutiennent
les voûtes et divisent la nef en trois travées.
On accède à la chapelle haute par un porche qui la relie au premier étage du palais royal. Dédiée aux reliques de la Crucifixion, ele est réservée au roi et à sa famille. Le linteau de la porte est orné de sculptures. La voûte culmine à vingt et un mètres et couronne ce vaisseau de pierre de trente trois mètres de longueur et onze mètres de largeur. La légèreté de l'architecture et la lumière filtrant à travers les immenses vitraux contrastent avec la pénombre et l'impression d'écrasement qui dominent dans la chapelle basse. Les voûtes sont soutenues par les contreforts extérieurs, habillés par neuf petites colonnes qui ajoutent encore à la finesse de l'ensemble. Les façades latérales, ornées chacune de quatre grands vitraux de 15,30 mètres de hauteur et de 4,65 mètres de largeur, constituent d'immenses murs de verre multicolores simplement interrompus par les fins contreforts. L'abside abrite une estrade en pierre, entourée de sept vitraux et servant de base au maître-autel surmonté d'un édifice en bois qui abritait le reliquaire. Au fond, surplombant la porte, une grande rosace, qui dominait jadis le buffet d'orgues, inonde la chapelle de la lumière du soir. La Sainte Chapelle gardera jusqu'au XVIème siècle son statut de chapele palatine et royale. Elle le perdra quand les rois de France s'installeront au Louvre.
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