SUCCESSEURS DE CLOVIS : CLODOMIR
SIGISMOND, ROI DES BURGONDES, TENTE DE S'OPPOSER A L'HEGEMONIE FRANQUE
Malgré l'alliance conclue contre les Wisigoths ariens, l'opposition entre Francs et Burgondes reste vive. Clovis, mort en 511, Sigismond succède à son père Gondebaud en 516. Le jeune roi des Burgondes tente de rivaliser avec le royaume du nord. Afin de s'imposer aux peuples des Gaules, il s'applique à faire montre de plus de romanité et d'orthodoxie chrétienne que les héritiers du grand mérovingien.
Si Gondebaud a fait preuve de
génie, c'est en conservant une position neutre face à ceux qui se disputent
les restes de l'Empire romain d'Occident. Contre vents et marées, cette
politique du juste milieu lui a permis de maintenir son royaume en paix, bien
qu'il soit pris en tenaille entre celui des Francs, au nord, et celui des
Ostrogoths, au sud. Néanmoins, à l'occasion
de l'offensive menée par Clovis contre les Wisigoths ariens, en 507, Gondebaud
a dû s'engager au côté de son rival conformément aux accords de 502. Son
successeur, son fils aîné Sigismond, va-t-il reprendre et poursuivre cette
politique de conciliation ou tenter de s'émanciper de la tutelle franque ?
Clovis a précocement associé Thierry, son premier fils, aux affaires du royaume
franc. Gondebaud le Burgonde a fait de même avec son aîné, Sigismond.
Celui-ci, pour faire front au roi des Francs nouvellement converti et obtenir
l'aval du clergé
gallo-romain, a répudié l'arianisme, en 500, juste avant d'être associé au
trône.
Cependant, alors que Thierry et ses demi-frères, issus du lit de Clotilde, se
sont déchirés lors de la partition du royaume hérité de leur père,
Gondebaud a soigneusement préparé sa succession. C'est donc sans heurt que
Sigismond, en 516, accède au pouvoir, alors que son frère Godomar se voit
attribuer une part convenable du territoire burgonde.
Par ailleurs Sigismond a l'intelligence de solliciter auprès d'Anastase,
l'empereur romain d'Orient, le relèvement du titre de son père. Ayant obtenu
une réponse favorable à sa requête, le nouveau roi des Burgondes devient, en
tant que magister militum Galliae, le dernier représentant officiel de
la grande Rome. Ceci au grand dam de Théodoric, le roi des Ostrogoths, et des
fils de Clovis, Thierry, roi d'Austrasie, Clodomir, roi d'Orléans, Childebert,
roi de Paris, et Clotaire 1er, roi des Francs. Encouragé par cette première
manoeuvre réussie, Sigismond compte bien défier le royaume franc sur le
chapitre de la religion.
Converti à la foi romaine,
contrairement à son père qui n'a jamais su se résigner à abandonner
l'arianisme, il est désormais un fervent catholique.
Sigismond a habilement usé de sa nouvelle influence pour faire ériger à
Agaune une basilique dédiée à saint Maurice, légionnaire romain et chrétien
martyrisé vers 303 sous Dioclétien. Au passage, il instaure dans ce nouveau
monument la pratique de la laus perennis (la louange perpétuelle),
reprise aux moines acémètes de Constantinople, pour lesquels le monde ne peut
"subsister" sans leur prière continue. L'inauguration du sanctuaire
marque la deuxième étape de Sigismond sur le chemin de la réussite.
En 517, le roi des Burgondes, montrant ainsi sa grande révérence et sa
profonde déférence à l'égard de l'Église chrétienne, lance l'idée d'un
concile. Celui-ci, convoqué par Avit, évêque de Vienne et ancien conseiller
du roi Gondebaud, réunit à Yenne, en Savoie, 24 évêques. Les décisions
prises à Yenne sont autrement plus sévères à l'égard des
"hérétiques" ariens que celles du concile d'Orléans, convoqué en
511 par Clovis. Il est ici catégoriquement interdit de reconvertir les églises
ariennes au profit d'un usage catholique. Les mariages dits incestueux sont
proscrits à un haut degré. Ce dernier point témoigne de la réprobation des
moeurs germaniques traditionnelles qui incitent, pour des raisons successorales,
à des mariages entre proches parents. Finalement, par ces différentes
initiatives, Sigismond manifeste sa volonté de suivre l'exemple de Clovis en
matière de gouvernement. Car le roi burgonde a compris comment le pouvoir
politique du roi franc s'appuie sur un savant mélange entre orthodoxie
religieuse, romanité et tradition. Malheureusement, la mort d'Avit, en 525,
puis les conflits de succession qu'il ne va pas savoir éviter, vont ruiner tous
les espoirs investis par Sigismond dans cette stratégie.
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