LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VI LE FOL, CHEF DE GUERRE |
LA BATAILLE DE ROOSEBEKE Un petit jour brumeux se lève sur le plat pays, ce 27 novembre 1382, lorsque, soudain, les milices flamandes fondent sur l'armée de Charles VI. Le choc est terrible, la mêlée si acharnée qu'elle se mue bientôt en un véritable massacre. Mais, à la fin de la journée, Charles VI est content... La révolte de Flandre est écrasée et les "éperons d'or" des chevaliers tués quatre vingt ans plus tôt à la bataille de Courtrai sont récupérés. En 1382, le jeune Charles VI doit penser que les Flamands sont vraiment d'incorrigibles trublions, portés davantage au tumulte et à la révolte qu'à la docile soumission qu'il attend de fidèles sujets. Depuis 1379, sous l'impulsion de Philippe Van Artevelde, les artisans des villes de Gand d'Ypres et de Bruges ont pris le pouvoir et contraint le comte de Flandre, Louis de Male, à quitter précipitamment les lieux. L'affaire est d'autant plus grave qu'au même moment Rouen et Paris se sont mises à gronder contre le rétablissement des impôts et à regarder attentivement du côté de la Flandre. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, gendre et héritier du comte de Flandre, milite activement en faveur d'une intervention de l'armée royale. L'oncle de Charles VI craint que toutes les villes du royaume ne succombent à la contagion des émeutes antifiscales. Le 14 octobre 1382, après avoir appris qu'une ambassade flamande s'est rendue à Londres pour y solliciter l'aide anglaise, Charles VI décide qu'il est temps de châtier les rebelles. Les troupes royales s'ébranlent
dès le 12 novembre depuis Arras. Plus de 10 000 hommes, commandés par le roi
dont c'est la première campagne, se présentent, le 19 novembre, devant le pont
de Commines sur la Lys, seuil du pays flamand. Sous la grêle des boulets de
l'artillerie ennemie, l'avant-garde française force littéralement le passage,
obligeant les troupes de Van Artevelde à se replier vers Ypres. Les Français
s'élancent ensuite à marche forcée à travers le plat pays, dont les villes
se rendent les unes après les autres. Dunkerque, Gravelines, Ypres et Cassel
déposent les armes et payent de lourdes amendes, espérant ainsi éviter
d'être pillées. Au petit matin du 27, l'air est
glacé et la brume enveloppe les deux camps qui s'organisent pour l'assaut. Les
Flamands sont disposés en triangle, sur la petite colline du mont d'Or,
appuyés par des bombardes et des ribaudequins. Ils comptent fondre sur les
Français et mettre à profit l'effet de surprise. Les troupes de Charles VI
attendent en contrebas, organisées par le connétable de Clisson en cinq corps
: deux ailes de troupes légères, une avant-garde au centre, soutenue par la
"bataille" principale, et enfin une arrière-garde, où le jeune
souverain est entouré de huit chevaliers parmi les plus aguerris. Page MAJ ou créée le |