LES VALOIS DIRECTS
CHARLES VI LE FOL, CHEF
DE GUERRE
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LA FIN DE LA CHEVALERIE FEODALE A Azincourt, le 25 octobre 1415, l'armée de Charles VI essuie une cuisante défaite face aux troupes d'Henry V d'Angleterre. Bien que très supérieure en nombre, elle n'a pas su tirer parti des faiblesses et des défaillances de l'ennemi. Plusieurs fois, elle a failli riposter efficacement. En l'absence du roi et faute de commandement désigné, les Grands ont été incapables de contenir leur indiscipline et leur morgue. Plusieurs milliers d'entre eux sont morts par excès de confiance en eux-mêmes et en une chevalerie féodale désormais terriblement vulnérable. Au soir de la bataille d'Azincourt, le 25 octobre 1415, le bilan se révèle catastrophique pour l'armée de Charles VI. Après seulement trois heures de combat, quelque 6 000 chevaliers sont morts. Parmi les nombreux prisonniers, on recense les comtes de Vendôme et de Richemont, le maréchal Jean Boucicaut et le duc Charles d'Orléans, neveu du roi. Les Français n'ont su tirer parti ni de leur supériorité en nombre, ni de plusieurs occasions favorables qui leur auraient permis de reprendre le dessus : indisciplinés et sans commandement, ils ont été incapables de résister aux coups de butoir, pourtant parfois désespérés, des Anglais. La déroute d'Azincourt s'explique en premier lieu par
une défaillance manifeste du commandement. Pour éviter que le roi ne soit fait
prisonnier, comme Jean le Bon à Poitiers en septembre 1356, les conseillers
de Charles V l'ont dissuadé de prendre part au combat. Mais, en l'absence du
Valois ainsi que du dauphin Louis de Viennois (écarté pour les mêmes raisons
que son père), personne n'est clairement désigné pour assumer l'autorité suprême.
Qui doit imposer ses vues sur la conduite des opérations : le maréchal
Boucicaut, chef de guerre reconnu et compétent, ou le connétable Charles 1er
d'Albret, qui a le plus haut grade dans la hiérarchie militaire? En outre, tenant
à leurs prérogatives, les princes du sang n'hésitent pas à contester les décisions
de l'un et de l'autre. Le reste de la noblesse entend pareillement faire valoir
ses avis. Ne rêvant que de gloire et de butin, tous ces preux finissent par
n'en faire qu'à leur tête. Alors que dans le camp anglais, Henry V assume seul
et pleinement le commandement... Les chevaliers montent à l'assaut sans suivre une stratégie
bien déterminée, pérsuadés que leur vaillance suffira pour vaincre l'ennemi.
Le champ de bataille, fort resserré, n'est pas favorable à une attaque frontale.
Plus grave, au rebours des archers anglais, les cavaliers ne peuvent manoeuvrer
librement. Le terrain, gorgé d'eau par les pluies des jours précédents, est
difficilement praticable : au lieu de s'élancer au galop, lex chevaux ont du
mal à avancer, s'embourbent. Si les chevaliers sont protégés par une lourde
armure, leurs montures (dont les protections ont été réduites pour les soulager
d'un surcroît de charge) sont beaucoup plus vulnérables, et c'est contre elles
que les archers anglais règlent leurs tirs. Une fois à terre, les cavaliers,
entravés par les quelque trente kilogrammes de leur cuirasse, de leur heaume,
des nombreuses autres parties de leur armure et de leur épée massive, ne peuvent
espérer se relever sans aide : s'ils sont désarçonnés au beau milieu du camp
adverse, ils ont peu de chance d'échapper à la capture (dans le meilleur des
cas) ou à la mort. Page MAJ ou créée le |