LES VALOIS DIRECTS
LOUIS XI, CHEF D'ETAT |
L'AVENEMENT Dès le 25 juillet 1461, jour où il reçoit la confirmation officielle qui le fait roi de France, Louis XI entre aussitôt de plain-pied dans son nouveau rôle. Que, trois jours plus tôt, son père, Charles VII, ait rendu l'âme ne le chagrine nullement. Désormais, nul ne lui dictera sa conduite, il est souverain et entend l'être en toutes choses. Tout au long de la seconde partie de l'année, pressé mais précis, Louis entreprend d'asseoir son autorité et son pouvoir. "L'universelle aragne", selon l'expression de l'historien Philippe de Commynes, commence à tisser sa toile... "Qui l'a qualifié d'Inepto Delfino doit l'appeler aujourd'hui Aptissimo Re de France. Tout cela montre bien qu'un esprit de cette qualité et une intelligence aussi profonde ne pouvaient trouver leur place dans la position trop modeste qu'il occupait jusqu'ici". Cette opinion flatteuse est émise par Prospero Da Camogli, l'ambassadeur de Milan. Il est, parmi les membres des nombreuses délégations étrangères, le témoin des premiers jours du règne de Louis XI. A Avesnes, fin juillet 1461, où il fait halte avant de rentrer à Paris, le nouveau roi donne des audiences et commence de nommer ses fidèles aux postes clés. Le Bâtard d'Armagnac devient comte de Comminges et maréchal de France; Antoine de Croy est nommé grand maître de la Maison du roi; Jean de Montauban est promu amiral. Plus tard, à Paris, Louis XI esquivera habilement (promettant sans tenir sa parole) les demandes pressantes du duc de Bourgogne, Philippe le Bon, qui cherche à placer ses amis au Conseil. Le roi, lui, préfère des hommes tout à lui dévoués. Fin septembre, Louis XI est à Plessis lez Tours, l'une de ses résidences favorites. C'est là qu'il commence véritablement à régner. Déjà, fonctionnaires et messagers spéciaux ont pour mission d'informer les Grands et les humbles des décisions prises par Sa Majesté. La première préoccupation du roi concerne les impôts. Aussi s'entoure-t-il de conseillers ayant travaillé avec le "prince des marchands", le financier Jacques Coeur. Louis XI autorise les membres de la noblesse à pratiquer le commerce en gardant ses privilèges. Il surveille cependant de près ces derniers, et n'hésite pas, à l'occasion, à réduire certaines de leurs prérogatives qui lui semblent dangereuses pour l'unité du Royaume et la Couronne. Méfiant à l'égard de la noblesse et du clergé, le souverain refuse de confier des commandements militaires à ses principaux vassaux. Contrairement à l'usage, il estime inutile d'accueillir à la Cour les princes du sang et les membres de la famille royale. L'ordre nouveau selon Louis XI est certes courtois mais ferme. "Nous voulons et demandons incontinent et sans délai", telle est la formule qu'il affectionne. Louis XI veut gouverner en faisant des économies. Il demande à chacun de ses sujets de contribuer à cet effort, et donne lui-même l'exemple. A Tours, sa Maison étonne par sa simplicité. "Le roi est très riche, mais il ne cherche rien d'autre qu'à accroître ses revenus et à restreindre les dépenses inutiles", note l'ambassadeur de Milan. Louis XI réduit le nombre de fonctionnaires, tout en engageant ceux qu'il a gardés à plus d'efficacité! Un enrichissement paraît-il douteux? Une pension semble-t-elle trop élevée? Le roi diligente aussitôt une enquête. En novembre 1461, il supprime la "Pragmatique Sanction" de Charles VII, estimant que cette loi (qui libère la France de la tutelle de Rome) permet au clergé de s'enrichir... beaucoup trop. Le roi de France veut tout contrôler. Tant à l'armée qu'au Parlement et à la Chambre des Comptes. Si ces deux institutions gardent leur pouvoir et leurs fonctions, elles sont néanmoins priées d'obtempérer. Quant aux maîtres généraux des Monnaies, le roi leur envoie un de ses conseillers chargés de "déclarer la vraie valeur" des espèces sonnantes et trébuchantes. Page MAJ ou créée le |