LES VALOIS DIRECTS
LOUIS XI, CHEF D'ETAT |
L'ENTREE TRIOMPHALE A PARIS Dès l'aube de ce lundi 31 août 1461, Paris est en ébullition. La capitale attend son roi et veut lui offrir le plus bel accueil. Dans les rues où doit passer le cortège royal, les maisons sont ornées de riches tapisseries. Sur le pavé, le peuple se presse depuis des heures. Tandis qu'aux fenêtres, nobles et bourgeois veulent profiter des postes d'observations bien placés, qu'ils ont payés à prix d'or. Le moment est important : à trente huit ans, l'éternel dauphin, devenu Louis XI, rentre en maître dans la capitale du royaume de France. En ce début d'après-midi, le cortège royal passe la porte Saint Denis. Aussitôt la rue se met à résonner du son argentin des clochettes ornant les harnais des chevaux de l'escorte du duc de Bourgogne qui accompagne Louis XI. Philippe le Bon, fidèle à sa réputation de maître de "l'empire bourguignon", a à ses côtés quelques 4 000 seigneurs aux tenues de velours chamarré d'or. Le "grand duc d'Occident" entend rendre hommage à Louis, qu'il a reçu chez lui, quand Charles VII l'a chassé de la Cour. A présent, sonnent les trompettes. Le roi apparaît. Il porte un pourpoint pourpre semé de rubis ainsi qu'une robe de damas blanc et or. Six bourgeois de Paris, vêtus de satin rouge, tiennent le dais bleu fleur-de-lysé qui l'abrite. Derrière Sa Majesté, le duc de Bourgogne occupe la place privilégiée. Louis XI veut que nul n'ignore "qu'il est juste que le roi veille sur le duc, celui-ci ayant veillé sur le dauphin..." Philippe le Bon arbore, à son habitude, un habit de velours noir, rehaussé cependant, de même que son chapeau, de pierreries, de perles et de diamants. La capitale a réservé un accueil plein
d'imprévus à son nouveau souverain. Dans les fontaines coulent le vin, le lait et
l'hypocras. Des spectacles divers, respectueux ou surprenants, sont donnés sur le passage
du cortège royal. Face à l'hôpital de la Trinité, Louis XI assiste à une pantomime qui
évoque des épisodes de la Passion du Christ. Sur une estrade, des saltimbanques
déguisés en sauvages esquissent des combats. Ailleurs, dans un bassin improvisé, des
nymphes, tout à fait nues et charmantes, jouent aux sirènes. Les Parisiens tiennent
également à faire savoir au roi qu'ils le connaissent déjà et qu'ils l'apprécient. Sa
passion de la chasse est saluée avec une scène vivante dans laquelle des chiens
s'ébattent au son des trompes. Au Châtelet, des guerriers font revivre la bataille de
Dieppe, au cours de laquelle Louis, encore dauphin, s'est illustré, en 1443. Le 1er septembre, lendemain de son entrée à Paris, Louis XI quitte le palais où siège le Parlement. Il a choisi de s'installer à l'hôtel des Tournelles, qu'il préfère à la résidence royale traditionnelle, l'hôtel de Saint Pol. Les jours suivants sont ponctués par les nombreuses fêtes organisées en son honneur par le duc de Bourgogne dans son hôtel d'Artois. Le 13 septembre, devant l'hôtel du roi, se déroule un tournoi au cours duquel s'affrontent le comte de Charolais, fils de Philippe le Bon, le futur Charles le Téméraire, et des membres de la maison de Bourgogne. La presse est si grande que plusieurs badauds meurent piétinés par les chevaux. Est-ce la conséquence de cet accident funeste? Louis XI décide d'abréger les festivités, clamant haut et fort qu'il est dans son royaume pour travailler. Avant toute chose. Et puis, il a tant attendu la Couronne qu'il entend bien la porter seul. Le duc de Bourgogne se mêle un peu trop à son gré du gouvernement de la France. Le roi a déjà subi de longues années le joug de son père Charles VII. Désormais, malgré la reconnaissance qu'il manifeste à son oncle par alliance, il entend prendre seul toutes ses décisions. Le 23 septembre, Louis XI quitte Paris pour sa chère Touraine afin de commencer son royal labeur. Page MAJ ou créée le |