LES VALOIS DIRECTS
LOUIS XI, CHEF D'ETAT |
CHARLES LE TEMERAIRE FAIT ENLEVER YOLANDE DE SAVOIE, SOEUR DE LOUIS XI Humilié et désemparé après deux désastres militaires, le duc de Bourgogne, Charles le téméraire, sombre dans le banditisme en faisant enlever la soeur de Louis XI, Yolande de Savoie. Mais cette ultime bravade ne fait que précipiter une chute déjà depuis longtemps annoncée. C'est en 1474 que Louis XI décide d'abattre son dernier ennemi, le puissant et très ambitieux duc de Bourgogne, Charles le Téméraire. L'affaire est complexe, car le roi de France ne peut compter sur l'indéfectible soutien de ses sujets, notamment sur celui des princes qui se gardent de s'engager trop avant dans une lutte à l'issue encore bien incertaine. Prudent et méfiant, Louis XI se contente de lier parti avec tous les ennemis déclarés du Téméraire, notamment les Suisses et les Lorrains. Dans le même temps, il conclut avec les Anglais la trêve de Picquigny et achète ainsi le retour Outre-Manche de ces traditionnels alliés du Bourguignon. La ruse, l'argent et un sens inné de la diplomatie de l'ombre confèrent à Louis XI une position enviable par rapport à un ennemi qui va bientôt être encerclé. Fin 1475, Charles le Téméraire décide de rompre cet étau et passe à l'attaque. Malgré les efforts de Louis XI, la campagne du Téméraire s'annonce sous les meilleurs auspices. La Lorraine, dont le duc René vient de s'entendre avec le roi de France, est investie sans coup férir par les troupes bourguignonnes qui s'emparent de Nancy. Cependant cette victoire ne fait qu'attiser les craintes des Suisses, qui prennent les armes en toute hâte afin de dissuader le duc de Bourgogne d'aller plus avant. Piqué au vif par cette "insolence", Charles le Téméraire entre à Grandson en février 1476, fait pendre 400 défenseurs de la place et noyer quelques autres dans le lac de Neuchâtel. Après quoi l'armée bourguignonne se dirige vers le Nord en empruntant un défilé où les Confédérés ont savamment déployé leurs troupes. Et c'est au son des trompes de guerre que les phalanges suisses s'abattent sur les hommes du Téméraire, qui se débandent et prennent la fuite en abandonnant l'artillerie et un fabuleux butin. Le duc ne peut contenir sa colère et veut sa revanche. Une nouvelle armée, qui a été réunie dans la fièvre à Lausanne, marche sur Berne. Mais le 22 juin 1476, à Morat, les Suisses prennent l'ennemi à revers. Le duc Charles va se retourner contre la Savoie. Le duché de Savoie est sous la régence de Yolande, soeur de Louis XI et capricieuse alliée du Téméraire. Après les désastres de Grandson et de Morat, le duc de Bourgogne craint une ultime défection de Yolande et, dans un accès de fureur, décide de la faire enlever ainsi que ses quatre enfants. L'opération est confiée à Olivier de La Marche, capitaine de la garde du duc, qui, le 27 juin 1476, arrête en pleine nuit la petite troupe sur la route de Genève. Malheureusement dans l'obscurité, les hommes de La Marche ont laissé s'échapper Philibert, duc de Savoie, âgé de onze ans, que son entourage a pu cacher dans un champ voisin. Constatant l'absence de l'héritier du duché, le Téméraire soulage sa colère en envoyant la duchesse Yolande croupir dans une sombre forteresse, non sans l'avoir copieusement insultée et traitée de putain! Mais toute cette mise en scène ne rend pas au Bourguignon sa gloire passée. Conscient de la vanité de son comportement, celui-ci tente de convaincre Louis XI d'un plan de partage du duché de Savoie. Mais quel profit peut tirer le roi d'une entente avec un homme affaibli et abandonné de tous? Louis XI reprend l'initiative et décide de faire libérer sa soeur des griffes du Téméraire. Fin septembre, à la tête de 1 200 hommes, le gouverneur de Champagne, Charles d'Amboise, se présente devant le château de Rouvre, où Yolande de Savoie est recluse. Quelques minutes suffisent pour investir la place. Un mois plus tard, à Montils, près de Tours, Louis XI reçoit sa soeur avec de tendres et démonstratives effusions. Durant toute une semaine, le frère et la soeur ne se quittent pas, arguant l'un et l'autre de leur indéfectible et réciproque fidélité. Certes, le roi n'oublie pas les graves égarements de Yolande qui s'est, il y a peu, largement compromise avec le Bourguignon, mais il ne souhaite en rien ternir le lustre de sa victoire. Celle-ci prend un tour définitif, deux mois plus tard, quand Charles le Téméraire meurt devant Nancy. Page MAJ ou créée le |