PHILIPPE VI DE VALOIS, SA VIE
        
    
    

        
 
LE SACRE
Le 29 mai 1328, à Reims, Philippe VI, premier souverain de la dynastie 
des Valois directs, est légitimé roi de France en recevant l'onction 
solennelle du sacre. Il va ainsi inaugurer son règne par près 
d'une semaine de festivités grandioses.
Le 31 janvier 1328, Charles IV le Bel, le dernier des Capétiens, est 
mort sans héritier mâle. Après de longs débats, le 
Conseil royal a décidé de confier la régence (alors que 
la reine Jeanne d'Evreux est enceinte de sept mois) à Philippe de Valois, 
cousin du défunt, plutôt qu'au petit-fils de Philippe IV le Bel, 
le jeune roi d'Angleterre Edouard III. Le 1er avril, la reine a mis au monde 
une fille, Blanche. Le Conseil royal n'est pas revenu sur sa décision 
: cependant, Philippe de Valois ne sera pas régent, mais roi de Fance, 
un "roi trouvé" comme on le surnommera; et la dynastie des 
Valois succédera à celle des Capétiens.
Avant même d'être sacré, Philippe VI est confronté 
à un premier obstacle. La Navarre récuse sa tutelle et souhaite 
être gouvernée par Jeanne, fille de feu Louis X le Hutin. Le gouverneur 
et les représentants du roi de France sont chassés. Pour étouffer 
toute rébellion, le Valois renonce au trône de Navarre, mais, au 
terme de huit ans de tractations, obtiendra le rattachement des comtés 
de Brie et de Champagne à la Couronne. il convient au "roi trouvé" 
d'être sacré au plus vite pour asseoir sa légitimité. 
La cérémonie est fixée au 29 mai 1328, dimanche de la Trinité. 
Le 6 mai, Philippe VI quitte Paris pour rejoindre lentement Reims. Il séjourne 
une semaine à l'abbaye de Jouy, puis quatre jours à Provins, s'attarde 
à Vertus, avant d'entrer dans Reims, l'avant-veille du sacre.
Dans 
la cité champenoise, tous les Grands du royaume et d'une partie de l'Europe 
se sont donnés rendez-vous : le tout nouveau roi de Navarre, le roi Jean 
de Bohême, le comte de Hainaut, le comte de Namur et "tant 
d'autres que les compter offrirait la plus grande difficulté", 
témoigne le chroniqueur Jean Froissart. Parce que le sacre doit être 
une consécration, le tailleur et valet de chambre du souverain a fait 
atteler vingt quatre chevaux pour transporter la garde-robe royale. En cette 
veille de son couronnement, le roi procède à sa première 
célébration officielle. Il arme chevalier Louis de Nevers, comte 
de Flandre, le remerciant ainsi de son soutien qu'il lui a apporté lors 
de son élection au trône. Le nouveau chevalier aura l'honneur de 
porter le glaive de Charlemagne durant la cérémonie du sacre, 
une faveur réservée traditionnellement au seul connétable 
de France.
Avec sa femme, Jeanne de Bourgogne, et en présence de 
son jeune fils, le futur Jean II le Bon, Philippe de Valois est sacré 
sous le nom de Philippe VI selon le cérémonial traditionnel. Dans 
la nef de la cathédrale Notre Dame, l'archevêque de Reims, Guillaume 
de Trie, l'oint du Saint Chrême, conservé dans la Sainte Ampoule. 
Après quoi, il peut revêtir les atours royaux (les sandales, la 
tunique et le manteau royal) et recevoir les regalia, les insignes de la majesté 
royale (le sceptre, la main de justice, l'épée, les éperons 
et l'anneau). Puis il s'agenouille devant Guillaume de Trie, qui le coiffe de 
la couronne d'or sertie de pierres précieuses. En ce jour solennel, Philippe 
VI inaugure le règne de la dynastie des Valois : rien n'est trop beau 
pour témoigner du juste choix du Conseil royal et légitimer sa 
couronne auprès des nombreux invités, qui durant cinq jours vont 
pouvoir faire ripaille en son honneur.
Mais, lors de la cérémonie 
du sacre, un incident éclate, qui stupéfie l'assistance. Alors 
qu'il doit présenter l'épée de Charlemagne au nouveau roi 
en guise d'hommage, le comte de Flandre reste immobile. Malgré les appels 
à l'obéissance du Grand Chambellan, puis la menace d'être 
accusé de forfaiture, Louis de Nevers ne bouge pas. Au souverain, il 
explique qu'il ne peut répondre quand on s'adresse au comte de Flandre 
:car s'il en a le titre, il n'en a plus les pouvoirs. Son autorité est 
remise en cause à Bruges, Ypres, Gand, Poperingue... Il profite donc 
de cette grande occasion pour demander de l'aide d'une façon spectaculaire. 
Sa démarche est couronnée de succès : Philippe VI s'engage 
à ne pas rentrer à Paris tant qu'il n'aura pas repris possession 
de son comté et tient parole en convoquant l'armée le 31 juillet 
à Arras. Le 23 août, les troupes royales emmenées par le 
roi en personne écrasent les révoltés flamands à 
Cassel.
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