LES CAPETIENS
LOUIS IX ET LES PERSONNALITES
Etienne Boileau

 

PREVOT DE PARIS

 Soucieux de voir régner l'ordre et la prospérité dans sa capitale, Louis IX décide de mettre fin aux abus et de procéder à une réforme de la prévôté. Comme tous les officiers du roi, Etienne Boileau, le nouveau prévôt de Paris nommé en 1261, est choisi parmi les hommes réputés pour leur compétence et leur intégrité. En charge de nombreuses et lourdes responsabilités, il va se révéler un excellent administrateur digne de la confiance du souverain.

Au milieu du XIIIème siècle, Paris est, avec plus de 150 000 habitants, la plus peuplée des villes de la Chrétienté. Mais la capitale de Louis IX est aussi la cité la moins sûre du royaume! Le pieux souverain, pour qui désordre rime avec péché, ne peut le tolérer et, à son retour de la croisade en 1254, décide de procéder à une réforme de la prévôté.
Le prévôt est à Paris le principal officier du roi, et son autorité s'étend sur la prévôté et la vicomté regroupant plusieurs châtellenies proches de la capitale. Jusque là, cette charge a été affermée, c'est à dire vendue au plus offrant, mais qui n'est pas toujours le plus compétent. "A cette époque, la prévôté de Paris était à acheter; en conséquence les indigents étaient opprimés, on permettait tout aux riches, les étrangers pouvaient tout faire impunément", relate le chroniqueur Guillaume de Nangis. "Le menu peuple était fort foulé, et ne pouvait avoir raison des gens riches, à cause des grands présents et des dons qu'ils faisaient aux prévôts", renchérit Jean de Joinville dans son Histoire de Saint Louis.

"Le roi, qui mettait grand soin à faire que le menu peuple fût gardé, sut toute la vérité; alors il ne voulut plus que la prévôté de Paris fût vendue, mais il donna grands et bons gages à ceux qui dorénavant la garderaient", précise Joinville. En 1261, Louis IX entreprend de remédier aux abus en confiant la charge de prévôt "à garde", à un fonctionnaire révocable percevant une rémunération annuelle, versant au Trésor les recettes de sa prévôté et siégeant au Grand Châtelet, imposante forteresse proche du palais royal sur la rive droite de la Seine, à l'entrée de la rue Saint Denis.
Le premier "garde" de la prévôté de Paris nommé par le roi est Etienne Boileau, sans doute originaire d'Orléans, ville dont il aurait été prévôt jusqu'en 1260. Forte personnalité et homme à poigne, il va exercer la charge de prévôt de Paris jusqu'à sa mort, en avril 1270. Il se révèle un excellent administrateur, met sur pied une police particulièrement efficace et améliore la perception de l'impôt dans la capitale. Energique et rigoureux, il prend ses fonctions tellement à coeur qu'il encourt une sentence d'excommunication, dont il sera absous le 25 décembre 1269, pour avoir voulu empiéter sur la juridiction du chapitre de Notre Dame. "En peu de jours, il rendit l'état de la ville beaucoup plus tranquille", constate Guillaume de Nangis avec admiration.

Le nouveau prévôt de Paris se voit fixer trois objectifs : faire respecter l'ordre, favoriser le développement économique, faire rentrer les contributions financières dues par les habitants de la capitale. Equivalent de l'actuel préfet de police, il a quasiment les pleins pouvoirs en matière de police : le guet royal, institué par Louis IX en 1254 et commandé par un chevalier du guet, est placé sous son autorité. En dehors de ce qui relève du prévôt des marchands et des seigneurs des "bourgs et terres" dépendant de la capitale, il rend la justice, perçoit les impôts, contrôle l'administration militaire et garde les privilèges de l'Université de Paris. Il supervise également les corps de métiers. C'est ainsi qu'Etienne Boileau est passé à la postérité pour avoir fait rédiger en 1268 le Livre des Métiers, dans lequel sont consignés les statuts de 101 des 150 corporations chargées d'assurer la garde de l'enceinte fortifiée.
Par la volonté de Louis IX, Paris n'est pas administré par un bailli et protégé par un préfet de police, mais par un prévôt aux attributions de bailli; la ville n'a pas non plus de maire, mais un prévôt des marchands, qui assume partiellement cette fonction. Dotée d'une structure du pouvoir qui perdurera presque jusqu'à nos jours, la capitale, par l'intermédiaire de son prévôt et comme les autres villes du royaume, tendra à passer progressivement sous contrôle royal. A partir du XVIème siècle, le prévôt de Paris, dont la charge subsistera jusqu'en 1792, verra ses attributions se resteindre, se partageant entre celles de lieutenant civil, de lieutenant criminel et de lieutenant de police.

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