LES CAPETIENS
LOUIS IX
ET LES PERSONNALITES
Etienne
Boileau
LE "LIVRE DES METIERS"
Arbitre de l'Europe et pourfendeur des Infidèles, Louis IX ne se détourne pas pour autant de son royaume et de ses sujets. Marquant son règne du sceau de la réforme de l'administration, instigateur de nombreuses enquêtes concernant les abus de ses officiers, le roi va confier au prévôt de Paris Etienne Boileau la mission de recenser les différents métiers de la capitale et d'en codifier les règlements et les usages. Rédigé en 1268, l'Etablissement des métiers de Paris communément appelé Livre des Métiers, va donner une image saisissante de l'activité économique au XIIIème siècle.
Parmi les quelque 150 000 habitants qui
peuplent Paris sous le règne de Louis IX, nombreux sont les artisans et les
commerçants, qui exercent les métiers les plus divers. Certains, tels les tanneurs
et les teinturiers, dont l'activité est "polluante", sont cantonnés
dans les faubourgs. Après avoir franchi les remparts, le promeneur cheminant
vers le centre de la cité découvre des quartiers de plus en plus denses et de
plus en plus spécialisés. Ici, il peut contempler les ateliers et les échoppes
qui s'ouvrent sur la rue des travailleurs du métal; plus loin, ceux des potiers.
Cette
répartition territoriale est le pendant du regroupement qui s'opère au XIIIème
siècle au sein des corporations : dans un souci de solidarité et de non concurrence,
les artisans et les ouvriers se sont réunis en "corps de métiers",
"communautés de métiers" ou simplement "métiers".
Afin de réglementer l'exercice de leur
profession, les divers métiers sont couramment en conflit avec les forains ou
les non affiliés, mais aussi avec les donneurs d'ouvrage. Le roi Louis IX ne
saurait rester insensible à la multiplication des litiges et des procès. Si
les corporations sont organisées depuis longtemps, jusqu'alors les règlements
sont pour la plupart transmis oralement, et le souverain désire que ces "coutumes"
soient mises par écrit. Administrateur suprême de son royaume, il a également
conscience du fait que l'artisanat et le commerce, en particulier à Paris et
dans les seigneuries dépendant de sa juridiction, génèrent de substantiels bénéfices,
qui sont soumis à l'impôt. Aussi, en 1268, il décide de faire réaliser une enquête
dans laquelle les droits et les devoirs de chacun seront déterminés et les métiers
codifiés. Il charge de cette mission un homme en qui il a toute confiance :
Etienne Boileau, prévôt de Paris depuis 1261.
Rédigé sous la haute main du
prévôt, principal officier du roi dans la capitale, l'Etablissement des métiers
de Paris, communément appelé Livre des métiers, recence 101 des 150
corporations parisiennes chargées d'assurer la garde de l'enceinte fortifiée
et en consigne les statuts.. Les cent titres de ce registre font l'inventaire
de pratiquement tous les métiers, qui sont répartis en six catégories.
La première catégorie regroupe les métiers en rapport avec l'alimentation, du meunier au boulanger, du boucher au poissonnier, du tavernier au crieur de vin. Une deuxième réunit les orfèvres, les joailliers et les sculpteurs. Les métiers du métal forment la troisième catégorie, qui rassemble une vingtaine de communautés, depuis les maréchaux ferrants jusqu'aux boutonniers. La quatrième catégorie concerne les professions des étoffes et de l'habillement, tisserands, drapiers, teinturiers, cordiers. Le cinquième ensemble de métiers se rapporte au travail du cuir et des peaux. Enfin, la sixième catégorie, la plus floue, englobe les ouvriers du bâtiment (maçons, charpentiers, plâtriers...) et diverses professions comme celles de potier de terre ou d'écuellier. La magistrale enquête conduite par Etienne Boileau constitue une source d'informations inépuisable sur la vie économique au XIIIème siècle. Elle fournit d'innombrables renseignements quant aux coutumes et aux règles qui régissent la vie des corps de métiers. Les travailleurs sont répartis en trois groupes : maîtres, valets (ou ouvriers, ou compagnons) et apprentis. Ce sont les maîtres qui se présentent au bureau de la prévôté du Châtelet afin de l'éclairer sur la structure juridique de leurs communautés, tandis qu'un clerc, plume à la main, se charge de la rédaction des volumes du Livre des métiers. Désormais, donneurs d'ouvrage, fournisseurs, producteurs, négociants et consommateurs, maîtres, valets et apprentis devront se soumettre à ce document, qui prendra peu à peu force de loi.
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