LES CAPETIENS
LOUIS IX ET LES PERSONNALITES

 

 Louis IX et le "Vieux de la Montagne"

En février 1250, peu après la défaite des croisés à Mansourah, le "Vieux de la Montagne" somme Louis IX de lui payer tribut. Mais le roi refuse et, contrairement à toute attente, parvient à s'attirer le respect du grand maître de la secte des "Assassins", qui sème la terreur au Proche Orient depuis près d'un siècle.

"Je n'ose pas plus lui obéir que lui désobéir". Le seigneur qui a reçu un message du "Vieux de la Montagne", le sommant de se rendre, a préféré démolir sa forteresse, se sachant menacé à tout moment d'être assassiné en cas de désobéissance flagrante. Peut-être même par un de ses familiers, drogué au haschisch. En 1090, les membres de la secte ismaïlienne des "Assassins" se sont emparés de la fortersse d'Alamut (le "repaire des vautours"), dans les montagnes de Perse. Depuis, ils ont progressivement étendu leur influence sur la Syrie et la Palestine. A partir de cette retraite inexpugnable, bientôt rebaptisée "repaire de la fortune", leurs grands maîtres règnent par hommes de main interposés. A la fin du XIIème siècle, l'un d'entre eux, Rachid el-Din el-Sinan, est si puissant qu'il négocie d'égal à égal avec Saladin. Jamais, la mort d'un grand maître n'a été annoncée. Aussi leurs adversaires les croient-ils immortels. Les croisés francs, eux, ont baptisé le puissant chef de la secte le "Vieux de la montagne".

Les jeunes gens désoeuvrés recrutés par la secte des Assassins doivent prêter serment d'obéissance, sont fanatisés et drogués au haschisch, d'où le nom de Haschuschin, qui donnera le mot "assassin". Leur rôle consiste à exécuter toux ceux qui refusent de se soumettre et de payer tribut. Pour s'assurer leur fidélité, le grand maître les fait droguer puis conduire dans les merveilleux jardins situés à l'abri des murs de sa forteresse. Là au milieu des fontaines et des fleurs, de ravissantes jeunes femmes les caressent et s'offrent à eux. A leur "réveil", les sbires sont assurés d'avoir eu là un avant goût du paradis! Ainsi, ne craignant ni de mourir ni d'être taillés en pièces, ils obéissent aveuglément. Les Assassins sont réputés si cruels que leurs ennemis en sont épouvantés. Là où ils sévissent, nul n'est en sécurité, ni les paysans arabes, ni les pélerins francs, ni les puissants seigneurs, ni même les rois. Un beau matin, à son réveil, un sultan hostile à la secte trouve un poignard planté à la tête de son lit. Effrayé par le sinistre avertissement, il accepte aussitôt de payer tribut et d'exempter les Assassins de péages et d'impôts sur ses domaines...
Lorsque Louis IX débarque pour la deuxième fois en Orient, les Assassins sont devenus une puissance incontournable. Déjà, lors de la troisième croisade, Raymond de Tripoli et Conrad de Montferrat ont eu maille à partir avec la secte, et des pourparlers ont été engagés.
Régnant sur un vaste territoire, le Vieux de la montagne entretient cependant de bons rapports de voisinage avec les chrétiens. Mais, pratiquant un islam schismatique aux yeux des musulmans de stricte obédience, il est constamment en guerre avec ses coreligionnaires et s'oppose violemment aux successeurs de Saladin.

A l'annonce de la défaite des croisés à Mansourah, en février 1250, le Vieux de la montagne a envoyé des messagers à Louis IX, pour que lui aussi paye tribut : "Les précédents princes occidentaux tel le roi de Hongrie ou l'empereur d'Allemagne ont payé tribut au cheik Al-Jabal pour s'en faire un ami, toi qui es vaincu tu dois faire de même". Et, pour montrer le pouvoir de leur maître, les ambassadeurs exhibent le couteau symbole de sa force, et le linceul dans lequel il ensevelit ses victimes. Le roi de France non seulement refuse de payer, mais exige de "recevoir avant quinze jours lettres et gages d'amitié".
Cette fermeté n'est pas sans impressionner le grand maître des Assassins. Deux semaines plus tard, il fait porter au roi son anneau et sa propre chemise, "pour ce que la chemise est plus près du corps que tout autre vêtement, ainsi le Vieux leur maître veut être plus près du roi franc que nul autre". Pour donner plus de force à ses déclarations d'amitié, il envoie également de somptueux présents : un jeu d'échecs en ambre parfumé, ainsi qu'un éléphant et une girafe en cristal. En retour, Louis IX lui offre des joyaux et délègue un ambassadeur permanent, le dominicain Yves Le Breton. Cet éminent arabisant scellera une véritable alliance entre son roi et le grand maître des Assassins.

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