LES CAPETIENS
PHILIPPE IV
LE BEL, SA VIE
LES FUNERAILLES DE PHILIPPE LE BEL
Sitôt après sa mort, Philippe le Bel est embaumé, puis transporté par bateau de Fontainebleau à Paris. Après un service funèbre solennel célébré en grande pompe à la cathédrale Notre Dame, il sera inhumé à la nécropole royale de Saint Denis, le 3 décembre 1314.
Le 29 novembre 1314, Philippe le Bel s'est éteint dans
la force de l'âge à quarante six ans. Ses médecins n'ont pu identifier le mal
qui l'a emporté : est-ce l'infection d'une ancienne blessure survenue lors d'un
accident de chasse? Est-ce la typhoïde, comme l'affirmeront des praticiens du
XIXème siècle en s'appuyant sur la relation du moine de Saint Denis, Guillaume
l'Ecossais?
Le souverain est mort à Fontainebleau, le château où il a vu
le jour : il l'a voulu ainsi. "Sitôt que le roi Philippe
fut trépassé, son corps fut richement embaumé", rapporte l'Ancienne
Chronique de Flandre. Puis il est transporté par bateau, sur la Seine, jusqu'à
Paris et au couvent des Bernardins, où "il lui fut
fait un moult riche lit où il fut couché dessus, tout vêtu de royaux vêtements,
une moult riche couronne sur le chef et le sceptre en la main".
Le 2 décembre, une messe solennelle est célébrée en la cathédrale Notre Dame
par l'archevêque de Sens, Philippe de Marigny.
Le lendemain, le défunt est placé sur une riche litière,
vêtu de ses vêtements royaux de drap d'or et du manteau d'apparat fourré d'hermine,
le visage et les mains découverts. Jusqu'à l'abbaye de Saint Denis, il est escorté
en procession par une foule immense qui ne peut retenir ses larmes. Le cortège
est précédé par quelque quatre cents bourgeois de la capitale, tous vêtus et
encapuchonnés de noir, par les Grands du royaume, les barons et les princes.
Chacun porte une torche, selon l'usage en vigueur au Moyen Age d'entourer le
cercueil durant les cérémonies des obsèques d'un nombre infini de lumières.
A l'abbaye se déroule un nouveau service funèbre en présence de vingt cinq grands
prélats : un archevêque qui dit la messe, dix évêques et quatorze abbés. Puis,
le roi est inhumé "moult dévotement" auprès
de son père Philippe III le Hardi, et de sa mère, Isabelle d'Aragon; et non
loin de Saint Louis, son aïeul, à qui il vouait une immense admiration.
Pour
son père, Philippe le Bel a fait édifier un tombeau en marbre noir et blanc.
Il a aussi commandé une sépulture digne de son épouse bien aimée, Jeanne de
Navarre. Mais, pour lui, il n'a rien prévu...
C'est seulement en 1327 que
le troisième de ses fils, Charles le Bel, lui fera construire un monument funéraire
en même temps qu'à ses frères aînés défunts, Louis X le Hutin et Philippe le
Long.
Tandis que le corps du roi repose à Saint Denis, son coeur
est remis aux dominicaines de Saint Louis de Poissy. Juste avant de mourir,
le souverain a recommandé au prince Louis, l'aîné de ses fils et son héritier,
de veiller à parfaire l'oeuvre fondée à Poissy en mémoire de son grand-père
Louis IX et à laquelle il est très attaché. C'est là qu'en août 1308, il a fait
enterrer le petit Robert, le dernier de ses enfants, mort vers l'âge de dix
ans. C'est là qu'il a souhaité que son coeur repose dans un monument en marbre
érigé au milieu du choeur de l'église. Lors de la cérémonie d'inhumation du
coeur de Philippe le Bel, les dominicaines demandent que soit célébré un service
particulier en l'honneur de celui qui "les avait comblées
de bienfaits".
Ce souverain sévère, autoritaire et exigeant,
le peuple le pleure sincèrement, bien qu'il ait souvent protesté contre la rudesse
de son administration et en particulier contre la lourdeur des impôts. En revanche,
le clergé se montre fort peu affligé par cette disparition; au point que Louis
X le Hutin est contraint d'intervenir et d'insister maintes fois pour obtenir
de l'Eglise les prières publiques qui doivent être dites pour le repos de l'âme
de son père.
Le coeur de Philippe le Bel fut mis au jour le 28 juillet 1687,
à l'occasion de travaux de réparation effectués dans l'église Saint Louis de
Poissy. Il était enfermé entre deux bassins d'argent scellés et enveloppés d'une
toile d'or semée de fleurs de lys; authentifié par une inscription gravée sur
une lame de cuivre : "Ci-dedans est le coeur du Roy
Philippe qui fonda cette église, qui trépassa à Fontainebleau la veille de la
Saint André, 1314".
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