LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, SA VIE

 

LE FUTUR PHILIPPE IV LE BEL EPOUSE JEANNE DE NAVARRE

Ce 16 août 1284, la foule des grands jours emplit la cathédrale Notre Dame de Paris lorsque le jeune couple royal s'avance sur le parvis. Venus de toute la Chrétienté, ambassadeurs et représentants des puissants d'Europe acclament, au milieu des vivats des Parisiens, la reine Jeanne de Navarre, vingt et an ans, et le dauphin, le futur Philippe le Bel, de cinq ans son cadet.

Chacun sait qu'exceptionnellement un sentiment sincère attache déjà les enfants royaux l'un à l'autre. Depuis dix ans, à la Cour de Vincennes, ils partagent jeux et études. Et ce sont deux amis d'enfance qui vont s'unir pour la vie.
Jeanne de Navarre et le dauphin Philippe ont eu une éducation très poussée et ont appris à maîtriser le latin, le grec, la théologie, l'histoire, la littérature, les rudiments de la diplomatie. Pour son second fils, promis au trône de France depuis la mort de l'aîné, Le roi Philippe III le Hardi, qui a eu une éducation très relâchée, a choisi comme précepteur un des plus grands esprits de son temps, l'humaniste Gilles de Rome. Ce magister exceptionnel, qui a fait du couvent des Augustins à Paris un centre de rayonnement du thomisme (la philosophie de Thomas d'Aquin), a écrit pour son royal élève un Traité du gouvernement des princes. Jamais Philippe le Bel n'oubliera les préceptes et les conseils de son maître italien et, toujours, il saura s'entourer de conseillers dévoués et compétents.

Pour l'heure, le jeune couple attire tous les regards. De l'avis unanime, le prince a du charme. Grand et fort, blond aux yeux bleus, il déconcerte cependant par son attitude réservée, voire secrète. "Notre roi ressemble au harfang des neiges (une chouette blanche), le plus beau des oiseaux. Il ne sait que regarder fixement les gens sans parler. Ce n'est pas un homme, c'est une statue", remarque un chroniqueur. Le jeune Philippe se tient très droit, portant haut sa couronne. Ne va-t-il pas bientôt être roi de Navarre? Et, qui plus est, un des princes les plus puissants d'Europe, puisque, outre le petit royaume pyrénéen, son épouse lui apporte en dot le comté de champagne, l'un des cinq grands fiefs français.
Revêtue du manteau d'hermine et parée de bijoux, Jeanne rayonne. Aussi ravissante que souriante, elle répond joyeusement d'un signe de la main à la foule qui l'acclame.
Fendant la presse des Parisiens, les ambassadeurs de Navarre s'avancent vers les mariés. Ils ont fait le long voyage depuis les Pyrénées pour leur apporter les revendications des Cortes, l'assemblée locale. La petite reine et son époux accepteront-ils de se rendre dans leur capitale, Pampelune, pour s'y faire sacrer et y résider? Jeanne se tourne vers Philippe. Elle s'en remet à lui... Le nouveau roi remet ces cérémonies à plus tard. Mais promet de protéger ses sujets navarrais et de respecter leurs coutumes.
Après le grand banquet de noces vient l'heure des fêtes et des réjouissances. Lors du traditionnel tournoi, le jeune marié observe les adversaires qui s'affrontent dans la lice. Il ne se mesurera à aucun d'entre eux et se bornera à remercier les vainqueurs de l'offrande du prix des joutes, qu'il remettra en présent à sa nouvelle épouse. Seul Charles de Valois, son cadet, s'essaie à plaisanter. Mais, la hautaine réserve du dauphin a vite fait de le décourager.

En mars 1285, le dauphin Philippe quitte la Cour et son épouse pour s'en aller défendre le royaume de Navarre contre les Argonais. A peine armé chevalier, le voilà en route pour le Roussillon, tenu par Jacques II de Majorque, frère mais aussi rival du roi Pierre III d'Aragon. Le 7 septembre, après s'être emparé de Perpignan et avoir franchi les Pyrénées, le dauphin se rend maître de Figueras. La flotte royale, ayant été détruite au large de Rosas, il renonce à mettre le siège devant Barcelone et repasse la frontière. A Perpignan, il retrouve son père, Philippe III le Hardi, mourant du typhus. Il décédera le 5 octobre au palais des rois de Majorque. Et c'est un nouveau roi de France, Philippe le Bel, son époux, que Jeanne de Navarre va accueillir à Vincennes.

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