LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL, SA VIE

 

LE SACRE DE PHILIPPE LE BEL

Le 6 janvier 1286, à la cathédrale de Reims, Philippe IV le Bel va être solennellement sacré et couronné par l'archevêque Pierre Barbet. A l'issue de la cérémonie, désormais oint de Dieu, il lui restera à assumer pleinement le lourd héritage de Louis IX, son grand-père.

Le 3 décembre 1285, Philippe le Bel a mené jusqu'à la nécropole royale de Saint Denis le cortège funèbre de son père, Philippe III le Hardi. Désormais roi de France, il est attendu à Reims pour y recevoir l'onction du sacre et y être couronné en même temps que son épouse, la reine Jeanne de Navarre.
Mais il ne semble pas pressé. Il se rend d'abord au château d'Asnière sur Oise, d'où il rejoint l'abbaye de Royaumont, élevée par Saint Louis, son grand-père : en homme pieux qu'il est, il y reste dix jours pour prier. Puis, il traverse les forêts de Halatte, de Compiègne, de Retz, autant d'étapes dont il profite pour se livrer à la chasse, son passe-temps favori. Enfin, le 5 janvier 1286, il fait son entrée à Reims, où il est accueilli par les chanoines et les autorités de la ville. Comme il est de coutume, la veille de la cérémonié du sacre, il se rend à la cathédrale pour entendre l'office de complies, le dernier de la journée.

Le lendemain 6 janvier, à l'aurore, les cloches sonnent avec encore plus d'alégresse que d'habitude l'office des matines, car c'est en ce jour de l'Epiphanie, où l'Eglise célèbre le roi par excellence, l'Enfant Jésus adoré par les rois mages, que le Capétien va être solennellement sacré. Après l'office de primes, sous un beau soleil d'hiver, Philippe le Bel et Jeanne de Navarre, splendidement vêtus, entrent dans la cathédrale par le grand portail. Les archevêques, les évêques et les abbés du royaume, les princes du sang et les pairs de France forment autour d'eux une longue et belle procession. La cathédrale n'est alors pas encore achevée : les travaux ont débuté par le choeur, et il reste à prolonger la nef jusqu'à la façade principale. L'édifice est baigné d'un jeu d'ombres et de lumières qui crée une atmosphère céleste et donne une impression à la fois de grandeur et de légèreté.
Les époux royaux montent sur deux estrades dressées de chaque côté du choeur. Tandis que des chants s'élèvent, les moines de l'abbaye de Saint Rémi remettent la Sainte Ampoule à Pierre Barbet, l'archevêque de Reims. Le prélat pose les questions rituelles : le roi promet-il d'assurer la paix aux églises et au peuple du royaume? Promet-il de redresser les iniquités et de combattre les ennemis de Dieu? Promet-il de faire régner la justice et la paix? Philippe le Bel en fait le serment et scelle sa promesse en apposant sa signature au bas d'un parchemin qu'il remêt à l'archevêque.

Devant l'autel, le roi défait sa robe et sa cote de soie, tandis qu'on lui fait passer des chausses et des éperons d'or. Il baise l'épée d'or que lui tend l'archevêque, puis la remet au duc de Bourgogne, qui la tiendra bien droite devant lui jusqu'à la fin de la cérémonie. Tandis que l'assemblée entonne Inunxerunt regem Salomonem ("Ils ont oint Salomon comme roi"), Philippe le Bel, agenouillé, est oint sept fois. Les pairs de France lui font ensuite revêtir la tunique et la dalmatique royales de soie violette brodée de fleurs de lys; il reçoit le sceptre d'or dans la main droite, la main de justice en ivoire dans la main gauche. Au doigt il passe l'anneau, symbole de son union avec le peuple. L'archevêque saisit la couronne royale pour en ceindre Philippe IV, roi de France. Les pairs (parmi lesquels figure la reine, qui est aussi comtesse de Champagne) posent la main sur le bord de la couronne et le conduisent ainsi jusqu'à son trône, formant une autre couronne, symbolique, destinée à souligner que le souverain règne avec leur approbation. C'est ensuite au tour de la reine Jeanne d'être ointe, mais d'une autre huile et uniquement sur le front. Elle a droit à un petit sceptre, à une main de justice et à une couronne. Les pairs l'entourent de la même façon que son époux pour la conduire à son trône.
Après la messe qui a succédé à la liturgie du sacre, le roi et la reine quittent la cathédrale, précédés par le duc de Bourgogne portant toujours aussi haut l'épée du sacre. L'assistance laisse libre cours à son émotion, jusqu'alors contenue par la solennité de la cérémonie, et se répand en acclamations. Sur le parvis, le couple royal est accueilli par les cris de joie du peuple, tandis que les cloches sonnent à toute volée.

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