PHILIPPE AUGUSTE S'EMPARE DE CHATEAU GAILLARD APRES UN SIEGE DE HUIT MOIS
(SEPTEMBRE 1203 - MARS 1204)

En septembre 1203, Philippe Auguste met le siège devant le Château Gaillard, près des Andelys, en Normandie. Mais la fière forteresse bâtie par Richard Coeur de Lion, protégée par trois enceintes successives, va résister aux assauts du roi de France pendant huit long mois.

Philippe Auguste ne perd pas de vue son objectif : conquérir la Normandie. Il occupe déjà Evreux et Conches, mais n'a pu progresser plus avant. Le duché reste bien défendu. Jean sans Terre peut compter sur la levée féodale de 800 chevaliers et dispose d'effectifs conséquents, sergents soldés, archers gallois, mercenaires flamands et gascons. Mais l'Anglais défend mollement ses fiefs normands et semble incapable d'élaborer une stratégie d'ensemble. Afin d'assurer sa progression, le roi de France estime nécessaire de s'emparer de Château Gaillard. La puissante forteresse, bâtie sur un flanc de montagne, rend toutes velléités d'un assaut direct trop dangereuses.

Le siège du Château Gaillard s'impose. Mais Philippe Auguste doit auparavant anéantir le dispositif militaire qui entoure la forteresse. En effet, la presqu'île de Bernières, située face au château fort, sur la rive gauche de la Seine, est sous le contrôle des Anglais. Après quelques manoeuvres hardies et grâce au courage de leurs nageurs, les Français parviennent à s'emparer de l'estacade établie en travers du fleuve, fermant la plaine de Bernières. Jean sans Terre, qui tente de reprendre position, est mis en échec et s'embarque pour l'Angleterre, le 6 décembre 1203. Philippe Auguste a désormais les mains libres et entreprend d'affamer la forteresse. Dans un premier temps, il donne l'ordre de creuser un double fossé tout autour de la place, hors de portée des archers qui veillent au sommet des remparts. Puis, il fait jalonner ce fossé de quinze tours de bois, gardées jour et nuit par des sergents et des sentinelles. Afin de pouvoir résister plus longtemps, Robert de Lasey, commandant de la place décide d'expulser les femmes, les enfants et les vieillards qui s'y sont réfugiés après l'invasion du village du Petit Andély. A moitié morts de faim, les malheureux sont abandonnés entre la forteresse et les assiégeants. Philippe Auguste n'a pas coeur de les laisser succomber et ordonne qu'on les recueille.

En février 1204, Philippe estime que l'ennemi est suffisamment affaibli et lance ses troupes à l'assaut de Château Gaillard. Les machines de guerre, pierres et mangonneaux, entrent en action. Une pluie de pierres de grosse taille s'abat sur la forteresse et sur ses occupants. Au pied des remparts, larges à certains endroits de plus de cinq mètres, les mineurs entreprennent un long travail de sape. Bientôt, tout un pan de muraille s'écroule, obligeant Robert de Lasey et ses hommes à se replier dans le château principal après avoir mis le feu aux bâtiments de l'avant corps. Pierre de Bogis, un chevalier du roi de France, se hisse jusqu'à une échauguette servant à l'aération des latrines. Entrer dans la forteresse et courir abaisser le pont-levis n'est plus alors qu'un jeu d'enfant. Alors qu'une deuxième tour s'effondre, c'est en vain que les assiégés mettent feu à la chapelle. Par la brèche ainsi ménagée, les soldats français pénètrent en masse dans le château fort. Les Anglais n'ont d'autre ressource que de se réfugier dans la deuxième enceinte. Les Français font alors amener une grosse catapulte devant la porte qui cède rapidement, littéralement écrasée par les quartiers de roche. Près de 200 soldats anglais sont faits prisonniers avant d'avoir pu se réfugier dans le donjon. Le 6 mars 1204, l'étendard du roi de France flotte sur le donjon de Château Gaillard, Philippe Auguste a fait tomber la forteresse symbolique.
Le 24 juin, Rouen, devant laquelle le roi de France était jusqu'alors mis en échec, tombe à son tour. La conquête du reste du duché de Normandie se déroule de façon foudroyante. En quelques mois, la plupart des vassaux de Jean sans Terre prêtent serment à Philippe Auguste.

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