LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, CHEF DE
GUERRE
SIMON DE MONTFORT PREND LA TETE DE LA CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS
(AOUT 1209)
Trop occupé par sa lutte avec les Plantagenêt, Philippe Auguste refuse de participer à l'expédition prêchée par le pape Innocent III contre l'hérésie cathare. C'est à Simon de Montfort, petit seigneur d'Ile de France, qu'échoit le commandement d'une croisade qui va mettre le Languedoc à feu et à sang.
L'hérésie cathare (également
appelée albigeoise) a tant gagné en Languedoc que le pape Innocent III s'inquiète.
Toutes ses tentatives pour ramener les hérétiques dans le giron de l'Eglise catholique
romaine ont échoué. Quant au roi de France, il voit ce qu'il considère comme de la
sédition d'un fort mauvais oeil. D'autant que la monarchie capétienne ferait
volontiers main basse sur les possessions de Raymond VI, comte de Toulouse, seigneur
occitan à l'indépendance farouche qui ne ménage pas son soutien aux rebelles.
A la Cour de France comme à Rome, on est désormais décidé de mettre un terme aux
velléités d'indépendance du Languedoc. L'armée des croisés, qui rentre fort
opportunément de Palestine, va être mise à contribution pour une nouvelle croisade :
la croisade contre les Albigeois. Et c'est Simon de Montfort qui va être amené à en
prendre la tête.
Réunie à Lyon, en juin 1209, sous la
houlette de l'abbé de Citeaux Arnaud Amaury, l'armée des preux de retour de la quatrième
croisade est probablement la plus importante que l'on ait vue en Occident. Trente
mille hommes
se pressent autour de leur chef. Aux grands seigneurs, duc de Bourgogne, comtes de Bar, de
Nevers et de Saint Pol, s'ajoute près d'un millier de chevaliers. Il y a là des gens
d'Ile de France, de Champagne et de Normandie, des Flamands et des Aquitains, des
Autrichiens et des Allemands.
En vertu du droit féodal et de l'autorisation de croiser qu'ils ont reçue de Philippe
Auguste, les seigneurs doivent, en rentrant de Palestine, quarante jours de service à la suite
desquels ils pourront regagner leur fief.
Avec la chute de Carcassonne le 15 août 1209, les terres de Raimond Roger de Trencavel
achèvent de tomber aux mains des croisés. Les régions conquises se retrouvent
désormais sans seigneur. Arnaud Amaury en défend le pillage et décide d'y installer un
homme acquis à la cause de l'Eglise, "un baron de haut rang qui tiendra le pays
à la satisfaction de Dieu, de sorte que les hérétiques félons ne le recouvrent
jamais".
On forme alors une sorte de collège électoral composé de deux évêques et de quatre
chevaliers. Les grands féodaux se voient proposer les fiefs conquis. Aucun n'a de
prétentions territoriales. Le comte de Nevers, les ducs de Saint Pol et de Bourgogne, qui
refusent l'un après l'autre, possèdent des domaines suffisamment vastes pour ne pas
avoir à s'encombrer de nouveaux fiefs, par ailleurs situés fort loin de chez eux et donc
difficiles à administrer. En outre, aucun seigneur n'apprécie sans raison de quitter ses
terres pour mener une guerre qui, après tout, le concerne peu. D'autant que la
quarantaine touche à sa fin et que la plupart des croisés expriment le désir de
regagner le nord de la France.
Petit seigneur d'Ile de France, Simon IV
de Montfort a été remarqué pour son courage et sa détermination en Terre Sainte. On
lui offre les terres de Trencavel. Il refuse. Puis accepte, devant l'insistance des
électeurs et la promesse des barons de l'aider à défendre son nouveau fief.
Jusque-là, Arnaud Amaury a cumulé les fonctions de chef spirituel et militaire. Mais, la
quarantaine achevée, l'armée se disloque. Par troupes entières, comtes et ducs,
évêques, ribauds, chevaliers et soldats prennent le chemin du retour. Avec le départ
des grands féodaux, Simon de Montfort apparaît comme le plus apte à mener la campagne
militaire dont il devient alors le chef laïc. L'échec du siège de Cabaret amène de
nouvelles défections. Le temps des victoires faciles et foudroyantes semble révolu. On
s'en retourne alors, par dépit ou par crainte de mourir dans ce pays inhospitalier et,
somme toute, étranger.
Au mois de septembre, seuls vingt six chevaliers restent sous les ordres de Simon de Montfort,
dont son frère Guy, rentré tout exprès de Terre Sainte, et quelques uns de ses voisins
d'Ile de France. Soudés et dévoués à leur chef, ils entreprennent une campagne de
pacification systématique des terres conquises. La peur suscitée par les victoires des
premiers temps ainsi que quelques promesses viennent à bout des réticences de la
majorité des seigneurs occitans, mais renforcent l'ardeur et la résolution des rebelles.
Si la conquête de Carcassonne a été facile, le maintien de la petite armée française
dont a hérité Simon de Montfort doit être gagné de haute lutte.
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