LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE, CHEF DE GUERRE

 

BEZIERS ET CARCASSONNE, PREMIERES ETAPES DE LA CROISADE CONTRE LES ALBIGEOIS
(ETE 1209)

La chute de Béziers et de Carcassonne, cités pourtant puissamment fortifiées, marque le début des opérations militaires de la croisade contre les Albigeois. A compter de l'été 1209, les hérétiques cathares et les rebelles occitans vont devoir plier, de gré ou de force. L'armée croisée, envoyée par le roi de France Philippe Auguste et le pape Innocent III, est là pour leur rappeler qu'on ne quitte pas impunément le giron de la monarchie et de l'Eglise de Rome.

Sous la tutelle de Raimond Roger Trencavel, les cités languedociennes de Béziers et de Carcassonne sont un enjeu d'importance. Ce jeune vicomte de vingt quatre ans, neveu de Raimond VI, comte de Toulouse, est extrêmement populaire auprès de ses sujets. Issu d'une famille suspectée d'être favorable à l'hérésie cathare, il est l'homme à abattre, le seul seigneur occitan à s'opposer ouvertement aux croisés.
Le 24 juin 1209, l'armée croisée se met en marche depuis Lyon. A mesure que l'ost approche de Montpellier, le pays de Béziers prend conscience de la menace et les habitants alentours se réfugient en masse dans l'enceinte de la cité. Le 21 juillet, les Français campent au pied des remparts. Le temps est contre les croisés. Chacun d'eux a promis de servir le roi de France au moins quarante jours et ce capital est déjà bien entamé. Par ailleurs, il faut écourter au maximum la durée des opérations car l'armée risque d'être à court de ravitaillement. Et Béziers est supposé imprenable...
Etablis dans la plaine qui borde l'Orb, les croisés tiennent conseil. Comment prendre la cité juchée sur un plateau ceint de puissantes fortifications? Raimond Roger Trencavel a mis la ville en état de résister, fait renforcer les murailles, fait stocker des vivres. Lorsqu'il quitte Béziers, la cité est capable de soutenir un siège. En route pour Carcassonne, dont il va organiser la défense, le vicomte compte mettre ce temps pour rassembler ses vassaux, qui, le cas échéant, seront prêts à se porter au secours des Biterrois. Muni d'une liste mentionnant 223 hérétiques cathares ou sympathisants, l'évêque de Béziers tente de négocier. Mais les croisés lui posent un ultimatum : la ville sera épargnée si les rebelles leur sont livrés. Pour les Biterrois, ces conditions sont inacceptables et ils se préparent au siège.
Le 22 juillet, quelques Biterrois sortent de la ville et, du pont qui domine l'Orb, insultent les ribauds, mercenaires et suivants de l'armée croisée. Ceux-ci les repoussent et parviennent à forcer les portes de la ville. Attirés par le tumulte, les chevaliers français, de peur de voir la victoire et surtout les richesses de la ville leur échapper, entrent à leur tour dans la mêlée. Incontrôlables, les ribauds se livrent à un épouvantable massacre, n'épargnant même pas ceux qui se sont réfugiés dans les églises et la cathédrale Saint Nazaire En quelques heures, la quasi totalité de la population, soit près de 30 000 personnes, a été massacrée. Trois jours plus tard, encore sous le coup de cette victoire inattendue, les croisés marchent sur Carcassonne.

A Carcassonne, la nouvelle du terrible sac de Béziers a précédé les croisés. Le 1er août, ceux-ci mettent le siège devant la ville, qui a à peine eu le temps de pourvoir à se défendre. Comptant sur la solidité des remparts, Raimond Roger Trencavel repousse tout projet de sortie. Le 3 août, pendant que commence le pilonnage des fortifications, les Français enlèvent le bourg Saint Vincent. Suzerain du vicomte, Pierre II d'Aragon obtient des croisés l'autorisation de négocier avec son vassal, auquel il propose la liberté aux dépens de celle de ses hommes. Trencavel ne peut accepter ce marché et la lutte continue, plus violente que jamais.
Pendant quinze jours, les coups de mains se succèdent sans que la situation évolue notablement. Et puis, l'eau vient à manquer. Le 15 août, afin d'éviter à Carcassonne le triste sort de Béziers, Trencavel consent à se rendre. Les habitants sont libres à la condition de quitter la cité, qui passe sous la tutelle des croisés. Quant au vicomte, il est dépossédé de son fief, gardé en otage et jeté au fond d'un cachot.
Béziers et Carcassonne échoient à Simon de Montfort, désormais chef militaire de la croisade contre les Albigeois. En novembre, la mort de Raimond Roger Trencavel (certains soupçonnent Montfort de l'avoir fait assassiner) met fin à toute velléité de révolte de la part des seigneurs occitans. La leçon du massacre de Béziers a porté...

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