LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE ET LES PERSONNALITES

 

SIMON DE MONTFORT,UN GUERRIER AU SERVICE DE LA FOI

S'il fut l'un des plus remarquables capitaines de son temps, Simon de Montfort fit cependant preuve d'une rare brutalité. C'est d'une main de fer qu'il s'employa à pacifier le Languedoc et à éradiquer l'hérésie cathare.

Simon de MontfortCette année 1215 est pleine de promesses pour Simon de Montfort. Depuis 1209 qu'il a été élu à la tête de la croisade contre les Albigeois, l'homme, de haute stature et à la soixante aussi flamboyante que sa chevelure, a réussi, non sans brutalité, à pacifier le Languedoc. Pour récompense de son dévouement à la papauté et à la Couronne de France, le concile de Latran et le roi Philippe Auguste viennent de lui accorder l'investiture des domaines de Raimond Roger Trencavel, vicomte de Béziers et de Carcassonne, et de Raimond VI de Toulouse.

Petit seigneur d'Ile de France, Simon de Montfort est né vers 1160. En 1180, il devient baron de Montfort l'Amaury et d'Epernon. En 1204, il hérite de sa mère, le comté de Leicester, en Angleterre. Il est marié à Alice de Montmorency qui lui donne cinq enfants, dont deux fils qui le suivront en Languedoc. L'aîné, Amaury, prendra sa suite à la tête de l'armée croisée et du comté de Toulouse.
Les chroniqueurs du temps sont loin d'être unanimes à propos de Simon de Montfort. Guillaume de Tudèle est manifestement favorable aux Français. Pierre des Vaux de Cernay ne tarit pas d'éloges. Guillaume de Puylaurens est plus critique. Il se montre un fervent partisan du chef des croisés dans les premières années de la lutte, mais il n'hésite pas à le traiter d'opportuniste ambitieux par la suite.
A Latran, en 1215, malgré l'éloge qu'en fait l'évêque de Toulouse, le pape Innocent III critique les méthodes expéditives de Simon, contre qui il a reçu de nombreuses plaintes. Il le soupçonne par ailleurs d'agir pour son propre compte sans trop se soucier de la lutte contre les hérétiques. De fait, Simon pousse souvent la guerre dans des régions où il n'y a pas de cathares.
En 1209, lorsqu'il prend la tête de la croisade contre les Albigeois, Simon de Montfort n'en est pas à sa première guerre. Il a pris part à la quatrième croisade lors de laquelle il a fait preuve de fermeté, d'initiative et de courage. Il jouit d'une réputation d'infatigable combattant de la foi.
D'un caractère austère mais agréable, Simon de Montfort est homme de bonne compagnie, fidèle en amitié et fort éloquent. Beaucoup parmi les croisés décident de demeurer à ses côtés bien après leur fin de quarantaine, période au retour de Palestine pendant laquelle ils doivent rester au service du roi. C'est un chef avisé qui n'agit pas seul et tient souvent conseil afin de prendre la meilleure décision. Dévoué à ses hommes, il se jette à corps perdu dans la bataille de Muret, en 1213, couvrant leur retraite au péril de sa propre vie.

A la bataille de Moissac, en septembre 1212, Simon de Montfort arbore un écu orné d'un lion, symbole de sa puissance. Paré de toutes les qualités du chevalier chrétien, il est déterminé et persévérant autant que "cruel, homicide et sanguinaire". Il est sans pitié pour ses ennemis comme en témoignent les massacres et les bûchers qui suivent ses victoires. Deux cents personnes sont brûlées vives à la suite de la reddition de Minerve, en 1210. La même année, il fait mutiler la garnison de la ville de Bram qui a osé lui résister.
En novembre 1209, Raimond Roger Trencavel, toujours vicomte dans le coeur de ses sujets, meurt de dysenterie dans le cachot où il croupit depuis la chute de Carcassonne, en août. Cette disparition finit d'asseoir Monfort à la tête de la vicomté. Mais on le soupçonne d'avoir fait assassiner un prisonnier gênant et d'avoir brouillé les pistes en lui faisant des funérailles solennelles.
Serviteur de Dieu avant tout, Simon de Montfort ne manque pas une messe. Sa piété, peut être opportuniste puisqu'il doit tout à l'Eglise, tourne au fanatisme, au point qu'il se sent réellement investi d'une mission divine. En juillet 1218, sous les murs de Toulouse, peu de temps avant d'être frappé par le boulet fatal, il prie Dieu "de lui accorder la victoire ou la mort". Certains ont vu, dans son trépas subit, qui ne lui laisse même pas le temps de se confesser, la marque de la punition divine.
Finalement, le zèle et la cruauté déployés par Simon de Montfort sont en partie responsables de l'échec de la croisade contre les Albigeois. Ils n'ont fait que renforcer la détermination des pays occitans à ne pas céder aux hommes du Nord inféodés à la monarchie capétienne.

Le plus de la fiche

Page MAJ ou créée le

© cliannaz@free.fr