LES CAPETIENS
PHILIPPE AUGUSTE ET LES PERSONNALITES
SIMON DE MONTFORT MEURT SOUS LES REMPARTS DE TOULOUSE
Le 25 juin 1218, Simon de Montfort est mortellement touché par un bloc de pierre. Dans Toulouse assiégée depuis des mois, c'est l'allégresse. Au pied des remparts, on est moins optimiste. Non seulement les croisés ont perdu leur chef, mais la croisade ne survivra pas à la mort de celui qu'on surnomme "le Lion".
Il est encore bien tôt lorsque les
portes de Toulouse s'ouvrent brutalement. Les cris de guerre retentissent,
tandis que le flot des soldats occitans déferle sur les croisés. L'attaque est
si violente que les défenseurs de la tour d'assaut doivent reculer. Les
Français ont mis tous leurs espoirs dans ce redoutable engin de guerre. Dans la
chapelle du Château narbonnais, Simon de Montfort entend la messe. Un messager
surgit, portant la nouvelle de l'offensive. La panique que reflètent son visage
hagard et ses paroles contraste avec le calme du chef des croisés qui s'obstine
à attendre la fin de l'office pour se jeter à son tour dans la mêlée.
La présence de celui qu'on surnomme "le Lion" motive les
croisés et crée la panique chez les Toulousains. Mais ces derniers ne tardent
pas à se ressaisir. Guy de Montfort est touché par une arbalète. Son frère
se porte à son secours, se penche, tend la main... C'est alors qu'un lourd bloc
de pierre, lancé du haut des remparts, vient fracasser son heaume. Simon de
Montfort s'effondre sans un mot. Alors qu'il se meurt, un de ses chevaliers,
témoin de la scène, tente de dissimuler le drame. Lorsque le combat aura
cessé, un lourd silence s'abat sur le camp français à l'annonce de la
nouvelle, tandis que, derrière les remparts de Toulouse, les premiers hourras
se font entendre.
La mort de Simon de Montfort
survient à l'issue de neuf mois de siège. Révoltés contre les croisés qui
tiennent leur ville sur décision du pape Innocent III, les Toulousains ont
demandé le soutien de de leur ancien seigneur exilé. Le 13 septembre 1217,
avec la complicité de ses sujets, Raymond VI entre dans Toulouse. Alerté par
sa femme, restée au Château narbonnais, Simon de Montfort, alors en campagne
du côté de Nîmes, envoie son fils et son frère organiser la contre-attaque.
Mais, entre temps, les croisés ont été chassés de Toulouse par la
population, galvanisée par la présence de son seigneur. Profitant d'une courte
trêve, les habitants entreprennent de relever les remparts, sachant qu'une fois
réorganisés les croisés ne feront pas de quartiers.
Le 22 septembre, les Montfort et leur suite arrivent en vue de Toulouse.
Aussitôt la bataille s'engage. Une brèche est ouverte, par laquelle les
soldats tentent de s'infiltrer, mais ils sont durement repoussés. Simon de
Montfort se décide alors à intervenir et fait route vers Toulouse avec le
légat du pape. Début octobre, ils rejoignent Guy de Montfort et lancent
l'assaut sans attendre. La résistance toulousaine oblige les croisés,
réfugiés dans le Château narbonnais, à mettre le siège. Les Français
envoient des messagers et réclament du renfort aux membres de la croisade
rentrés chez eux neuf ans plus tôt, après avoir prêté serment d'accourir en
cas de besoin.
Des mois durant, le siège se
résume à une suite d'escarmouches, de tentatives de sortie toulousaines et de
percées des croisés. Simon de Montfort le premier, les Français, gagnés par
le découragement et leurs finances lourdement grevées, commencent à perdre
patience. Ce 25 juin 1218, ils sont prêts à abandonner lorsque les Toulousains
tentent une ultime sortie.
Simon de Montfort mort, son fils Amaury, âgé de dix neuf ans, lui succède. Le
légat du pape, les hommes qui ont suivi fidèlement son père pendant neuf ans le
reconnaissent et l'acclament. Mais Amaury n'a ni l'envergure, ni le charisme, ni
les capacités de son père. S'il est intrépide, c'est un piètre chef.
Après une courte période de deuil, les croisés reprennent leur combat. Le
coeur n'y est plus, et l'impatience a bientôt raison des plus aguerris. Le 25
juillet 1218, les Français lèvent le camp. Leur convoi prend la route de
Narbonne, laissant derrière lui, comme ultime signature, le Château narbonnais
en flammes. Dans une caisse, à l'arrière d'un chariot, les ossements du
"Lion" de la croisade sont en route vers leur dernière demeure.
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