LES MEROVINGIENS

DE DAGOBERT 1ER A THIERRY III : CLOVIS II

 

BATHILDE, EPOUSE DE CLOVIS II

Jeune femme de quatorze ans, manipulée par Erchinoald, maire du palais de Neustrie, Bathilde épouse en 649 Clovis II. Ce mariage, destiné à affaiblir le roi mérovingien, se retourne contre son investigateur. Car Bathilde va faire preuve d'une surprenante intuition politique et soutenir avec vigueur la dynastie régnante.

On sait de Bathilde qu'elle est d'origine anglo-saxonne et que, plusieurs années avant son mariage, elle a servi son futur époux. On ne sait si, à son arrivée à la Cour de Neustrie, elle était une de ces esclaves achetées à des trafiquants ou à des pirates saxons; la fille d'un esclave qu'Eloi, trésorier de Dagobert 1er, le père de Clovis II, avait racheté puis libéré; une enfant envoyée par sa famille pour parfaire son éducation parmi les grands.
Bathilde devait cependant occuper une place privilégiée, ayant été élevée au rang de nourrice par Erchinoald, maire du palais du royaume de Neustrie. C'est néanmoins, l'absence d'un riche groupe familial pour la soutenir qui engage Erchinoald à la choisir comme épouse royale. Par là, le maire du palais ne vise rien d'autre que de fragiliser l'autorité du jeune Clovis II.

De l'union entre Bathilde et Clovis II naissent trois enfants : Clotaire, Childéric et Thierry. A la mort de Clovis, en 657,  Bathilde se voit confier la régence du royaume pour le compte de son premier fils, Clotaire, alors âgé de cinq ans. C'est alors que la reine va donner libre cours à son talent politique. Elle gouverne sagement, employant une inépuisable énergie à lutter contre la simonie et l'esclavage. A la mort d'Erchinoald, en 658, Bathilde le remplace par Ebroïn. Ce dernier a pour parrain Leudesius, aristocrate apparenté à Erchinoald. Une tendance se profile en Neustrie à transmettre héréditairement la charge de maire du palais. Mais en choisissant un parent aussi lointain, la reine parvient à préserver les apparences : malgré le jeu des grandes familles, une transmission aussi directe a été évitée. Cependant, Bathilde va s'ériger tout au long de sa carrière politique en rempart contre le pouvoir du nouveau maître du palais.
Par ailleurs, la reine inaugure une tradition salvatrice pour les Francs. En imposant comme seul héritier Clotaire, son aîné, elle empêche la partition du royaume entre ses enfants, évitant ainsi de nouvelles divisions et les querelles qui ne manquent pas d'en être le pendant.

Bathilde s'inscrit aussi dans la ligne politique de ses principaux inspirateurs : Loi et Radon. Partant du constat que certains parents, trop pauvres pour payer l'impôt par tête (prélèvement fiscal réglé par chaque foyer en fonction du nombre de ses membres), laissent mourir leurs nouveau-nés, pratique cruelle, qui en outre, nuit à la démographie du pays, elle engage deux réformes importantes. D'une part, elle édicte plusieurs lois qui condamnent sévèrement les mauvais parents. D'autre part, elle freine les ardeurs du fisc. La reine fait ainsi preuve d'un grand sens politique et d'une conscience aiguë des difficultés des sujets du royaume tout à faits surprenants pour une femme dont la condition première était fort modeste.
Bathilde consacre également une part importante de sa fortune à racheter des esclaves et à les libérer, reprenant à son compte la démarche d'Eloi qui lui avait peut-être permis d'accéder à la liberté.
Dans le prolongement de l'action de Dagobert 1er, et en accord avec la charge de protection de l'Eglise dévolue aux Mérovingiens depuis que Clovis s'est substitué aux derniers empereurs d'Occident, elle couvre de biens moines et évêques. C'est parmi ces derniers qu'elle trouve ses meilleurs conseillers, tel Genius, évêque De Lyon, ou Erembert, évêque de Toulouse.
Enfin, la reine pèse de tout son poids et de toute son autorité afin d'entraver les velléités de l'aristocratie, tant neustrienne qu'Austrasienne, à s'arroger le pouvoir et parvient à équilibrer momentanément le jeu des alliances.
La disparition de ses principaux appuis va pourtant progressivement l'isoler. Aussi dans la deuxième période de sa vie, Bathilde est contrainte de se retirer au monastère de Chelles, où elle se consacrera au service de Dieu et des humbles.

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