LES MEROVINGIENS

DE DAGOBERT 1ER A THIERRY III : CLOVIS II

 

BATHILDE LA REINE DEVENUE SAINTE

Dans la première partie de sa vie, Bathilde, jeune esclave devenue reine en épousant Clovis II, a su relever la dynastie mérovingienne chancelante. Finalement exclue de la vie politique, elle quitte la Cour, en 665, pour Chelles, monastère qu'elle a fondé et où elle peut dès lors vivre dans la piété la plus grande et la plus humble.

Ce n'est pas un hasard si la vie de Bathilde nous est connue par le récit rédigé par les nonnes avec lesquelles elle a passé les dernières années de sa vie. Il faut y voir le signe de l'empreinte spirituelle que cette modeste anglo-saxonne a laissé sur ses contemporains, qu'ils soient clercs ou laïcs.

Bathilde n'a pas attendu d'être cloîtrée pour apposer sa marque sur la vie religieuse du siècle. Tandis qu'elle exerce la régence du royaume, pendant la minorité de Clotaire III, son action politique témoigne d'une réflexion novatrice sur la place de l'Eglise et du clergé au sein de la société mérovingienne.
En premier lieu, Bathilde s'est engagée, non sans peine, dans une réforme de la règle de fonctionnement des établissements religieux, qu'elle souhaite appliquer tout d'abord aux principales basiliques avant de l'étendre à toutes les institutions. Pour la reine, il s'agit de suivre les consignes édictées par Rome en permettant aux abbayes de recourir à l'évêque de leur choix pour les actes d'ordination et toutes cérémonies spéciales supposant l'intervention d'un prélat. Une telle liberté doit-elle aboutir à l'octroi d'une immunité totale? C'est bien ce que croient les évêques, qui voient là leur échapper l'énorme pouvoir découlant de la nomination des abbés. Sans compter qu'ils sont terrifiés à l'idée de perdre le prestige attaché aux reliques conservées dans les basiliques.
Les desseins de Bathilde sont tout autres. En reconnaissant aux basiliques une autonomie, qui leur est normalement accordée dans d'autres pays catholiques, la reine compte revigorer le rôle de protecteur de l'Eglise dévolu à la famille royale. En ce sens, elle s'oppose aux aristocraties locales dont sont issus les évêques.
Bathilde entreprend également de lutter activement contre la simonie, pratique qui permet aux plus riches l'achat des ministères vacants. Cette nouvelle prise de position achève de dresser les Grands de l'Eglise contre la reine.

Dès lors, Bathilde est calomniée, insultée. Après la mort suspecte de l'évêque de Lyon, ses détracteurs n'hésitent pas à la qualifier de "sorcière". Il n'en faut pas plus pour que la rumeur s'enfle et pour que la reine soit rendue responsable de toutes sortes de disparitions.
Quand meurt Eloi, l'ancien trésorier de Dagobert 1er, en 660, la régente perd son meilleur appui. Malgré la fidélité et le soutien de Dadon de Rouen ou de Chrodebert de Paris, elle est en butte à l'hostilité d'Ebrïn, le maire du palais de Neustrie. Celui-ci tire prétexte de sa volonté de venger le meurtre d'un de ses proches, pour lui signifier la faiblesse de sa position. En peu de mots, il lui fait comprendre qu'il est préférable de vivre recluse dans un couvent plutôt que de mourir sur le trône...
En 665, Bathilde se réfugie donc à Chelles. Elle a fondé ce monastère, situé au sud-ouest de Meaux, en 658 et l'a richement doté. Dès son arrivée, elle offre au couvent les restes de sa gloire révolue et se consacre entièrement à Dieu. Son attitude humble et modeste, sa ferveur l'a font rapidement passer, aux yeux des autres nonnes, pour une sainte. Et c'est comme telle qu'elle est inhumée, après sa mort, le 30 janvier 680.

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