LES MEROVINGIENS

CLOTAIRE, LE CHEF D'ETAT

 

L'AFFREUX MASSACRE DES FILS DE CLODOMIR

Mort durant l'expédition contre les Burgondes, Clodomir, le deuxième fils du grand Clovis, laisse à la tête de son royaume d'Orléans sa veuve, Gontheuque, et leurs trois jeunes fils. En 533, ces malheureux enfants vont être les victimes de la rapacité de leurs oncles Childebert 1er et Clotaire 1er.

Le 21 juin 524, à Vézeronze, orès de la Tour du Pin, dans l'Isère, le deuxième fils de Clovis, trouve la mort au combat, alors que, allié à ses frères, il tente de soumettre les Burgondes. Le jeune roi d'Orléans n'a pas encore 30 ans et il laisse une veuve éplorée, Gontheuque, et leurs trois enfants, Gonthaire, Théodebald et Clodoald.
A peine a-t-il appris la mort de son aîné, que Clotaire 1er, roi de Neustrie, songe déjà à agrandir ses possessions en s'emparant de l'héritage de ses neveux. Il se précipite à Orléans, où il épouse de force Gontheuque. Fidèle à la coutume germanique, que pourtant Clovis a cherché à abolir, il s'assure ainsi la "régence" sur ce royaume sans souverain majeur.

Pendant ce temps, les trois fils de Clodomir ont trouvé refuge auprès de leur grand-mère, la reine Clotilde. Dans son palais de la montagne Sainte Geneviève, celle-ci leur fait donner une éducation digne de leur rang et compte les placer sur le trône de leur père lorsqu'ils auront atteint leur majorité. Mais Clotaire 1er n'a pas dit son dernier mot. Et la reine sera impuissante à contrecarrer ses sombres desseins.
Childebert 1er, roi de Paris, brigue lui aussi l'héritage de Clodomir. Aussi convie-t-il son frère Clotaire 1er dans sa capitale. Là, ils pourront s'entendre sur le partage du royaume d'Orléans et décider du sort de leurs gênants neveux. En 533, Clotaire 1er et Childebert 1er finissent par trouver un accord. Pour parvenir à leurs fins, il leur faut d'abord soustraire leurs victimes à la protection de Clotilde. Ils envoient un messager à la reine, par lequel ils l'informent qu'ils entendent reconnaître officiellement les droits à la souveraineté de leurs neveux lors d'une grande cérémonie qui sera donnée au palais de l'Ile de la Cité. Sans douter de la bonne foi de ses fils, Clotilde revêt Gonthaire, Théodebald et Clodoald de leurs plus beaux atours et les fait conduire auprès de leurs oncles sous bonne escorte.
Sitôt arrivés au palais de Childebert 1er, les trois garçons sont enlevés à la garde de leurs serviteurs. Puis, Childebert 1er et Clotaire 1er envoient une nouvelle missive à Clotilde. Cette fois, ils lui dévoilent leurs véritables intentions : "C'est à ta volonté que tes fils font appel. Que penses-tu qu'il faut faire des enfants? Donnes tu l'ordre de les laisser vivre avec les cheveux coupés ou de les égorger tous les deux?"

Horrifiée et folle de rage, Clotilde n'a cependant pas le courage d'opter pour la tonsure, qui, en leur ôtant leur longue chevelure, apanage des souverains mérovingiens, attesterait symboliquement l'abandon des droits des enfants.
Déchirée par la douleur devant la trahison de ses fils et la crainte de perdre ses petits-fils, la reine finit par s'exclamer : "Plutôt morts que tondus". Et c'est bien la réaction escomptée par Childebert 1er et Clotaire 1er.
Sitôt le retour de l'émissaire porteur de la réponse de Clotilde, le roi de Neustrie se rue sur l'aîné de ses neveux, Gonthaire, tout juste âgé de 10 ans, et lui assène un coup de poignard en plein coeur. Théodebald, horrifié par l'assassinat de son aîné, se jette aux pieds de Childebert 1er et implore sa grâce. Attendri par les pleurs de ce garçon de 8 ans, le roi de Paris offre à Clotaire 1er de lui céder sa part du royaume de Clodomir s'il laisse la vie sauve à Théodebald. Mais Clotaire 1er n'entend pas se laisser émouvoir pour si peu. Il rappelle que ce n'est pas lui mais son frère qui a eu l'idée de le convier à Paris pour régler définitivement le sort des héritiers de Clodomir. Résigné, Childebert 1er repousse Théodebald et l'envoie s'empaler sur l'épée de Clotaire 1er, qui achève l'enfant en l'étranglant. Il ne reste plus qu'à régler le sort du benjamin, Clodoald. Mais celui-ci a disparu, peut-être sauvé par un fidèle et dévoué guerrier. Malgré tous leurs efforts, les assassins ne le retrouveront pas.
Tandis que Clotaire s'en retourne à Soissons, sa capitale, Childebert quitte son palais parisien pour une de ses résidences de la rive gauche de la Seine. Clotilde, elle, s'en vient chercher les cadavres de Gonthaire et de Théodebald. Elle les fera inhumer dans la basilique Saint Pierre, au sommet de la montagne Sainte Geneviève, près de leur grand-père, le grand Clovis. Puis, elle s'exilera à Tours; où elle étanchera sa peine et ses larmes au service de Dieu.

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