A LA MORT DE THEODEBALD, CLOTAIRE 1ER S'EMPARE DU ROYAUME D'AUSTRASIE

En 554, Théodebald, souverain faible et dégénéré, meurt sans laisser d'héritier. Le dernier descendant de Thierry 1er disparu, Clotaire 1er, roi de Neustrie, va s'emparer de l'Austrasie sans que nul ne s'oppose à son appétit de pouvoir et à ses ambitions hégémoniques.

Théodebald devient roi d'Austrasie à 12 ans, à la mort de son père, Théodebert 1er. Son grand-père est Thierry 1er, né du premier lit du grand Clovis qui, avant d'épouser Clotilde, avait convolé avec une princesse thuringienne. En 534, Thierry 1er était mort sans avoir réussi à réunifier le royaume franc. Son successeur, son fils Théodebert 1er, s'était illustré dans la lutte contre les Vikings qui menaçaient le nord du royaume d'Austrasie. En 548, Théodebald, son seul héritier, lui succédait.

Théodebald est le fils de Deoteria, une intrigante romaine originaire de la région de Béziers que Théodebert 1er avait rencontrée lors d'une campagne contre les Goths et dont il avait fait sa favorite. Bien que sa mère ait été éloignée de la Cour, où elle faisait scandale, l'enfant y a été élevé avec toute l'attention digne d'un futur souverain. Mais les soins dont il a fait l'objet n'ont pu ni renforcer sa fragile constitution ni pallier ses déficiences mentales. Bien que de haute lignée, l'arrière-petit-fils de Clovis est un prince dégénéré, tant au physique qu'au moral. Ces lourdes tares n'empêchent pas Théodebald de succéder à son père, bien au contraire. A la mort de Théodebert 1er, en 548, les Grands d'Austrasie s'empressent de le proclamer roi, dans l'espoir de conserver leur autonomie face aux ambitions de Clotaire 1er, roi de Neustrie, et de pouvoir manipuler à leur guise un souverain sans envergure ni personnalité affirmée.
Malgré une santé fragile, Théodebald atteint sa majorité et peut donc monter sur le trône. Tout au long des 15 années d'un règne sans gloire, il parviendra cependant à garder le royaume en paix et à conserver les positions acquises par son père en Italie. Marié à la princesse Vuldetrade, Théodebald n'aura pas d'enfant. Vers l'âge de 27 ans, il sombrera dans la maladie et, paralysé, s'éteindra en 554, après des mois d'atroces souffrances.

La mort de Théodebald sonne le glas de la lignée de Thierry 1er et de l'indépendance de l'Austrasie. Clotaire 1er, roi de Neustrie, ne peut que se réjouir de la disparition de son neveu. Celui-ci étant décédé sans laisser d'héritier, le royaume austrasien est désormais à portée de main, proie facile pour le Neustrien avide de pouvoir qui affiche avec insolence une inextinguible soif d'expansion territoriale.
Clotaire 1er enlève la veuve du défunt Théodebald, la reine Vuldetrade, dans le dessein d'en faire son épouse. Celle-ci sous sa coupe, il aura légitimement la main mise sur l'Austrasie. Le roi de Neustrie est coutumier du fait. Déjà, en 524, à la mort de son frère Clodomir, roi d'Orléans, après avoir fait assassiner ses neveux, il a d'autorité épousé la reine Gontheuque. Mais, cette fois, il lui faut compter avec les évêques austrasiens. Ceux-ci s'élèvent contre le procédé et réclament justice au nom du défunt roi Théodebald. Des négociations sont engagées avec les Grands du royaume de l'Est. Finalement, Clotaire 1er, pourvu qu'il obtienne le pouvoir et qu'il coiffe la couronne d'Austrasie, laisse Vuldetrade libre de se retirer où bon lui semble. A la cour de Neustrie, la reine Radegonde s'indigne devant tant de vilénie. Quant au troisième fils de Clotilde, Childebert 1er, roi de Paris, il reste à l'écart de ce problème de succession, peu désireux de régner sur des terres exposées à la menace permanente des Saxons.
A force de patience et d'intrigues, Clotaire 1er a posé une nouvelle pierre sur le chemin du pouvoir absolu dont il rêve depuis si longtemps. Que cet édifice se construise au prix de la disparition d'une lignée mérovingienne lui importe peu. S'il devait se justifier, il arguerait que Thierry 1er n'était que le fils d'une concubine païenne et non, comme lui, celui de la reine très chrétienne qu'était Clotilde.

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