LES MEROVINGIENS

CLOVIS, SA VIE

 

 CLOTILDE MEURT TRENTE CINQ ANS APRES SON ILLUSTRE EPOUX

Après la mort soudaine de Clovis en 511, c'est à Clotilde que revient la lourde charge de mener à leur terme les desseins du grand roi. Au long des quelques 35 ans au cours desquels elle lui survivra, elle sera alternativement confrontée à la gloire et aux plus terribles drames. Et c'est finalement dans la foi, celle de son enfance à laquelle elle est restée profondément attachée, qu'elle trouvera la paix.

Si elle ne saurait accéder au trône, Clotilde est néanmoins à la tête d'une immense fortune personnelle, reposant à la fois sur sa dot et sur les richesses mobilières héritées de son mari. Incarnant l'autorité suprême du clan familial, la reine va jouer un rôle décisif dans le règlement de la succession de Clovis.

Dans son enfance, Clotilde a profondément souffert de l'ambition et de la tyrannie de son oncle Gondebaud qui, pour accéder au trône burgonde, a fait abattre son père et a noyé sa mère. Clotilde en a gardé une intense rencoeur contre les Burgondes et toute sa vie sera marquée par son désir de vengeance. A la mort de Clovis, en 511, elle garde le titre de reine et va enfin pouvoir parfaire sa revanche. Le meurtre de son petit-neveu Sigeric, assassiné par son propre père Sigismond, va ainsi lui donner l'occasion de diriger la brutalité de ses fils contre le royaume burgonde. En tant que doyenne de sa lignée, elle a en effet le droit de réclamer le prix du sang versé. Sous la pression de sa mère, Clodomir se charge bien vite, avec l'aide des Ostrogoths d'Italie, de mettre à feu et à sang le territoire burgonde. Rapidement, il pénètre les défenses ennemies. Déçus par leur roi, les Burgondes le livrent avec femme et enfants. Tous sont exécutés et leurs corps jetés au fond d'un puits. Après tant d'années, Clotilde a enfin assouvi sa vengeance.

Clovis est mort sans avoir réglé le problème de sa succession. Clotilde a alors 36 ans et son aîné, Clotaire n'a pas encore 10 ans. De longue date, le roi a associé Thierry, son fils aîné qui fait figure d'unique héritier, aux affaires du royaume. Mais Clotilde ne peut tolérer que ce fils, né d'un mariage avec une princesse rhénane de second rang, soit le seul bénéficiaire du grand oeuvre de son mari, aux dépens de sa propre descendance. Elle use donc de tout son poids politique et financier pour imposer un partage du royaume entre les fils de Clovis. Le territoire franc, qui s'étend du Rhin aux Pyrénées, est assez grand pour être divisé en quatre parts. C'est ainsi qu'est inaugurée la coutume mérovingienne du partage du royaume. Jusqu'alors, le roi, choisi par les Grands, était simplement élevé sur un pavois. Cet équilibre instable va porter les rivalités fraternelles à leur paroxysme. La mort de Clodomir, lors d'un raid contre les Burgondes, réveille l'appétit de pouvoir de ses frères. Clotaire, cadet de Clodomir, décide d'épouser sa belle-soeur et de s'approprier le royaume de son frère. Clotilde, qui assure la régence, pressent le drame et prend ses trois petits-enfants, Théobald, Gunthaire et Clodoald, sous sa protection. Mais Clotaire et son benjamin, Childebert, décident de tuer leurs neveux pour s'emparer de leur héritage.

Clotilde va alors se retrouver face au plus cruel des dilemmes. Ayant la force pour eux, ses fils remettent le destin de leurs neveux entre ses mains. Ils lui envoient des ciseaux et une épée et la somment de décider du sort des jeunes garçons : la tonsure ou la mort. Ecoeurée par tant de bassesse, Clotilde s'exclame avec désespoir qu'elle préfère voir les petits morts plutôt que, suprême humiliation, privés de leur abondante chevelure, marque de leur dignité et de leur appartenance à la caste royale. Clotaire poignarde alors l'aîné puis égorge le benjamin. Seul Clodoald est sauvé in extremis. Il fondera plus tard le monastère de Saint Cloud, près de Paris. Clotilde comprend trop tard quelle affreuse erreur elle a commise en procédant au partage du royaume de Clovis. Théobald et Gunthaire ensevelis en grande pompe auprès de leur grand-père, son coeur de mère et de grand-mère saigne à tout jamais. Elle se réfugie dans la foi et s'exile à Tours. Là, elle consacre ses dernières années à la prière et aux bonnes oeuvres. A sa mort, le 3 mai 545 (ou selon certaines sources le 3 juin 548), ses fils se repentent de l'avoir tant fait souffrir. Ils ramènent sa dépouille à Paris et la font ensevelir auprès de son époux et de son amie Geneviève dans la basilique consacrée aux apôtres Pierre et Paul.

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