LES MEROVINGIENS

CLOVIS, SA VIE

 

CLOVIS EPOUSE CLOTILDE

En épousant Clotilde, en 493, Clovis, roi des Francs Saliens entend devenir l'égal des Grands d'Occident. Il recueille ainsi le fruit de sa valeur au combat et en particulier de sa victoire sur Sygarius, en 486, dernier des représentants romains en Gaule. Parallèlement, bénéficiant du soutien des évêques gallo-romains, il fait désormais figure de seul roi légitime parmi les souverains barbares.

Escortée de guerriers francs, la "belle et sage" Clotilde rejoint Clovis aux environs de Troyes, à Villery. Le couple se dirige ensuite vers Soissons où les noces vont être consommées. En effet, nulle cérémonie officielle n'est de coutume chez les Francs : les époux se donnent seulement charnellement l'un à l'autre. Au matin, la mariée reçoit un don, le Morgengabe. Aux yeux de tous, le jeune époux atteste ainsi que sa femme était bien vierge et que les enfants qui naîtront de l'union constitueront sa descendance.

La généalogie de Clotilde remonte jusqu'à Athanaric, roi des Wisigoths, et l'insère dans une lignée des plus prestigieuses. Depuis l'assassinat de ses parents, la jeune fille vit sous la coupe de son oncle Gondebaud, roi des Burgondes. Elle vit à Genève chez son oncle Godesil, puis rejoint le palais de Gondebaud à Lyon. Si le mariage avec Clovis peut apparaître comme une mésalliance, il est cependant pour la fiancée le seul moyen d'échapper à sa prison dorée. Pour l'épiscopat gallo-romain (alors en lutte contre l'arianisme des Wisigoths et des Burgondes), cette princesse chrétienne apparaît comme la candidate idéale. Clovis, déjà marié à une princesse rhénane, est à la recherche d'une épouse de premier rang grâce à laquelle il pourra s'élever en dignité parmi les souverains barbares qui règnent sur les restes de l'Empire Romain d'Occident. A 28 ans, il est roi des Francs Saliens depuis 12 ans déjà. Encore païen, il n'a cependant jamais fait montre d'hostilité à l'égard des chrétiens et les évêques ne désespèrent pas de l'amener à la religion du Christ. Ils auront désormais en la personne de Clotilde un atout de poids dans leur jeu. Avec leur appui, Clovis sera aux yeux de Rome, le seul souverain légitime parmi les rois barbares.
La légende veut que Clovis ait pris contact avec sa future épouse par le truchement d'un envoyé déguisé en mendiant, Aurélien. A Genève, celui-ci s'introduit auprès de Clotilde au sortir de la messe et l'informe de sa requête : "Mon maître, le roi Clovis, te veut pour épouse". Il remet à la princesse l'anneau sigillaire (muni du sceau) du roi des Francs en gage de promesse de mariage.

L'année suivante, Clovis fait officiellement sa demande à Gondebaud. Le roi des Burgondes n'est guère enthousiaste à l'idée d'unir sa nièce à ce souverain ambitieux et belliqueux qu'il ne souhaite ni pour allié ni pour ennemi. Cependant, favoriser le substitut de fait de Sygarius, dernier représentant en Gaule de l'Empire Romain d'Occident, constitue une alliance politique valable contre les peuples Goths voisins (les Ostrogoths en Italie et les Wisigoths en Aquitaine). Gondebaud, avec une mauvaise grâce manifeste, accepte donc que les noces soient célébrées. Puis se ravise, et envoie un détachement récupérer sa nièce, déjà en route pour Soissons. Autoritaire et fière de son rang, Clotilde n'éprouve aucune crainte. Si ce n'est à l'égard de son oncle Gondebaud. Et ce qu'elle craint le plus au monde, c'est qu'il ne se ravise, même au tout dernier moment. Seule la terre franque peut lui offrir le salut. Aussi, excellente cavalière, elle refuse de monter dans la charrette préparée à son intention et exige qu'on lui selle un cheval. De Lyon à Dijon puis à Troyes, pendant les cinq jours que dure le voyage, Clotilde, faisant l'admiration de l'escorte envoyée par Clovis, mène bien souvent le train.
Libérée de la pesante tutelle de Gondebaud, Clotilde s'affirme. Pour commencer, elle impose une fidélité toute chrétienne à son mari. Cette union est limitée par les seules relations du roi avec sa première femme, une princesse rhénane qui lui a donné un premier fils, Thierry.
Le premier enfant du nouveau couple, Ingomer, meurt à peine baptisé. Les naissances de Clodomir, en 495, de Childebert, vers 497, puis de Clotaire, en 500, assurent définitivement la descendance de Clovis et, par là même, le statut de première épouse de Clotilde. Celle-ci peut alors se consacrer à assouvir sa vengeance contre Gondebaud, l'assasin de ses parents. Son influence va contribuer au retournement d'alliance entre les Burgondes et Clovis, à partir de 500.

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