LES MEROVINGIENS

DESCENDANTS DE CLOTAIRE 1ER : GONTRAN

 

GONTRAN JEUNE ROI DE BURGONDIE

Deuxième fils du puissant Clotaire 1er, Gontran a hérité de son père les royaumes de Burgondie et d'Orléans. Les premières années de son règne ne laissent en rien augurer de son rôle de futur médiateur dans la querelle qui opposera ses cadets, Chilpéric 1er de Neustrie et Sigebert 1er d'Austrasie. Il n'est alors qu'un jeune souverain mérovingien pris de passion pour la chasse et les jolies femmes.

Né vers 545, le deuxième fils du roi des Francs Clotaire 1er et de la reine Ingonde a été baptisé Gontran, un prénom d'origine burgonde. A la mort de son père, en 561, il a reçu en partage les royaumes de Burgondie et d'Orléans. Le jeune roi ne se distingue guère des autres petits-fils de Clovis, Charibert, roi de Paris, Chilpéric 1er, roi de Neustrie, et Sigebert 1er, roi d'Austrasie. Si l'une de ses premières décisions est de confirmer la loi gombette, qui a été rédigée vers 500-501 sur ordre du roi des Burgondes Gondebaud, comme ses trois frères il se conduit en chef tout puissant et fait souvent preuve d'une grande brutalité.

Au cours d'une partie de chasse, Gontran fait mettre à la torture plusieurs nobles. De quoi sont-ils accusés? Le roi les soupçonne de lui avoir dérobé son cor. Un cor que, semble-t-il, il aurait perdu en pistant un gibier rétif... Même le cubiculaire Chiundon, fonctionnaire royal tenant à la fois de valet de chambre et de secrétaire, ne saurait échapper à la brutalité et au tempérament colérique du souverain. Cette fois là, une pièce de gros gibier a été abattue dans une forêt royale des Vosges. Le garde du domaine désigne en la personne du malheureux Chuindon le fauteur de trouble, coupable de crime de lèse-majesté. Sommé de s'expliquer, le fonctionnaire clame son innocence. Mais Gontran n'est pas convaincu et exige que le problème soit réglé par l'ordalie, le jugement de Dieu, pratique pourtant réprouvée par l'Eglise, opposant en combat singulier les champions des deux partis en conflit. Le parti de Chiundon a beau remporter la victoire, signe de la bienveillance divine qui ne saurait favoriser le coupable, Gontran doute encore. Il interprète la mort du champion de Chiundon comme le preuve du crime du cubiculaire! Celui-ci est capturé alors qu'il tente de se réfugier à la basilique de Châlon sur Saône et lapidé sans plus attendre.
Peu respectueux des leudes, Gontran l'est encore moins de leur maison. Il a ainsi une liaison (la première qu'on lui connaisse) avec Vénérande, servante d'un des grands de sa Cour. Enceinte de ses oeuvres, la jeune femme donne le jour à un fils, Gondebaud.

Puis, Gontran séduit une jeune noble, Mercatrude, qui, a la chance de devenir son épouse légitime. Bientôt il est père d'un second fils. Mais la reine entend régner sur son époux comme sur sa Maison et ne supporte pas Vénérande. Elle exige et obtient que la servante soit exilée à Orléans. Ce châtiment lui semblant encore trop doux, elle ordonne à un de ses sbires d'aller empoisonner l'enfant de sa rivale. Le jeune Gondebaud mort, Mercatrude n'aura pas le temps de savourer sa vengeance. Son fils rendra l'âme peu après, et elle connaîtra, elle aussi, la douleur d'une mère à qui le destin a pris son enfant.
Brutal, séducteur, Gontran sait aussi être calculateur. A la mort de son aîné Charibert, en 567, il s'empresse d'accueillir la veuve du défunt, Theudogilde, qui lui a demandé protection et asile. Celle-ci, pour échapper aux ambitions et aux complots de Chilpéric 1er et de Sigebert 1er, se réfugie à la cour de Burgondie. Avec son trésor... Qu'elle n'est pas sa surprise lorsque celui qui s'est affirmé son protecteur proclame "qu'elle s'est introduite illégitimement dans la couche de Charibert". Elle n'a plus qu'à s'incliner, tandis que Gontran s'empare de tous ses biens et l'envoie finir ses jours en recluse dans un monastère.
Austrigilde, avec qui convole finalement, Gontran, n'a rien d'un ange de douceur, au point qu'on la compare à la cruelle Frédégonde, l'épouse de Chilpéric 1er. Après avoir séduit le roi de Burgondie, Austrigilde se démène pour que Mercatrude soit répudiée et renvoyée du palais. Elle pourra ainsi devenir à son tour l'épouse légitime du souverain. Mais les deux frères de la reine humiliée et disgraciée protestent et plaident la cause de leur soeur. Austrigilde, qui ne saurait tolérer un tel affront, réclame à cor et à cri leur exécution. Requête odieuse que Gontran va satisfaire. Quelques années plus tard, Austrigilde, atteinte d'un mal incurable, agonise. Elle fait promettre à son royal époux que ses médecins la suivront dans la tombe. Mais, à sa mort, Gontran se ravise et ne fait occire que deux malheureux. Deux n'est-il pas un pluriel? Et Austrigilde n'a mentionné, sans plus de précision, que "ses" médecins.

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