LES MEROVINGIENS

DESCENDANTS DE CLOTAIRE 1ER : GONTRAN

 

GONTRAN ENTRE BRUNEHAUT ET FREDEGONDE

Depuis la mort de leur père Clotaire 1er en 561, Gontran, roi de Burgondie, n'a cessé de chercher à calmer les dissensions entre ses frères, Sigebert 1er, roi d'Austrasie, et Chilpéric 1er, roi de Nesutrie. Ceux-ci, disparus à leur tour, il va prendre sous son aile ses neveux et ses belles-soeurs, Brunehaut et Frédégonde, et tenter de réconcilier les deux camps ennemis. Devenu le personnage central du royaume, il s'emploie à restaurer l'unité et la concorde.

A la mort de Sigebert 1er, en 575, Gontran accorde son soutien à sa belle-soeur, la reine régente Brunehaut, et défend son jeune neveu Childebert II contre les entreprise de Chilpéric 1er. En 577, ayant perdu ses deux fils, le roi de Burgondie adopte Childebert, pour lequel il revendique les terres usurpées par le roi de Neustrie. En 584, Chilpéric 1er est poignardé au retour de la chasse par un inconnu. Son épouse Frédégonde, qui assure de fait la régence de son fils, le futur Clotaire II, âgé d'un an à peine, se sent menacée. N'a-t-elle pas sur les mains le sang de Galswinthe, la soeur aînée de Brunehaut, celui de Sigebert 1er, qu'elle aurait fait assassiner, et celui des fils du premier mariage de Chilpéric, qu'elle a fait éliminer pour garantir les droits successoraux de sa progéniture? Sans son royal époux pour couvrir ses crimes, sa position est fragile. Aussi elle en appelle à Gontran, dernier survivant de la troisième génération des Mérovingiens.

Frédégonde adresse à Gontran la supplique suivante : "Que mon seigneur vienne, et qu'il prenne possession du royaume de son frère. J'ai un enfant tout petit : je souhaite le poser dans ses bras (c'est à dire en faire son filleul). Quant à moi je me soumets humblement à son autorité". Aussi surprenante que soit cette requête venant d'une reine si autoritaire, Gontran accepte cette occasion rêvée d'étendre son influence et accourt à Paris. A peine est-il arrivé que Childebert II se présente aux portes de la cité pour réclamer justice et venger l'assassinat de son père. Mais les leudes neustriens lui refusent l'entrée du palais. Quant aux ambassadeurs envoyés à Gontran, ils sont vertement éconduits sous prétexte que Sigebert a violé le traité de paix signé par ses oncles à la mort de Charibert, en 567, perdant ainsi tout droit sur l'héritage de Chilpéric 1er.
Childebert II ne désarme pas et envoie de nouveaux émissaires. Il exige qu'on lui livre Frédégonde, la "femme homicide". Pour toute réponse, Gontran propose qu'un tribunal décide de l'attribution de l'héritage de Chilpéric 1er. Une assemblée des grands de Neustrie se tient donc l'année suivante. Son verdict fait si peu de doute que Childebert ne juge pas utile de s'y rendre. D'autant que Gontran a mis ces quelques mois à profit pour occuper des cités du Sud Ouest qui font pourtant partie de l'héritage neustrien. Quant à Frédégonde, le roi de Burgondie refuse de la livrer. Elle reste malgré tout la mère de son filleul, le futur roi de Neustrie.

Mais Gontran va devoir affronter de nouveaux périls. Au sud du royaume de Burgondie, Mummole, duc d'Avignon, qui a été longtemps son plus vaillant et fidèle général fomente une rébellion autour de la personne de Gondovald, fils de Clotaire 1er et de la reine Vuldetrade, de retour de Byzance. Une fois ce prétendant au trône élevé roi sur un bouclier, Mummole, avec son compagnon Didier, entreprend de rançonner le Midi de la France et marche sur Paris et la vallée de la Seine. Face à cet adversaire puissant, Gontran doit faire alliance avec Childebert II. En signe de réconciliation, il fait de son neveu son successeur désigné : "Va et soumets à mon autorité toutes mes villes comme si elles étaient tiennes. Et tu me succéderas dans mon royaume comme unique héritier". Childebert II se porte au-devant des rebelles, qui doivent se replier au sud de la Garonne. Conscient de son infériorité, Didier fait défection. Peu après, Gondevald est massacré comme il allait se rendre. Ainsi baptisée dans le sang, une ère de relative tranquillité débute pour le royaume franc : Burgondie et Austrasie iront main dans la main, tandis que la Neustrie sera réduite à la portion congrue.

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