LES VALOIS
HENRI III, LES PERSONNALITES
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LA REINE MARGOT ET BUSSY D'AMBOISE La liaison qui, depuis le printemps 1575, unit Louis de Clermont, seigneur de Bussy, et Marguerite de Navarre, la reine Margot, est un secret de polichinelle. La jeune femme ne fait rien pour s'en cacher et couvre ostensiblement son galant de cadeaux, qu'elle personnalise en les brodant de sa propre main. De son côté, le fringant capitaine ne se montre guère discret, et va jusqu'à se vanter de sa familiarité avec la soeur d'Henri III. Leur relation révélée par Louis Béranger Du Guast, triste sire et délateur patenté, les amants n'échapperont aux foudres du roi que grâce à l'intervention de la reine-mère Catherine de Médicis. "En ce siècle-là, de son sexe et de sa qualité, il n'y avait rien de semblable en valeur, réputation, grâce et esprit", se souvient avec émotion la reine Margot, soeur d'Henri III et épouse du roi de Navarre, le futur Henri IV. Vingt ans ont passé, lorsqu'elle évoque dans ses Mémoires, la figure de son amant Louis de Clermont, seigneur de Bussy, dit Bussy d'Amboise. Mais le temps n'a pas émoussé ses sentiments. Au printemps 1575, Margot va fêter ses vingt deux ans et surpasse par ses charmes toutes les princesses de son temps. Bussy, lui, est réputé pour sa témérité. Agé de vingt six ans, ce galant gentilhomme, dont l'audace frise l'insolence, possède l'art de bien parler et taquine volontiers la Muse. Le poète Agrippa d'Aubigné ne l'a-t-il pas surpris corrigeant des vers grecs? De plus, il a une allure folle et la beauté du diable. A la Cour, la reine Margot a maintes fois croisé
Bussy d'Amboise, qui lui a maintes fois conté fleurette en tout bien
tout honneur. Mais les circonstances vont changer la nature de leur relation.
Bussy vient de quitter la Maison d'Henri III pour passer au service de Monsieur,
le duc François d'Alençon, frère cadet du roi. "Il
était toujours auprès de mon frère [Alençon], et
par conséquent avec moi, mon frère et moi étant presque
toujours ensemble", explique Margot. La familiarité aidant,
les deux jeunes gens tombent dans les bras l'un de l'autre, deviennent amants,
et en oublient toute prudence. Puisque Navarre ne veut pas l'entendre, Du Guast s'en
va raconter l'affaire au roi, qui, inévitablement, entre dans une terrible
colère. Très à cheval sur l'étiquette, Henri III
est soucieux de l'image que présente la famille royale qui, à
défaut d'être vertueuse, se doit d'être exemplaire, du moins
en apparence. En outre, il voue une haine implacable à Bussy depuis que
ce dernier l'a quitté pour le service de Monsieur, ce frère mal
aimé. La querelle entre le roi qui accuse et Margot qui dément
prend de telles proportions que Catherine de Médicis doit s'interposer.
Pour une fois, elle se range du côté de sa fille en déclarant
fermement : "Bussy voit ma fille devant vous, devant
son mari, devant tous les gens de son mari en sa chambre, et devant tout le
monde; ce n'est pas à cachette, ni à porte fermée".
Pour clore le débat, elle assène que ceux qui colportent ces médisances
n'ont qu'un but : semer la zizanie au sein de la famille royale. Elle n'est
certes pas dupe, mais, en travestissant sciemment les faits, elle coupe court
aux rumeurs. Page MAJ ou créée le |