LA TERRIBLE DEFAITE
Le 26 août 1346, les armées de Philippe VI
et du roi Edouard III d'Angleterre s'affrontent à Crécy. La bataille
va tourner au désastre pour les Français, qui n'auront jamais
enregistré autant de pertes, notamment parmi les chevaliers.
Le 12 juillet 1346, le roi d'Angleterre Edouard III débarque
dans le Cotentin. Avec douze mille hommes, il ravage le pays sans rencontrer
de résistance, massacre la population de Caen et se dirige vers Paris,
sans y entrer cependant. Philippe VI rassemble alors ses troupes afin de poursuivre
l'ennemi, qui se dirige vers le nord. Les ponts sont tenus par les Français,
mais les Anglais trouvent un gué entre Abbeville et Saint Valery et,
le 23 août, parviennent à passer sur la rive droite de la Somme.
Ils pillent et brûlent Le Crotoy et se ravitaillent abondamment. Le 25
août, ils font étape dans la forêt de Crécy. Les Français
étant toujours à leurs trousses, la bataille semble inévitable.
Aussi Edouard III décie-t-il de s'y préparer en permettant à
ses troupes de se reposer et de se restaurer.
Les Anglais sont en effectif inférieur, mile deux cents
armures et quatre mille archers. Edouard III, acculé au combat et, songeant
peu probable de remporter la victoire, attend l'ennemi en choisissant ses positions.
Pour soutenir le moral de ses troupes, il leur accorde un peu de détente
: "Il se retira de la bataille et ordonna que
ses gens mangeassent à leur aise et bussent un coup. Ainsi fut fait comme
il l'ordonna (...). Et s'assirent tout à terre, leurs bassinets et leurs
arcs devant eux, en eux reposant, pour etre plus frais et plus nouvel quand
leur ennemi viendrait", rapporte le chroniqueur Jean Froissart. Le
26 août au matin, après avoir entendu la messe à Abbeville,
Philippe VI prend la tête de son armée et se met en route. L'après-midi,
les Français chevauchent toujours, en armure et sous la chaleur lourde.
Ils forment une colonne de trente mille hommes, si importante qu'il lui a fallu
une demi-journée pour s'ébranler d'Abbeville. Les éclaireurs
ont repéré l'adversaire, qui attend à Crécy. Ils
proposent de regrouper les forces, de les organiser en corps et d'élaborer
une tactique avant de livrer bataille le lendemain. Le Valois approuve. Mais,
alors qu'il ordonne à ses hommes de s'arrêter, l'arrière-garde
continue à avancer. C'est la cohue, la bousculade, et, brusquement, les
Français se retrouvent face aux Anglais. L'affrontement est inévitable.
Face aux archers ennemis, Philippe VI compte faire riposter ses arbalétriers
gênois. Mais la fatigue des hommes, les armes rendues inutilisables par
un violent orage provoquent une série d'échecs qui aboutissent
à un sauve-qui-peut général. "On
se devait bien charger de cette ribaudaille, qui manque au moment du plus grand
besoin!", déplore le comte Charles d'Alençon, frère
du roi. Ordre est donné de tuer les Génois pour libérer
le passage à la cavalerie française, qui se retrouve seule face
aux archers anglais et ne veut compter que sur son héroïsme.
Un à un, les chevaliers tombent sous les flèches
anglaises. "Toujours tiraient les Anglais de
la manière la plus serrée, si bien qu'ils ne perdaient aucun de
leurs traits. Ils empalaient et frappaient parmi les corps ou parmi les membres,
gens et chevaux qui tombaient, trébuchaient et ne pouvaient etre relevés,
sinon par force et avec l'aide de beaucoup de gens", relate Froissart.
Depuis son observatoire, sur le tertre d'un moulin, Edouard III réalise
que la victoire est à sa portée, sans même qu'il ait besoin
de charger l'ennemi. Côté français, on se laisse massacrer
plutôt que de renoncer. Question d'honneur. Le roi de Bohême de
Luxembourg symbolise cet héroïsme absurde : il donne de grands coups
d'épée, atteignant ses propres hommes autant que l'ennemi. Ce
jusqu'au-boutisme chevaleresque permet cependant à un corps de cavaliers
conduit par Jacques d'Estracelles de franchir le barrage et de menacer le prince
de Galles, le futur Prince Noir, fils dEdouard III. Mais l'offensive française
est vite contrée grâce à des troupes que le roi d'Angleterre
a gardées en soutien. L'entourage de Philippe VI, à l'instar
de Jean de Hainaut, conseille de battre en retraite, ce qu'a déjà
fait Charles de Luxembourg, le futur Empereur Charles IV, fils de Jean de Luxembourg.
Le Valois abandonne le combat entouré de quelques barons. Avec sa piteuse
escorte, il trouve refuge au château de Labroye, se restaure, change de
monture et repart vers Amiens. Le dimanche 27 août à l'aube, il
est à l'abbaye du Gard, à trois lieues d'Amiens. Toute la journée,
il y reçoit des nouvelles du front et prend conscience du désastre
: victimes par milliers, chevalerie décimée, copie de l'oriflamme
ryale perdue. Le lundi, une trêve de trois jours est décrétée,
le temps pour les Français d'enterrer leurs morts. Le 29, Edouard III
lève le camp et se dirige vers Calais, dont il est déterminé
à s'emparer.
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