LES ANGLAIS S'EMPARENT DE CALAIS (4 août 1347)
Le 4 septembre 1346, Edouard III d'Angleterre met le siège
devant Calais. Mais e n'est que le 4 août 1347 que les bourgeois de la
ville capituleront; à bout de forces et après avoir vainement
espéré être secourus par leur seigneur, le roi de France,
Philippe VI.
Après l'éclatante victoire de Crécy,
le 26 août 1346, le roi Edouard III d'Angleterre est arrivé devant
Calais après avoir ravagé Montreuil, Etaples et les alentours
de Boulogne. Son armée étant affaiblie, il a envisagé de
repartir Outre-Manche.Mais il pense pouvoir s'emparer facilement de Calais, ce
qui lui offrirait une tête de pont sur le continent, une porte ouverte
sur le royaume de France. Aussi met-il le siège devant la ville le 4 septembre
1346. Au pied des remparts, il organise son camp en véritable bourgade,
avec halles, place publique et échoppes de commerçants. Le ravitaillement
est assuré par l'intermédiaire d'un port installé face
à celui de Calais. Pour occuper ses troupes et améliorer l'ordinaire,
il autorise le pillage des campagnes picardes. En octobre, il est rejoint par
son épouse la reine Philippa de Hainaut et organise des fêtes. A
l'abri de leurs murailles, les bourgeois de Calais préparent leur défense.
Plusieurs centaines d'habitants, mendiants, réfugiés, pauvres
gens, toutes les bouches inutiles, doivent quitter la ville. Le roi d'Angleterre,
sûr de sa victoire, joue les grands seigneurs : il les reçoit avec
charité, leur donne à manger, puis les laisse partir où
bon leur semble. Sa grande mansuétude est à la mesure de sa patience.
Si bien que les défenseurs de Calais comprennent que leur délivrance
ne pourra venir que d'une aide extérieure, celle de leur roi Philippe
VI. Mais le Valois est en fâcheuse posture. Les Anglais mettent le Poitou
à sac, pillent la Normandie. Depuis la défaite de Crécy,
les états généraux de Paris renâclent à lui
accorder de nouveaux subsides et se permettent même de critiquer ses échecs
répétés. Le siège s'éternisant, l'impatience
d'Edouard III grandit. Si Calais tient aussi longtemps, c'est qu'elle continue
à être ravitaillée par mer : il décide donc de renforcer
le blocus. "Il fit faire un haut château de grands et gros merriens
sur la rive de la mer et fit pourvoir de bombardes, d'espingales, d'artilleries
et d'autres engins. Et fit mettre sus un fort engin et bien quarante hommes d'armes
et deux cents archers, qui gardaient si près le havre et le port de Calais
que rien n'y pouvait entrer que tout ne fût brisé", rapporte
le chroniqueur Jean le Bel. Près d'un an après le début
du siège, à la fin de juillet 1347, Philippe VI et son armée
marchent enfin sur Calais. Les bourgeois se croient sauvés. Mais les
Français ne réussissent pas à dégager la ville.
Alors qu'ils stationnent à Sangatte, Edouard III installe son artillerie
sur les dunes et fait garder le pont de Milais; de part et d'autre de ce pont,
les marécages obligent les attaquants à forcer le passage... ou
à renoncer. Philippe VI, inconditionnel des tournois chevaleresques, propose
une bataille rangée, évidemment déclinée par Edouard
III. Les adversaires se font face pendant trois jours, après quoi les
Français se replient sur Arras. Dans une lettre envoyée à
l'archevêque d'York, mais largement diffusée, le roi d'Angleterre
prétend que le Valois s'est dérobé la veille de la bataille.
Les Calaisiens, eux, perdent espoir. N'ayant plus rien à manger depuis
six semaines, ils décident de négocer leur reddition.
Furieux d'être tenu en échec depuis près d'un
an, Edouard III refuse de traiter. Ses barons le fléchissent en faisant
valoir que les bourgeois calaisiens n'ont jamais fait que leur devoir de sujets
du roi de France. Le 4 août, il transige : les bourgeois seront épargnés,
sauf six d'entre eux. Lors de l'assemblée réunie par Jean de Vienne,
capitaine de Calais, l'un des plus riches habitants de la ville, Eustache de
Saint Pierre, se porte volontaire. Cinq de ses concitoyens, Jean d'Aire, Jacques
et Pierre de Wissant, Jean de Fiennes et Andrieus d'Andres, font de même.
Les Anglais sont partagés, certains demandent que les vaincus soient épargnés,
mais le roi ordonne qu'on leur coupe la tête. Finalement, c'est Philippa
de Hainaut qui les sauve : agenouillée devant son terrible époux,
elle invoque sa clémence au nom de l'enfant qu'elle porte et qui va bientôt
naître. Tous les bourgeois de la ville sont chassés, les hommes
d'armes et la garnison sont faits prisonniers et ne seront libérés
que contre une forte rançon. Les Anglais entrent dans la place en bon
ordre, Edouard III ayant fait savoir que tout pillard serait sanctionné.
Après onze mois de siège, Calais est tombée : elle restera
anglaise pAAlus de deux siècles.
Le plus de la fiche
Page MAJ ou créée le
© cliannaz@free.fr
|