LES VALOIS DIRECTS
PHILIPPE VI DE VALOIS, CHEF DE GUERRE |
LA CROISADE MANQUEE
DE PHILIPPE VI Pendant quelques années, Philippe VI espère mener une nouvelle croisade qui fera de lui le plus grand roi de la Chrétienté. Mais les réticences du pape Benoît XII et du roi d'Angleterre Edouard III feront échouer ce projet, annoncé le 2 octobre 1332. Sacré en mai 1328, Philippe VI sait qu'il a besoin d'asseoir sa légitimité. Comme son père Charles de Valois, le roi de France est animé de grands projets de croisade. Ses contemporains le surnomment le "Très Bon Chrétien" ou le "Bon Catholique"; et il est vrai qu'il a été très marqué par la perte de Jérusalem et de Constantinople. Très vite, dès 1330, alors qu'il se rend à Avignon au retour d'un pélerinage au tombeau de Saint Louis d'Anjou à Marseille, il entame des négociations avec le pape Jean XXII à propos d'une nouvelle croisade. Pour cela, il lui faut persuader l'ensemble des seigneurs et des rois d'Occident de le suivre. L'occasion lui en est donnée à l'été
1332. De nombreuses fêtes réunissent de prestigieux invités,
dont il peut sonder les intentions. Le 28 juillet, Philippe VI marie son fils
aîné, le futur Jean II le Bon, à Bonne de Luxembourg. Le
29 septembre, il l'adoube dans la Sainte Chapelle de Paris et lui donne la Touraine
en apanage. Le même jour, il unit sa fille Marie au fils et héritier
du duc de Brabant. Alors qu'un dominicain d'Avignon vient de lui faire parvenir
un Guide pour faire croisade, il réunit
tous les grands seigneurs présents le 2 octobre, vendredi qui suit la
Saint Michel, pour leur soumettre son projet de croisade. L'archevêque
de Rouen renchérit en prêchant la sainte expédition devant
la foule assemblée au Pré aux Clercs. Les sermons se multiplient
sur ce même thème, mais l'auditoire ne manifeste qu'un enthousiasme
modéré. L'esprit de croisade semble bien en sommeil depuis la
mort de Saint Louis. Les précédentes expéditions ont coûté
beaucoup d'argent aux grandes familles, et la défiance est désormais
de mise. Mais plusieurs contretemps vont perturber le calendrier prévu.
Philippe VI peine à convaincre Edouard III de se joindre à lui.
Bien qu'il ne refuse pas, le roi d'Angleterre reste ambigu dans ses réponses.
La présence à ses côtés de Robert d'Artois, avide
de vengeance après avoir été déchu de tous ses biens
et banni du royaume de France, n'est pas étrangère à ses
hésitations. Le Valois voit d'ailleurs dans cete croisade l'occasion
d'affirmer son autorité vis-à-vis d'Edouard III. Il va également
perdre un appui de poids à la mort du pape Jean XXII, en 1334. Benoît
XII, qui lui succède en décembre de la même année,
tient à prendre ses distances avec la France et refuse de continuer à
lui verser les décimes ecclésiastiques. Page MAJ ou créée le |