LOUIS IX DEBARQUE A TUNIS (17 juillet 1270)
Le 17 juillet 1270, Louis IX et ses hommes
débarquent en baie de Tunis. Mais l'armée de la huitième croisade va devoir
affronter un ennemi autrement plus terrible que les Infidèles musulmans. Elle
va être décimée par une épidémie de dysenterie, aggravée par la chaleur, le
manque de vivres frais et d'eau potable. Peu après avoir perdu l'un de ses fils,
le comte Jean Tristan de Nevers, le roi va lui aussi être atteint par la maladie.
Le 16 juillet 1270, le lendemain de son
départ de Cagliari, en Sardaigne, la flotte de la huitième croisade est en vue
des côtes tunisiennes. A bord de la nef Montjoie, Louis IX décide d'envoyer
l'amiral Florent de Varennes en reconnaissance à terre. Le marin est fort étonné
de constater que le port de Tunis, où mouillent uniquement des navires de commerce
musulmans et génois, est vide de défenseurs. Après qu'il a chargé un messager
de rendre compte, la discussion est vive au sein du Conseil royal : pour les
uns, cet abandon est un piège; les autres pensent qu'il faut se hâter de débarquer
avant que l'adversaire ne s'organise. Sans en recevoir l'ordre, l'amiral
de Varennes prend l'initiative de débarquer sur la langue de terre qui ferme
le port de Tunis. Bien que fâché de ne pas avoir été consulté, le roi décide
de le rejoindre avec le reste des troupes. "On
prit terre, grâce à Dieu, mais avec si peu d'ordre que, suivant l'opinion commune,
une centaine de braves guerriers auraient empêché, ou du moins rendu fort difficile,
le débarquement tel qu'il s'opéra. Cependant les nôtres ne trouvèrent point
de résistance", rapporte le secrétaire du roi, Jean
de Condé.
Très vite, les croisés s'aperçoivent que
leur position n'est pas tenable, d'autant qu'ils doivent endurer le soleil et
la chaleur de l'été tunisien sans disposer d'aucune réserve d'eau douce. Le
21 juillet, ils s'emparent facilement de la tour de la Goulette, qui commande
le passage vers la plaine de Carthage. Arrivé sous les murs de l'antique cité,
Louis IX donne l'ordre de dresser le camp "dans
une vallée où il y a une infinité de puits qui servent à l'arroser",
relate Jean de Condé. Les marins génois, sans doute pressés de faire main
basse sur les richesses qu'on leur a fait miroiter, viennent trouver le roi
pour lui proposer d'attaquer la ville, à condition qu'il leur fournisse des
soldats. Le Conseil leur accorde le soutien des arbalétriers, ainsi que des
chevaliers des bailliages de Beaucaire, de Carcassonne, du Périgord et de Châlons
sur Marne. L'attaque est un succès, et l'armée croisée ne déplore qu'un seul
mort, quand l'adversaire en relève deux cents. Mais les assaillants sont déçus
: pour tout butin, ils ne rapportent que de l'orge. Après la bataille, Louis
IX ordonne que les nombreux malades soient isolés dans l'enceinte de Carthage,
tandis que les soldats valides camperont aux abords de la ville. Dans l'immédiat,
il ne compte pas attaquer Tunis, il préfère attendre son frère cadet, Charles
d'Anjou, qui lui a fait promettre de ne pas passer à l'offensive avant son arrivée.
Mais Anjou et ses hommes sont en retard...
Pendant que Louis IX reçoit les ambassadeurs
de l'émir Muhammad de Tunis, qui lui affirme que leur maître est prêt à faire
exécuter tous les chrétiens de la ville si le Capétien ne renonce pas à la prendre
d'assaut, les croisés parent aisément les escarmouches des musulmans. Mais
il leur fait affonter un ennemi qu'is sont impuissants à vaincre : une épidémie
de dysenterie, ou selon certains historiens de choléra. Afin d'éviter les odeurs
pestilentielles, le roi fait enterrer les morts dans le fossé creusé autour
du camp : la maladie fait de tels ravages qu'à certains endroits, raconte Jean
de Condé, "le fossé est comblé".
La terrible chaleur, les vivres avariés, le manque d'hygiène, l'eau stagnante
des puits contribuent à aggraver la propagation de l'infection. La famille
royale n'est pas épargnée : le comte Jean Tristan de Nevers, l'un des fils de
Louis IX, est l'une des premières victimes et meurt le 3 août. Puis c'est au
tour du prélat pontifical Raoul Grosparmi, cardinal évêque d'Albano, de succomber
à ce mal que Geoffroi de Beaulieu, confesseur du roi, définit comme un
"flux de ventre accompagné de fièvre". Louis
IX est si affaibli qu'on n'ose lui apprendre la mort de son fils. Pris d'un
pressentiment, il convainc un moine de lui avouer ce que chacun semble lui cacher.
"Le roi en eut une grande douleur
paternelle, et son coeur fut déchiré; mais, au témoignage des assistants, il
dit seulement ces paroles de patience, qui furent celles de Job : - Le Seigneur
me l'a donné, le Seigneur me l'a ôté, que le nom du Seigneur soit béni -".
Dès lors, le Capétien continue à se consacrer aux mourants, mais il sait qu'il
est lui aussi atteint et sent qu'il est condamné.
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