LES CAPETIENS
PHILIPPE IV LE BEL ET LES PERSONNALITES
Guillaume de Nogaret

 

GUILLAUME DE NOGARET ENTRE AU CONSEIL DU ROI

 Juriste réputé, Guillaume de Nogaret entre au Conseil du roi en 1299. Devenu un conseiller influent, il mettra toute sa compétence et son intransigeance au service de Philippe le Bel, dont il se fera l'ardent défenseur face au pape Boniface VIII.

Issu d'une famille bourgeoise de la région de Toulouse, Guillaume de Nogaret serait né dans le village de Saint Félix de Camaran, en plein pays cathare. Dès sa jeunesse, il a montré une même aptitude exceptionnelle pour la pratique des armes et du droit. A l'avènement de Philippe le Bel, à l'automne 1285, il enseigne à la faculté de droit de Montpellier, où il a auparavant fait ses études. Jurisconsulte réputé, il est fréquemment sollicité par les officiers royaux. C'est à l'occasion d'un de ces conseils juridiques, donné à propos d'une affaire délicate opposant le Capétien au roi de Majorque, que ses compétences le font remarquer à la Cour. En 1294, il quitte le Midi pour Paris, où, deux ans plus tard, il est appelé à siéger au Parlement. Cette même année 1296, il fait ses premiers pas au service du Gouvernement : le roi le charge de se rendre en Champagne pour y réorganiser l'administration.

Après avoir secondé Pierre Flotte, l'homme fort du Gouvernement, en matière de politique ecclésiastique, Guillaume de Nogaret entre au Conseil royal en 1299, en même temps qu'il est anobli et devient "chevalier du roi". Ce juriste du Midi a pour spécialité de débrouiller les questions de procédure et de droit. Mais il n'est pas seulement un technicien maîtrisant parfaitement la connaissance des lois : à une grande rigueur et à un esprit méthodique, il allie une fougue toute méridionale et une imagination impétueuse. Ses projets, appliqués avec patience et calcul, sont toujours de concepton hardie. Cependant, les chroniqueurs le jugent sage : l'Italien Villani le dit "subtil", et un chroniqueur anglais comme un "homme circonspect dans l'action". Circonspect et opiniâtre, Nogaret l'est à tel point que certians de ses succès sont peut-être plus dus à cet aspect de sa personnalité qu'à sa science juridique. A la mort de Pierre Flotte, en juillet 1302, il s'impose comme un des premiers légistes du Conseil. Il est entièrement dévoué au roi, dont il a toute la confiance. Le 27 juillet 1307, Philippe le Bel le nomme Garde des Sceaux, fonction qu'il assumera jusqu'à sa mort, en 1313, et qu'il cumule avec celle de maître de la Chambre des Comptes à partir de 1310.

Parvenu au sommet de l'Etat au terme d'une ascension fulgurante, Nogaret est en particulier chargé de deux missions délicates face à la curie pontificale. La première est l'affaire du Temple : en même temps qu'il lui a confié les Sceaux, Philippe le Bel l'a chargé d'en finir avec les Templiers, dont la richesse suscite de vives critiques depuis 1295. La seconde fait de lui l'homme clef du conflit qui oppose le Capétien au pape Boniface VIII. En septembre 1307, lors de "l'attentat d'Agnani", c'est lui qui fait arrêter le souverain pontife et lui signifie sa mise en accusation devant concile. Il aurait à cette occasion giflé Boniface VIII, un geste qu'il n'aura de cesse d'expliquer, affirmant qu'il n'a en rien voulu attenter à la personne du Saint Père. Car il n'est pas sacrilège : il s'est laissé emporter par sa foi et aussi, il est vrai, par son hostilité à l'égard du pape, qu'il juge indigne du trône de Saint Pierre. Au service de Philippe le Bel, Nogaret souligne la primauté du temporel sur le spirituel, la légitimité du roi à rester en toutes choses maître en son royaume. Fort de cette conviction, il ne laisse aucune place au compromis et exerce sa toute-puissance avec une extrême rigueur. Ainsi, à Louis de Nevers, fils du comte de Flandre, qui a été jeté au cachot et demande que ses conditions de détention soient adoucies, il oppose un refus sans appel : "Souhaitez qu'il ne vous arrive rien de pis que de rester là jusqu'u jour du Jugement". "Je frémis pour ma vie, constate le prisonnier; car ledit seigneur est si puissant auprès du roi que de telles paroles, dites par lui, auraient terrifié n'importe qui. Je fis supplier personnellement le roi; il répondit qu'il ne changerait rien à ce que Guillaume de Nogaret avait décidé". Pourtant, à cette date, en avril 1313, Nogaret a déjà perdu une partie de son influence au Conseil. A parir de 1311, trop intransigeant dans la défense de ses principes, il a été supplanté par Enguerrand de Marigny, plus diplomate, plus réaliste et ne craignant pas, pour faire avancer les choses, de recourir au marchandage et aux tractations secrètes.

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