LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER, CHEF DE GUERRE

 

LA PRISE DE JERUSALEM : UN ABOMINABLE MASSACRE
(15 - 16 JUILLET 1099)

Le 15 juillet 1099, au matin, les croisés s'emparent de Jérusalem. Pendant deux jours, la cité conquise va être livrée au pillage et au massacre. Et c'est au prix de milliers de morts, guerriers et religieux, musulmans et juifs, femmes et enfants, tous occis sans pitié que le Saint Sépulcre va rentrer dans le giron de la Chrétienté occidentale.

Voilà deux jours que les croisés se sont lancés à l'assaut de Jérusalem et que les combats font rage. Le 15 juillet 1099 au matin, vers neuf heures, les Francs sont au pied des murailles. Les hommes de Godefroy de Bouillon s'élancent vers le sommet des remparts, où ils parviennent à écraser les défenseurs. Un petit groupe d'asaillants se détache pour pénétrer à l'intérieur de la Ville Sainte, se précipite à la porte de Joséphat, qu'il ouvre toute grande. Pendant ce temps, au nord, Tancrède de Hauteville enlève le Dôme du Rocher. Au sud, Raimond de Saint Gilles obtient la reddition de la citadelle. A midi, "à l'heure où le seigneur a vécu sa Passion", après un long siège et un difficile assaut, Jérusalem est aux mains des Chrétiens. Mais la bataille n'est pas encore finie et, au prétexte de "purifier" les Lieux Saints, les croisés vont se livrer plusieurs jours durant à d'horribles massacres.

Hommes d'armes et pélerins se répandent dans la ville conquise. Dans les rues, dans les maisons, ils pillent, passent les guerriers au fils de l'épée, massacrent femmes et enfants, juifs et même chrétiens. Bien qu'il soit alors courant, pour les chrétiens comme pour les musulmans, de mettre à mort les garnisons des villes qui ont refusé de se rendre, tous les chroniqueurs sont unanimes pour souligner le caractère épouvantable de la tuerie. Certains tentent de la justifier : "Les croisés accomplissaient ainsi les justes décrets de Dieu afin que ceux qui avaient profané le sanctuaire du Seigneur par leurs actes superstitieux le purifiassent par leur propre sang", explique Guillaume de Tyr dans sa relation de La Prise de Jérusalem. Mais les plus nombreux se contentent de rendre compte des faits dans toute leur atrocité. "Les pélerins s'élancèrent vers le palais de Salomon et massacrèrent sans pitié tous les Sarrasins qui s'y trouvaient. Le sang coula en si grande quantité qu'il forma des ruisseaux dans la cour royale et que les hommes y trempaient leurs pieds jusqu'aux talons. Les petits enfants augmentaient l'horreur de ces scènes par leurs cris horribles et leurs larmes amères. Mais c'était inutilement qu'on implotait la pitié des chrétiens", raconte Albert d'Aix.
Soixante dix mille personnes se sont réfugiées dans la mosquée al-Aqsa. Toutes sont mises à mort, de même que les imams et les religieux du sanctuaire. Les chevaliers, dépassés ppar les événements, sont incapables de contenir la fureur de leurs hommes et celle du petit peuple, qui, tous, veulent venger les souffrances endurées depuis leur départ d'Occident.

Certains barons ne peuvent empêcher leurs prisonniers d'être tués et perdent ainsi le profit de rançons considérables. "Les chrétiens tuent, c'est un véritable massacre, la ville est couverte de sang et de cervelle. Robert de Normandie se conduisit admirablement ce jour là; tous les autres aussi d'ailleurs", précisent Richard le Pèlerin et Graindor de Douai dans la chanson de geste La Conquête de Jérusalem. Pourtant, les juifs survivants sont vendus comme esclaves. Et seuls les gardiens de la citadelle obtiennent la vie sauve et sont reconduits à Ascalon.
Les Francs de toutes conditions se livrent à un pillage en règle des demeures des particuliers comme des sanctuaires de l'Islam. Ils réunissent d'immenses richesses : "Les barons de France occupent chacun, sans hésiter, une maison pour se loger" et "le butin qu'ils rapportent a été bien partagé, à chacun selon son rang (...). Toute l'armée de Dieu a été comblée et rassasiée (...). Quand il leur sembla que le Sauveur était assez vengé, c'est à dite qu'il ne resta presque personne dans la ville, ils allèrent avec larmes et gémissements, en se battant la poitrine, adorer le Saint Tombeau", relate l'historien Michelet. "Lassés de tuer", les croisés s'assemblent au Saint Sépulcre, où ils rendent grâces à Dieu. Puis, dans l'église de la résurrection, ils entonnent un Te Deum à la fois triomphant et reconnaissant.

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