LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER, CHEF DE GUERRE
LES RACINES DES CROISADES
(1095)
A Clermont, le pape Urbain II donne le coup d'envoi des Croisades. Mouvement militaire et religieux pour délivrer les Lieux Saints à Jérusalem, elles signent le réveil de l'Occident et s'inscrivent dans le cadre des reconquêtes globales contre l'Islam.
"Dieu le veut".
C'est par ce cri enthousiaste que la foule répond, ce 27 novembre 1095, au pape Urbain II
qui vient de donner, à Clermont, le coup d'envoi des Croisades. A la clôture du concile
réuni depuis le 18 novembre, le souverain pontife a invité clercs et chevaliers "à prendre la route du Saint Sépulcre et à arracher la Terre
Sainte à la nation impie". Cette "nation impie", c'est
l'Islam auquel est confronté l'Occident depuis les conquêtes du VIIIème siècle. Cet
Islam aussi qui a pris possession des lieux saints du christianisme. Le pape accorde une
indulgence plénière à ceux qui entreprendront le "voyage à Jérusalem",
tenant lieu de pénitence après la confession des péchés et leur absolution.
Lorsqu'il lance cette exhorte, Urbain II ne soupçonne sans doute pas l'écho que vont
avoir ses paroles.
Les causes de ce mouvement, dont l'objectif est la reconquête des Lieux Saints,
s'enracinent dans le réveil que connaît l'Europe au cours du XIème siècle. La
croissance démographique des pays européens est un des piliers sur lesquels s'appuie ce
mouvement d'expansion. La Terre Sainte offre-t-elle une possibilité à des chevaliers, à
des fils cadets à l'étroit sur les domaines seigneuriaux, de se faire une place au
soleil? La question est sujette à débats chez les historiens. Quoi qu'il en soit, la
poussée démographique est un indéniable facteur de dynamisme. Mobilisant les énergies
belliqueuses, la croisade permet aussi d'assurer la paix dans les campagnes.
A cette période, l'Europe sort du chaos et retrouve la stabilité. Les grandes invasions sont terminées, les Normands se sont convertis au christianisme. L'Eglise et la Papauté assoient leur position. L'expansion de l'Ordre de Cluny, la réforme grégorienne, contre la simonie et qui favorise l'indépendance du clergé par rapport au pouvoir féodal, en sont les principaux facteurs. Rome a affirmé sa prééminence face à l'empire germanique. Henri IV est venu s'humilier devant le pape, en 1077 à Canossa. Imposé par le pouvoir ecclésiastique, la "trêve de Dieu", qui interdit de combattre certains jours, notamment pendant l'avent et le carême, assure une forme de sécurité. Moment où la chrétienté occidentale va porter le fer contre l'Islam sur ses propres terres, la croisade s'inscrit dans un cadre plus large de reconquête. Des premiers succès, contre les Musulmans, en Espagne et en Italie vont conforter cette nouvelle entreprise. Soutenue par la popularité du pèlerinage à Saint Jean de Compostelle, la "Reconquista" espagnole a pris son élan au milieu du XIème siècle. Là aussi, le pape a délivré une indulgence plénière aux chevaliers venus combattre de ce côté-ci des Pyrénées. Là aussi, la guerre prend un aspect "international". Modifiant l'équilibre en Méditerranée, les Normands ont repris, eux, la Sicile aux Musulmans. En 1072, Robert Guiscard chasse les derniers Arabes de Salerne.
Au cours du XIème siècle, la situation
en Asie Mineure évolue aussi fortement. Conquérants, les Turcs seldjoukides mettent à
mal l'empire byzantin. En 1071, ils lui infligent la défaite de Manzikert. Jérusalem est
prise et pillée par deux fois, en 1071 et en 1077. Avec les Turcs aux portes de
Constantinople, l'empire byzantin, au bord de l'effondrement, envoie des appels à l'aide
à la Chrétienté occidentale. Grégoire VII, tente sans succès de mettre sur pied une
expédition militaire devant s'achever par un pèlerinage au Saint Sépulcre. Naît peu à
peu en Europe l'idée d'aller croiser le fer en Orient et de libérer les Lieux Saints.
Entreprise religieuse autant que militaire, la croisade est aussi portée par la vague de
pèlerinages. Ces derniers ont repris vers la Terre Sainte à la fin du XIème siècle.
Des foules énormes accourent à Jérusalem en 1033 pour célébrer le millénaire de la
mort du Christ.
Les liens économiques et religieux se tissent de nouveau entre Orient et Occident.
Itinéraires et haltes pour pèlerins tracent la voie dans laquelle les croisés mettront
leur pas. Et pendant deux siècles, les foules et les armées chrétiennes vont aller
batailler sur les terres d'Orient faisant des croisades l'une des grandes aventures du
Moyen Age.
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