LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER, CHEF DE GUERRE
LES CROISES METTENT LE SIEGE DEVANT
JERUSALEM
(7 JUIN -14 JUILLET 1099)
Le 7 juin 1099, les croisés ont mis le siège devant Jérusalem, l'une des plus grandes cités fortifiées du monde médiéval. Pendant près d'un mois, sous une chaleur torride, malgré le manque d'eau et de vivres, ils ont tenu bon. Dans la nuit du 13 au 14 juillet, après de minutieux et longs préparatifs, ils vont enfin pouvoir passer à l'assaut.
Les croisés sont partis de Ma'arrat le 13 janvier
1099. Cinq mois plus tard, le 7 juin, après avoir parcouru quelques 500
kilomètres, affaiblis par les combats et le manque de nourriture, ils
sont sous les murailles de Jérusalem. Au couchant, la citadelle, ou "tour
de David", commande la route escaladant la colline vers la porte de Jaffa.
Au levant se dresse l'enceinte Haram al-Cherif et ses deux sanctuaires fortifiés,
Qubbat al-Sakhra et la mosquée a-Aqsa; les remparts dominent les pentes
abruptes du ravin de Cédron et du vallon de la Géhenne.
Dès qu'il a appris l'arrivée des Francs, le gouverneur fatimide
Iftikhar ad-Dawla a pris la précaution de condamner ou d'empoisonner
les sources des environs de la Ville Sainte et a fait mettre les troupeaux à
l'abri des remparts.
Comme à Antioche, environ vingt mois auparavant, les
barons croisés vont attaquer chacun un secteur de la ville. Robert de
Normandie et Robert de Flandre s'établissent au nord, près de
la porte Saint Etienne. Godefroy de Bouillon et Tancrède de Hauteville
occupent un large secteur à l'ouest, de part et d'autre de la porte de
Jaffa et de la citadelle. Raymond de Saint Gilles dresse son camp au sud, sur
les contreforts de la colline de Sion, en face de la porte de David. L'est et
le sud-est sont laissés sans surveillance, les croisés étant
arrêtés là par la vallée encaissée du Cédron.
Le temps semble travailler pour les assiégés, abondamment pourvus
en vivres et en eau, stockée dans de vastes citernes, et disposant d'un
armement supérieur à celui des croisés. S'ils tiennent
jusqu'à l'arrivée de l'armée de secours partie d'Egypte,
il en sera fini de la croisade.
Les conditions de siège sont épouvantables. Il fait une chaleur
torride et la seule source proche est la piscine de Siloé. Mais, située
devant la muraille sud, elle est dangereusement exposée aux flèches
des archers ennemis. Pour assurer leur ravitaillement en eau, les Francs doivent
chevaucher près de huit kilomètres. En outre, la nourriture commence
à manquer. Il faut prendre la ville le plus vite possible.
Le 12 juin, les chefs de croisade font un pélerinage au mont des Oliviers.
Un vieil ermite leur promet la victoire si l'assaut est donné le lendemain.
Les Francs suivent son conseil. Mais les pertes sont sévères,
et ils doivent faire retraite. L'échec de cette attaque, lancée
avec tant de ferveur religieuse, provoque une amère désillusion
mais fait comprendre aux croisés que mieux vaut ne rien tenter avant
d'être parfaitement équipés en machines de guerre.
Le 17 juin, six navires chrétiens chargés d'armes,
de matériel et de ravitaillement abordent au port de Jaffa. Les charpentiers
de deux galères génoises se mettent aussitôt à la
tâche. Mais, bientôt, le bois vient à manquer. A la tête
d'une expédition partie chercher le précieux matériau dans
les collines de Samarie, Tancrède de Hauteville et Robert de Flandre
découvrent dans une grotte de vieux madriers qui vont permettre de construire
échelles et castelets roulants équipés de catapultes en
nombre suffisant. Le 6 juillet, Adémar, l'évêque du Puy,
apparaît en songe à Pierre l'Ermite, lui ordonne de jeûner
pendant trois jours et de faire une procession solennelle, pieds nus, autour
des murs de Jérusalem. Si les chrétiens sont fidèles, la
ville tombera entre leurs mains après neuf jours d'assaut! Le surlendemain,
une procession se rend au mont des Oliviers sous les yeux amusés des
Musulmans, qui, du haut des remparts, injurient les croisés et les tournent
en dérision. Mais un prêche de Pierre l'Ermite galvanise les chrétiens.
L'assaut est lancé dans la nuit du 13 au 14 juillet. Le lendemain, à
l'aube, toutes les forces croisées sont passées à l'attaque
simultanément et sur tous les fronts. Au nord de Jérusalem, Godefroy
de Bouillon fait avancer un castelet roulant au pied des murailles et, suivi
par son jeune frère, Eustache de Boulogne, l'escalade. Depis le dernier
étage de la tour en bois, sans se soucier des jets de pierres et de flèches
des assiégés, il dirige les opérations. Vers midi, il réussit
à faire lancer une passerelle vers le chemin de ronde. Du haut des remparts,
il harangue ses troupes. Pendant ce temps, ses compagnons ne sont pas restés
inactifs. Dans tous les secteurs, les murs de la forteresse sont ébranlés
par les projectiles des mangonneaux. Malgré le poids de leurs armures,
les Francs escaladent castelets et échelles, grimpent à l'aide
de cordes. Mais, avant que la Ville Sainte ne tombe enfin, le combat acharné
aura duré un jour et demi.
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