LES CAPETIENS
PHILIPPE 1ER, CHEF DE GUERRE

 

LA MIRACULEUSE VICTOIRE D'ASCALON

Le vendredi 5 août 1099, un morceau de la Vraie Croix a été retrouvé à Jérusalem : le petit peuple des pélerins a crié au miracle. Une semaine plus tard, le 12 août, un nouveau "mirale" va se produire : dans la plaine d'Ascalon, l'ancienne cité royale des Philistins, les croisés vont défaire une puissante armée égyptienne conduite par le gouverneur fatimide ad-Dawla. Une victoire qui va leur permettre de garder la main mise sur la Ville Sainte.

Le vendredi 5 août 1099, après cinq semaines de siège, les croisés se sont enfin emparés de la Ville Sainte. Le dimanche suivant, Godefroy de Bouillon a été élu par ses pairs avoué du Saint Sépulcre et a désormais la lourde responsabilité de protéger le tombeau du Christ et de veiller à la sécurité et à l'essor de ce qui n'est encore que l'embryon du royaume franc de Jérusalem.
En libérant les Lieux Saints, la première croisade a atteint son but. En Occident, l'évènement a été célébré avec enthousiasme et a eu des répercussions considérables. En Orient, la victoire des croisés n'a pas suscité autant d'émoi. Le monde musulman est bien trop divisé au plan politique et militaire pour lancer une contre-offensive. Au nord, en Asie Mineure, les Turcs seldjoukides s'affirment de plus en plus face à la puissance déclinante de Constantinople. Au Proche Orient, le califat abbasside de Bagdad voit son autorité battue en brèche par les émirs et les potentats locaux et est entré en rivalité avec les Fatimides d'Egypte. Ni à Damas ni à Bagdad, où ils se sont pour la plupart réfugiés, les rescapés musulmans du siège de Jérusalem n'ont assez éveillé l'indignation pour qu'une armée de reconquête se mette en marche.

Le 15 juillet 1099, le gouverneur fatimide Iftikhar ad-Dawla, qui tenait la citadelle, la tour dite de David, s'est rendu à Raimond de Saint Gilles contre la promesse de pouvoir regagner l'Eypte. Avec sa garde de mamelouks turcs et nubiens, il a été escorté par le comte de Toulouse jusqu'au port d'Ascalon, l'ancienne cité royale des Philistins, située au nord ouest de Jérusalem entre Jaffa et Gaza. Là, il a rassemblé l'importante garnison égyptienne et toutes les forces disponibles. A la tête d'une immense armée, il s'est mis en marche vers la Ville Sainte, déterminé à prendre sa revanche. Sitôt qu'il apprend l'arrivée des Infidèles, le prophète populaire Pierre l'Ermite organise des processions et des prières collectives pour la victoire. Godefroy de Bouillon, plus pragmatique, bat le rappel des barons et de tous les preux. Il est trop loin de Constantinople et de l'Occident pour espérer recevoir un prompt renfort; mais ses hommes sont animés d'une telle flamme qu'il ne doute pas un instant de leur supériorité.
Les Francs se portent aussitôt au devant des Musulmans. Partis en éclaireurs pour reconnaître l'état des forces adversaires, des chevaliers découvrent d'immenses troupeaux de boeufs, de chevaux et de chameaux, gardés seulement par quelques bergers. Sans aucune difficulté, ils s'emprent du bétail et font des "prisonniers, dont les relations firent connaître exactement la situation et les projets de l'ennemi", raconte Guillaume de Tyr dans sa Chronique.

"Le commandant de l'armée musulmane avait dressé son camp à sept milles du lieu où l'on se trouvait. Les chefs croisés divisèrent leurs forces en neuf lignes de bataille (...). Par cette disposition l'ennemi, sur quelque point qu'il attaquât, devait trouver toujours une ligne de bataille ordonnée en triple, prête à le recevoir". Le lendemain,, les Francs s'avancent dans la plaine d'Ascalon "avec ardeur" et "en toute assurance". Les troupeaux les suivent, "sans que personne ne les conduise". Et l'issue de la bataille va dépendre de ce subterfuge, pourtant bien involontaire! "L"armée égyptienne s'imagina que les nôtres traînaient à leur suite des forces innombrables, et en conséquence elle se mit à prendre la fuite".
Le 12 août, "après avoir obtenu la victoire du Ciel même", et bien qu'elle n'ait pu s'emparer d'Ascalon, l'armée croisée investit le camp égyptien. "Elle y trouva d'immenses bagages et des vivres, et des provisions de voyage en si grande abondance que les nôtres furent bientôt rassasiés jusqu'au dégoût du miel et des gâteaux dont ils se nourrirent", conclut Guillaume de Tyr.
 "L'efficacité des sabres francs était telle que les Musulmans étaient battus à pleine couture. La tuerie n'a épargné ni les fantassins, ni les volontaires, ni les habitants de la ville. Dix mille âmes environ ont péri et le camp était pillé. Ce à la suite de quoi (ad-Dawla) a rebroussé chemin avec ses proches pour l'Egypte", relate le chroniqueur musulman Ibn al-Qalânissî.

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