CLOTAIRE II
LA BATAILLE DE DORNELLES : UNE TERRIBLE DEFAITE POUR LA NEUSTRIE
Théodebert II, roi d'Austrasie, et Thierry II, roi de Burgondie, se sont alliés contre leur cousin Clotaire II, roi de Neustrie. A Dornelles, près de Montereau, le choc de la bataille est terrible. Ecrasé par ses adversaires, le Neustrien va être contraint de se soumettre aux conditions draconiennes d'un traité par lequel son royaume sera réduit à la portion congrue.
En décembre 595, à la mort
de Childebert II, Théodebert II et Thierry II ont respectivement hérité
l'aîné de l'Austrasie, le cadet du royaume d'Orléans et
de la Burgondie. Mais les fils de Childebert II et de la reine Faleude ne sont
âgés que d'une dizaine d'années. Aussi, pendant que les
conseillers du souverain défunt gouvernent sans rien changer à
la politique suivie au cours des années précédentes, c'est
la vieille reine Brunehaut qui assure la régence de ses petits-fils.
Quelque dix ans plus tôt, en Neustrie, le roi Chilpéric 1er est
mort. Son fils, Clotaire II, qui doit lui succéder, n'a que quelques
mois et la régence a été confiée à la reine
Frédégonde, la mère du petit roi.
Clotaire II, en Neustrie,
Théodebert II et Thierry II, en Austrasie, grandissent ainsi sous la
tutelle de Frédégonde et de Brunehaut, les terribles reines ennemies.
Brunehaut règne sur l'Austrasie en souveraine tyrannique et implacable.
En 599, les grands du royaume de l'Est, tant clercs que laïcs, se rebellent
contre son autorité. Après avoir massacré Protadius, son
maire du palais qui s'est rendu vivement impopulaire en voulant restaurer l'impôt
foncier, ils exigent le départ de la reine de la Cour. Leur détermination
est telle que Théodebert II est contraint de s'exécuter. Brunehaut,
qui ne manquera pas de se souvenir de cet humiliant renvoi, trouve refuge auprès
de Thierry II. En Burgondie, elle est accueillie avec les plus grands honneurs
et le cadet de ses petits-fils la prie instamment de l'aider de ses conseils.
Ce que la vieille reine, toujours animée d'un ressentiment confinant
à la haine à l'égard de la Neustrie, ne va pas surtout
manquer de faire.
Cependant, la révolte de l'aristocratie austrasienne
et les mésaventures de Brunehaut n'empêchent pas Théodebert
II et Thierry II de rester en excellents termes. Les deux frères sont
même prêts à faire front pour courir sus à l'ennemi
de toujours : la Neustrie. En 600, après plusieurs mois de préparatifs
militaires, leurs armées font leur jonction près de Sens, puis
remontent l'Yonne pour rejoindre la vallée de la Seine aux environs de
Montereau. Clotaire II, qui règne sur la Neustrie depuis la mort de Frédégonde,
trois ans auparavant, sent bien qu'il va lui être difficile de résister
aux forces liguées de ses deux cousins.
Lorsque Austrasiens et Burgondes se retrouvent
face aux Neustriens, à Dornelles, entre Montereau et Nemours, un effroyable
combat s'engage. Au terme d'un affrontement sanglant, les troupes de Clotaire
II ne peuvent endiguer le déferlement de l'adversaire et sont écrasées.
Le
roi de Neustrie a trouvé son salut dans la fuite. Mais, s'il veut éviter
le démembrement complet de son royaume, il lui faut désormais accepter
les conditions draconiennes du traité que lui imposent ses vainqueurs.
A l'issue de la bataille de Dornelles, Théodebert II obtient le nord
du royaume de Neustrie et Thierry II les territoires situés entre les
vallées de la Seine et de la Loire. Clotaire II, lui, ne peut garder
qu'une douzaine de pagi (divisions territoriales qui seront reprises par les
circonscriptions de l'Empire carolingien), situés entre les rivages de
la Manche, d'une part, les vallées de la Seine et de l'Oise, d'autre
part. Mais Théodebert II et Thierry II ne pousseront pas leur avantage
plus loin. Toujours ensemble, ils devront marcher vers le sud, pour aller mâter
les Gascons. Et bientôt, leur belle entente laissera la place à
des querelles attisées par Brunehaut, qui fera du cadet l'instrument
de sa vengeance contre l'aîné. Pendant ce temps, Clotaire II, maître
d'un royaume de Neustrie réduit à la portion congrue, saura faire
profil bas et s'armer de patience. Et, pour l'heure, nul ne peut imaginer que,
dans moins d'une quinzaine d'années, il restera le seul roi des Francs.
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