CLOTAIRE II
CLOTAIRE II MENAGE LES LEUDES ET CONVOQUE LE CONCILE DE PARIS
En 614, Clotaire II est le souverain unique d'un royaume franc réunifié. Dès lors, le fils de Frédégonde va s'employer à mettre en place, malgré les réticences d'une noblesse jalouse de son indépendance et de ses privilèges, les instruments d'un pouvoir fort et centralisé. Après des années de guerre et de querelles fratricides, il inaugure un règne heureux et prospère.
Clotaire II a été proclamé roi de Neustrie en 584, à la mort de son père, Chilpéric 1er. Il n'est alors qu'un enfant de quelques mois, et la régence a été exercée jusqu'en 597 par sa mère, Frédégonde. A la mort de Thierry II, en 613, il s'est emparé des royaumes d'Austrasie et de Burgondie. Après avoir cruellement fait périr la vieille reine austrasienne Brunehaut, le fils de Frédégonde est devenu roi d'un royaume franc réunifié et sous sa seule autorité. Mais il lui faut compter avec l'aristocratie terrienne naissante, dont les prétentions vont restreindre son pouvoir.
Si sa légitimité ne fait aucun doute, Clotaire
II n'en est pas moins soumis au bon vouloir de la noblesse des trois royaumes
francs en voie de centralisation et consenti par les grands. Ceux ci, en Austrasie,
en Neustrie et en Burgondie, sont ouvertement en compétition pour obtenir
la charge de maire du palais. Cette fonction, qui est à la fois celle
de secrétaire et celle de préfet exerçant le pouvoir au
nom du souverain, est fort disputée pour le prestige et les bénéfices
qu'elle octroie. Lors de son accession au trône, Clotaire II a nommé
Raden en Austrasie, Landry (dont la rumeur prétend qu'il a été
l'amant de Frédégonde et qu'il serait responsable de la mort de
Chilpéric 1er) en Neustrie et Warnachaire en Burgondie. Outre ces charges
régionales, d'autres fonctions apparaissent. Ainsi celle de référendaire,
préfigurant du garde des Sceaux, et celle de maître des Monnaies.
Eloi exercera cet office en tant que responsable du Trésor royal et du
budget.
L'aristocratie terrienne exige de Clotaire II que les comtes soient obligatoirement
originaires de la région dont ils ont la charge. Par un édit promulgué
en 614, le roi des Francs concède ce privilège aux leudes, entérine
l'inamovibilité de la charge de maire du palais et en reconnaît
de fait l'hérédité.
Convoqué en 614, le concile de Paris se tient à
la basilique Sainte Geneviève, fondée par Clovis qui y repose.
Il réunit 79 prélats, dont 12 métropolitains. Jamais concile,
depuis celui d'Orléans en 546, n'a rassemblé autant de dignitaires
ecclésiastiques. On y débat de sujets purement religieux, ayant
principalement trait à la discipline qui doit être respectée
par les clercs. Mais, conformément aux évolutions des décennies
précédentes, ce concile est aussi le lieu où les grands
peuvent s'exprimer, sous l'oeil attentif des prélats censés détenir
un savoir et une autorité en matière tant spirituelle que temporelle.
Suivant la tradition héritée de Clovis, l'Eglise est apte à
définir les conditions de l'exercice du pouvoir royal en présence
des principaux intéressés, qui donnent leur opinion et exposent
leurs doléances devant cette assemblée réputée impartiale.
L'édit promulgué le jour de la clôture du concile de Paris
témoigne de cette vocation en s'adressant à ceux qui formeront
ultérieurement les deux premiers états : le clergé et la
noblesse. Au premier, le concile reconnaît la justesse de ses décisions,
qui ont désormais, par la grâce royale, force de lois. Au second,
il confirme qu'il obtiendra réparation des préjudices causés
par des années de guerre et de querelles intestines. En filigrane du
concile de Paris, se dessine une mise en ordre des affaires et des institutions
du royaume franc. Bien que Clotaire II ne soit pas encore à l'apogée
de son règne, il crée, grâce à son habileté
de diplomate et en ménageant les parties en présence, des conditions
favorables à l'avènement d'un pouvoir royal fort et centralisé.
Cette construction reste néanmoins fragile. En témoigne la rébellion
du patrice bourguignon Aléthée, qui fomente un soulèvement
contre le roi. Le maire du palais de Burgondie, Warnachaire, choisit de ne pas
prendre parti et de ne pas intervenir. Sans doute pour rappeler à Clotaire
II que son autorité peut encore être contestée et qu'il
ne peut gouverner sans l'appui des grands.
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