LES MEROVINGIENS

CLOTAIRE II

 

COLOMBAN, UN MISSIONNAIRE IRLANDAIS EN TERRE FRANQUE

Venu d'Irlande, terre récemment évangélisée, le renouveau monastique des Gaules, au VIème et VIIème siècles, prendra le visage de Colomban, un homme mûr empreint de spiritualité. Après avoir fondé le monastère de Luxeuil, en Bourgogne, le moine, ayant émis des critiques virulentes à l'encontre des souverains francs, devra s'exiler. Il trouvera refuge en Italie, où il fondera le monastère de Bobbio.

Colomban est né vers 510 dans le comté de Leinster, austère région de lacs et de tourbières de l'est de l'Irlande. Sa mère, à la suite d'une prémonition, le destine dès son plus jeune âge à la carrière ecclésiastique et lui donne une éducation des plus strictes. Elle charge une religieuse anonyme de l'insruire, jusqu'à ce que, devenu jeune homme, il aille suivre l'enseignement du maître Sinell, puis celui de clerc Comgall, avant de se consacrer définitivement au service du Seigneur.
Vers l'âge de cinquante ans Colomban, accompagné d'une douzaine de moines, quitte son Irlande natale pour la Bretagne. Accompagné par ses disciples Attale, Gall et Colomban le Jeune, dont la piété, la droiture et la modestie renforcent sa prédication, le saint homme traverse la Bretagne et l'Ile de France avant de se rendre à la Cour de Thierry II, roi de Bourgogne. Là, il obtient le droit de fonder un monastère à Annegray, dans les Vosges. Isolée en pleine forêt, cette première fondation permet à Colomban de se consacrer à l'ascétisme et à une vie érémitique d'autant plus profonde que ceux qui le rejoignent souhaitent partager cette expression humble et silencieuse d'une foi simple mais sincère. Le roi Thierry II lui-même ne dédaigne pas de rendre visite au moine, ainsi que de solliciter, et parfois d'écouter, ses conseils.

Partis d'Annegray, quelques religieux se rendent à Luxeuil, en Franche Comté, où ils fondent un second monastère. Celui-ci sera le foyer de l'intense renouveau monastique que Colomban patronnera en Gaule et auquel l'ancienne cité thermale romaine devra sa renaissance. Puis la communauté essaime à Fontaines, troisième et dernière fondation directe de Colomban en France. Austère, énergique, parfois violent, le vieux moine édicte une règle d'une grade sévérité. Reprise par les autres établissements inspirés par l'exemple colombanien, celle-ci sera petit à petit supplantée par la règle bénédictine.
Colomban visite régulièrement les Cours des rois francs. S'il jouit d'un immense prestige à travers les Gaules, son ardeur à dénoncer la violence et les moeurs dissolues de l'époque finit par exaspérer les souverains. D'autant que ses critiques, aussi acerbes que véhémentes, sont assorties de sinistres prophéties. Ainsi à Thierry II, Colomban prédit qu'il sera prochainement assassiné et que sa descendance sera exterminée. A Théodebert II d'Austrasie, il révèle que sa fin sera terrible. L'augure prendra tout son sens quand, à la bataille de Tolbiac, en 612, le roi sera fait prisonnier puis tué par son frère Thierry II. Quand Colomban prédit que, après la mort de ses frères, Clotaire II de Neustrie réunira sous sa coupe les royaumes d'Austrasie, de Bourgogne et de Neustrie, Thierry II ne peut plus contenir sa fureur. Malgré deux entrevues privées, à Bourcheresse et à Epoisses, le vieil homme est sommé de quitter Luxeuil et de s'en retourner en Irlande.

Mais la providence va jouer en faveur de Colomban, et le vent repoussera vers les côtes de Gaule le navire sur lequel il a embarqué à Nantes. Son destin n'est pas de revenir en arrière! Le saint homme sera  finalement  accueilli, avec ses douze premiers compagnons, par Théodebert II, à Bregenz. Mais ses relations avec la dynastie mérovingienne continuent à se dégrader et, prié de quitter son nouveau refuge, il se met en route pour l'Italie.
En chemin, Colomban poursuit son activité missionnaire, bénit des enfants qui, à leur tour, espère-t-il, fonderont de nouveaux monastères. Entre Paris et Metz, il rencontre la jeune Burgondofare qui fondera Faremoutiers, près de Meaux. Puis il croise deux adolescents, Ado et Dado, respectivement fondateurs des abbayes de Jouarre et de Rebais, dans la même région.
En Italie, Colomban est reçu par Agilulf. Le roi des Lombards l'encourage à poursuivre son oeuvre et lui permet de fonder le monastère de Bobbio sur la Trébie, en Emilie. L'un des nombreux miracles rapportés par la légende raconte que le vieillard transporta seul, sur son dos, un tronc d'arbre destiné à servir d'assise au nouvel établissement.
Bien qu'il ait été vertement sommer de quitter le royaume franc, Colomban est de nouveau courtisé par les Mérovingiens. S'il refuse net d'accéder à la requête de Clotaire II, sorti grand vainqueur des sanglants conflits fraternels, et de revenir en Gaule, il met son retour en grâce à profit pour obtenir des privilèges avantageux pour le monastère de Luxeuil, désormais dirigé par Eustasie.
Le 23 novembre 615, un an à peine après son arrivée à Bobbio, Colomban meurt, laissant derrière lui une oeuvre considérable à travers laquelle son enseignement spirituel survivra.

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