LES MEROVINGIENS

CLOTAIRE II

 

LA VENGEANCE D'UN FILS

En Austrasie, malgré une forte opposition, Brunehaut s'impose et détient la réalité du pouvoir. Elle favorise l'alliance de son fils, Childebert II, avec son oncle Gontran, roi de Bourgogne, qui, à sa mort, en 593, lui lègue son royaume. Pourtant c'est le fils de Frédégonde, Clotaire II, roi de Neustrie, qui reconstituera le royaume de Neustrie. En 613, il fait supplicier Brunehaut que les Grands d'Austrasie lui ont livrée.

En Austrasie où le roi est un enfant depuis 575, les Grands du royaume détiennent le pouvoir. Ils ne sont d'accord que sur un point : s'opposer à la reine-mère, Brunehaut. Le mépris qu'ils affichent à l'égard de "l'étrangère" venue d'Espagne, dissimule mal la crainte qu'inspire sa forte personnalité et son attachement à asseoir l'autorité royale. Sa marge de manouvre est encore bien étroite au début du règne de son fils, Childebert II.
Si le royaume est menacé par d'incessantes querelles intestines, il bénéficie à l'extérieur du soutien du roi de Bourgogne, Gontran. Ce dernier vient de perdre ses deux fils et adopte, vers 577, le fils de son frère Sigebert. "Qu'un même bouclier nous protège, qu'une même lance nous défende! Si je dois de nouveau avoir des fils, je ne t'en compterai pas moins comme l'un d'entre eux, afin qu'il règne entre nous la même affection que je te promets ici devant Dieu", déclare-t-il lors d'une cérémonie au Pont de Pierre.
Mais, en 581, les Grands d'Austrasie s'allient à Chilpéric, contre Gontran. Le souverain de Neustrie, alors sans descendance, adopte lui aussi son neveu. A sa mort, il lui laissera son royaume, et celui de Gontran qu'il se fait fort de conquérir. Une révolte de l'armée d'Austrasie contre le conseil de régence met fin à cette alliance. "Otons de devant la face du roi ces hommes qui vendent son royaume, qui livrent ses cités à la domination étrangère et son peuple même au pouvoir d'un autre prince", s'écrient les insurgés.
En 583, Childebert II, délivré du joug de l'aristocratie, se réconcilie avec Gontran.

L'année suivante, au retour de la chasse, Chilpéric est poignardé par un inconnu, près de Paris. Frédégonde ne parvient pas à imposer sa loi en Neustrie. Quatre mois plus tôt, elle a accouché du futur Clotaire II et s'est réfugiée à Paris. Elle se retrouve dans une situation similaire à celle qu'a connue Brunehaut, en 575, à la mort de Sigebert. A Meaux, Childebert, pressé de prendre sa part de territoires, veut aussi se venger. La veuve de Chilpéric n'est-elle pas accusée d'avoir fait étrangler sa tante, la douce Galswinthe, la soeur de Brunehaut, poignarder son père Sigebert 1er, égorger ses cousins, les fils de Chilpéric et d'Audovère?
Sur le conseils de ses derniers fidèles, Frédégonde réclame, et obtient, la protection de Gontran pour elle et son enfant. Le roi de Bourgogne refuse de la livrer aux Austrasiens et sauvegarde les intérêts de son neveu dont il devient le tuteur. Mais il n'en privilégie pas moins son premier "fils adoptif" Childebert. Quand celui-ci atteint sa quinzième année, il lui renouvelle son affection en l'adoptant de nouveau et le proclame majeur. Brunehaut soutient l'alliance avec Gontran. Le 28 novembre 587, à Andelot, les deux hommes scellent, en sa présence, un pacte d'amitié éternelle. Frédégonde, furieuse que son fils soit lésé par cet arrangement, tente de faire assassiner Childebert.

Mais Childebert est fort occupé à lutter contre les Grands qui ont administré le royaume pendant sa minorité. Ils sont exilés, condamnés à mort, dépouillés de leurs biens. Brunehaut encourage ces vengeances qu'elle exerce elle-même avec cruauté. A la mort de Gontran, en 593, l'Austrasie et la Bourgogne sont sous la coupe de Childebert. Mais trois ans plus tard, il meurt à son tour, laissant deux fils, de onze et neuf ans. Leur grand-mère, Brunehaut exerce la régence de Théodobert, qui reçoit l'Austrasie, et de Thierry, qui hérite de la Bourgogne et de l'Alsace. Sans déclaration de guerre, Frédégonde s'empare de villes proches de Paris et gagne une bataille à Laffaux, entre Soissons et Laon. Mais elle meurt, en 597, apparemment de mort naturelle. Brunehaut est débarrassée de sa vieille ennemie mais ses malheurs ne sont pas terminés. Son autorité est minée par le conflit qui va opposer ses petits-fils. Au début de leur règne, ils ont fait cause commune contre Clotaire II qu'ils battent en 600, puis en 604. Mais ensuite ils se livrent un combat fratricide au cours duquel Théodobert, vaincu, est tué. Thierry ne règne pas longtemps. Il meurt en 613. Son fils, Sigebert II lui succède. La régence doit revenir à la vieille reine qui, à 70 ans, va conseiller une quatrième génération.
Mais les Grands ne l'entendent pas ainsi. Avec à leur tête Pépin de Landen et l'évêque Arnould de Metz, ils appellent Clotaire II en Austrasie et lui livrent Brunehaut. Les enfants de Thierry sont massacrés. Le fils de Frédégonde inflige une mort ignominieuse à l'ennemie de sa mère. A Renève, à l'est de Dijon, la vieille reine est torturée pendant trois jours, puis traînée nue derrière un cheval jusqu'à ce que mort s'ensuive.

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